Des caméras vidéosurveillance à 29 Megapixels. Des drones (presque) pilotables comme que des jouets. Des robots rondiers pour les entrepôts... La lutte contre la malveillance est en pleine transition numérique. Laquelle fusionne également les technologies de détection périmétrique ainsi que du contrôle d'accès. Que nous réservent les exposants d'Expoprotection qui concourent aux Trophées de l'innovation ?
Terrorisme, démarque inconnue, braquages, vols de matériaux… les menaces qui pèsent sur nos entreprises, administrations et établissements recevant du public ne cessent d’augmenter avec la crise économique et l’informatique mobile. A cet égard, rappelons que le seul commerce de proximité a été la cible de 600 vols à mains armées en 2013 soit une augmentation de 17% en un an, selon la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ). A côté de cela, le nombre de cambriolages en France a augmenté de 50% chez les particuliers entre 2008 et 2013. L’année dernière, il y a eu plus de 1.000 cambriolages par jour sur l’ensemble du territoire, estime la Fédération françaises des sociétés d’assurances (FFSA). Face à ces dangers, les acteurs de la lutte contre la malveillance ne se sont jamais autant mobilisés en matière d’innovation. Découvrons en avant-première ce que nous réservent les exposants d’Expoprotection qui concourent pour les Trophées de l’innovation.
Vidéosurveillance : place à la très haute définition. A commencer par la vidéosurveillance qui connaît de profondes mutations. Entre l’extension de la résolution de leurs caméras jusqu’à 29 mégapixels, leur interconnexion à d’autres systèmes de sécurité et le recours aux drones, les constructeurs élargissent la vidéosurveillance au marketing, à la sécurité civile, à la mobilité urbaine et au développement durable. Côté caméras, il sera bientôt possible de sécuriser la Place de la Concorde à Paris avec une seule, voire deux caméras ! En tous cas, Dominique Legrand, président de l’Association nationale de la vidéoprotection (AN2V), y croit : « Les constructeurs se lancent dans la conception de caméras enregistrant en très haute définition. Avec une seule caméra, on obtiendra aussi bien le plan général d’une place que la lecture de la plaque d’immatriculation d’un véhicule en infraction au bout de cette même place. Cela va révolutionner le captage de l’information. »
Déjà, le constructeur canadien Avigilon affirme que ses caméras HD Pro affichent un niveau de détail de 40 à 50 pixels par pied, soit le niveau requis pour identifier légalement un visage ou une plaque d’immatriculation à respectivement 25, 30, 37 et 50 mètres de distance. Pour sa part, la caméra WV-SFV481 de Panasomic offre une grande netteté d’images même en conditions de très faible luminosité. En effet, son capteur 1/1,7” fonctionne jusqu’à 0,05 lx. De plus, la haute résolution 4K offre une grande clarté, au centre comme en bordure de l’image. Même soucis de précision chez le chinois Hikvision : « La caméra Dark Fighter, que nous allons présenter, se distingue par sa très haute sensibilité : 0,0002 lux. Ce qui lui permet de filmer des images presque dans le noir », détaille Pierre Sangouard, directeur général de la filiale française dont, par ailleurs, l’offre offre Smart Video Tracking, sera disponible dans ses caméras dômes afin de délimiter une zone, d’y détecter un intrus et de le suivre. Autre fonction intelligente : Smart Defog qui supprime l’effet de brouillard grâce à son algorithme embarqué.
Vers des offres globales. Reste que la très haute définition apporte son lot de bouleversements. « Pour une caméra 4K (8 mégapixels de résolution), il faut un capteur de 8 mégapixels rapide et ayant une bonne sensibilité pour transmettre 25 images par seconde. Il faut aussi une carte vidéo capable de décoder de la résolution 4K, un écran d’affichage 4K et un réseau de transmission d’au moins 48 Mbps pour supporter les pics de transmission, explique Philippe Bénard, chargé de prescription auprès des Bureaux d’études chez Axis Communications qui a attendu que le marché des périphériques soit prêt avant de présenter sa nouvelle caméra P 1428-E milieu de gamme à 8 mégapixels (ou 4K) sur Expoprotection, capable de remplacer 2 caméras Full HD à 1.080 pixels. Enfin, il faut des capacités de stockage suffisantes. Sans ces périphériques, l’image se dégradera et la caméra sera inutile. » Cette nécessité d’évoluer avec tout un écosystème technologique pousse certains acteurs, à l’instar de Hikvision à couvrir tous les segments de produits de la chaîne de valeur en vidéosurveillance : caméras analogiques et numériques (IP) en version fixe, dôme, tourelle ou encore panoramiques pilotables à distance PTZ, enregisteurs vidéo DVR (Digital Vidéo Recorder) pour les caméras analogiques, enregistreurs NVR (Network Video Recorder) pour des modèles IP, suites logicielles sur PC mais aussi sur tablettes et smartphones (iOS ou Android)… « Par ailleurs, nous sommes compatibles avec toutes les grandes suites de logiciels ouvertes (Genetec, Milestone, See Tec, etc) », reprend Pierre Sangouard.
Le règne des drones arrive. Enfin, la vidéosurveillance devient mobile. A la fois grâce à des stations pour installations temporaires et grâce aux drone dont 2014 représente l’an 1 de la commercialisation en France. En raison de sa réglementation innovante, notre pays est d’ailleurs l’un des plus avancés au monde en termes d’offre et d’utilisation. Citons ainsi Securitas qui vient de lancer la première offre de sécurisation par drone volant sur le marché français. Ergonomique, l’appareil se rend à la place de l’agent sur des lieux non accessibles à l’homme à cause de l’éloignement ou de l’exposition à des risques. Securitas France l’a conçu de façon à éviter les chutes intempestives et d’éviter ainsi de mettre l’agent de sécurité en danger.
