« On guérit de plus en plus d’un cancer mais la vie après la maladie est mal connue des chercheurs », tel est le constat de Lauriane Bassoleil, chef de projet de l’association Seintinelles, une plate-forme de recherche collaborative qui met en relation des chercheurs avec des femmes ayant eu un cancer. « L’objectif est de faire en sorte que le travail après le cancer ne soit plus un tabou. Les résultats, que nous attendons d’ici trois ans, aideront les chercheurs à repérer des facteurs de sensibilisation et à suivre leur évolution sur du long terme. »
Alors que les deux derniers Plans Cancer ont fait du retour à l’emploi après la maladie une priorité, deux chercheurs en sociologie de l’Institut Gustave Roussy, centre régional de lutte contre le cancer situé à Villejuif (94), Philippe Amiel et Agnès Dumas, se penchent sur l’impact du cancer sur la vie professionnelle des malades.
Étude 2.0 Pour mener à bien leur étude, ils ont fait appel à Seintinelles, pour interroger 10.000 femmes. « Il s’agit d’un projet de grande envergure, ajoute Lauriane Bassoleil. La plus grande étude ayant été menée sur le sujet par l’Institut national du cancer concernait moins de 4.000 personnes. » Et depuis son lancement voilà deux semaines, 600 femmes ont déjà répondu au questionnaire.
Celui-ci s’adresse aux femmes ayant déjà eu un cancer, de n’importe quel type, au cours de leur vie professionnelle, et qui ont terminé les traitements lourds depuis au moins un an. Pour participer, il suffit de se rendre sur le site de l’association et de s’y inscrire de façon totalement anonyme. Deux questionnaires sont soumis aux participantes. Le premier concerne les antécédents médicaux, le second comporte des questions concrètes sur le retour à l’emploi après la maladie : Avez-vous dû vous arrêter de travailler ? La maladie a-t-elle été un frein pour vous ? Vous a-t-elle au contraire permis de donner une nouvelle orientation à votre vie professionnelle ?
« Les malades ou anciennes malades sont porteuses de connaissances sur le cancer et ses conséquences, sans forcément en avoir conscience, poursuit la chef de projet. Ces connaissances sont basées sur leur propre expérience et c’est justement ce qui est le plus dur à recueillir pour les chercheurs. » Mais, pourquoi des femmes ? « Notre site ne s’adresse qu’aux femmes car 8 internautes sur 10 sur des thématiques de santé sont des femmes. Philippe Amiel et Agnès Dumas se sont adaptés à notre cible », conclut Lauriane Bassoleil.
Caroline Albenois
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