Qu’est-ce que la réunionite aigue ?
C’est l’overdose de réunions de travail ! Aujourd’hui, on se réunit tout le temps sans même plus trop savoir pourquoi. Et l’on passe souvent à coté de l’essentiel. Dans les services de l’hôpital, les cadres sont sans arrêt en réunion. Dans la fonction publique en général, c’est devenu un réflexe. On parle beaucoup des dysfonctionnements de l’hôpital en ce moment. Mais tous ceux qui sont chargés de l’organisation du travail sont cooptés par des réunions qui ne servent à rien !
Comment expliquez-vous ce phénomène ?
A partir du moment où le régime en vigueur est celui de la responsabilité, chacun ouvre son parapluie pour se protéger. Les dirigeants organisent ainsi des réunions afin de décider collégialement de ce qu’ils devraient décider individuellement.
Faut-il alors supprimer les réunions de travail ?
Non, évidemment. Selon moi, les cadres doivent récupérer une certaine latitude afin de prendre des décisions. Il serait bon qu’ils se réunissent davantage avec leur personnel, dans leurs services, pour parler de travail. Mais ils n’ont plus le temps. Les salariés sont perdus et les cadres ne comprennent pas les raisons de l’absentéisme, du turnover dans les équipes, du mal-être. On parle beaucoup de dialogue social, on ne le voit nulle part.
Vous proposez le modèle de l’organisation apprenante : de quoi s’agit-il ?
L’organisation apprenante, en vigueur dans les pays de l’Europe du nord notamment, désigne l’ensemble des pratiques et des dispositions que met en oeuvre l’entreprise pour rester en phase avec son écosystème. Les personnes les plus à même d’améliorer les conditions de travail sont celles qui se situent au bout de la chaîne du travail. Elles ont des solutions à proposer. Mais les cadres ne sont pas là pour les écouter. En France, nous pratiquons un management descendant : on sépare la fonction encadrement de la fonction travail. Il faut raisonner ensemble.
Quelles autres recommandations préconisez-vous ?
Je le répète : que les cadres réintègrent leurs services ! Qu’on leur donne à nouveau le pouvoir de négocier en interne, de prendre des décisions. Manager, c’est à mener avec ménagement, cela doit passer par la discussion.
Propos recueillis par Caroline Albenois
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