Plus terre à terre, le robot e-vigilante d’EOS Innovation donne ses lettres de noblesse à la robotique de surveillance des entrepôts. Ce robot rondier, qui se déplace au sol avec des roues, effectue des rondes soit au hasard soit de façon préprogrammée. Equipé d’une caméra de vidéosurveillance haute résolution rotative à 360°, il transmet et enregistre les données audio et vidéo en temps réel dès qu’un incident survient. « L’opérateur de télésurveillance prend alors le contrôle du robot à distance via une interface très simple d’utilisation », commente David Lemaître, fondateur d’EOS Innovation. De fait, l’e-vigilante ne manque pas d’armes de dissuasion : alarme stridente et haut-parleurs peuvent être utilisés à distance par l’opérateur pour prévenir ou empêcher un vol. La start-up francilienne, qui a accueilli dans son capital social Parrot, enregistre ses toutes premières commandes. Une société de sécurité belge commence à livrer ses toutes premières commandes à des logisticiens et des sociétés de sécurité.
Détection d’intrusion : vers la fusion des procédés. C’est clair, les jours de la vidéosurveillance analogique sont comptés. Cependant, la vidéo n’est pas seule à se lancer dans la transition numérique sur réseau IP. Un à un, tous les systèmes de sécurité y voient leur avantage. Par exemple, en matière de détection périmétrique, Hymatom associe à la vidéo haute définition trois technologies de détection d’intrusion. La complémentarité des 4 technologies est utilisée pour sécuriser tous les types de clôture, en toutes circonstances. L’analyse immédiate de la qualité des signaux par le système évite ainsi les fausses alertes. Dans la même philosophie, Sorhea pousse le nombre de technologies de détection jusqu’à 7 : la barrière infrarouge, le câble de détection de choc sur les clôtures, le détecteur double technologie, la barrière hyperfréquence, le détecteur thermique, le laser télémétrique et le câble de détection enterré. Ses dernières recherches ont conduit le fabricant à développer des systèmes sans fil alimentés par panneaux solaires. C’est le cas de Solaris, une barrière infrarouge, et de G-Fence, un système de détection des chocs et des mouvements qui s’installe sur des clôtures existantes. Deux produits dont la nature environnementale sont des atouts pour le marché américain sur lequel Sorhéa s’est engagé en février dernier. Au salon Expoprotection 2014 aussi, Solaris et G-Fence auront la vedette, en même temps que la caméra thermique SORH10IP.
Contrôle d’accès : la transition numérique. A l’instar de la détection d’intrusion, le monde du contrôle d’accès du contrôle d’accès accélère également ses dynamiques d’intégration. En témoigne, STiD qui a développé Architect, une gamme évolutive de lecteurs de badges basés sur un cœur RFID commun auquel se connectent différents modules : lecteur de badges, clavier, écran tactile, biométrie… « Construits sur les dernières technologies Mifare DESFire et Legic Advant, ces lecteurs intègrent aussi des solutions innovantes comme un détecteur d’arrachement par accéléromètre », souligne Maé Tholoniat, chef de Produits chez STiD qui a également développé une gamme de lecteurs compacts mains-libres basée sur la technologie UHF (Ultra Haute Fréquence), conçue pour des applications d’identification sans contrainte. Notamment pour l’accès parking.
Exploitation de bases de données. Toujours grâce à la transition numérique, le contrôle d’accès accède à des fonctionnalités de plus en plus intelligentes. Ainsi Neoaxess est-il devenu chef de file en matière de sécurisation des chantiers de construction tant pour le contrôle d’accès que pour la lutte contre le travail dissimulé chez les sous-traitants du maître d’œuvre. « Pour l’aider, nos logiciels offrent un certain nombre d’outils de croisement de données et d’alertes en cas d’anomalie », décrit Thierry Chep, PDG de Neoaxess qui présentera lors d’Expoprotection la dernière version de sa plate-forme logicielle Visioaxess qui offre du Cloud Computing et de la mobilité. Tant pour le contrôle d’accès, la gestion des visiteurs que pour des fonctionnalités de main courante informatique, de gestion des rondes de garde ainsi que pour la gestion des ressources.
Clés intelligentes. Dans le sillage de la transition numérique, la miniaturisation des systèmes électroniques a également conduit les fabricants à imaginer des produits de plus en plus performants. Citons les armoires à clés ainsi que les clés qui évoluent vers une véritable notion de de contrôle d’accès en complément des systèmes à badge. « Les clés embarquent une puce électronique qui les tracent et fonctionnent en relation avec un système de déverrouillage électronique des serrures. Pour délivrer les clés, nous utilisons la même base de données que celle du contrôle d’accès par badge afin de définir les droits d’utilisation (plages horaires, zonage…). Le tout est couplé à un système de main courante électronique, décrit Daniel Terry, gérant de Traka, filiale d’Assa Abloy, le leader mondial de la sécurisation des accès, spécialisée dans les systèmes de gestion des clés. Quant aux armoires à clés, elles deviennent de véritables automates intégrant un contrôle d’accès par badge ainsi qu’un lecteur biométrique pour s’assurer de l’identité de la personne à qui la clé sera délivrée. » Avec ce système de gestion globale des clés, le contrôle d’accès ne laissera pas une personne sortir avant qu’elle n’ait restitué la clé. Un mail sera envoyé. Au pire, la clé sera désactivée à distance.
Erick Haehnsen
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