Intelligence artificielle, algorithmie, recherche en mathématique…. et si la France devenait un des pays du monde les plus en pointe en matière de cybersécurité ? La question mérite d’être posée. Et c’est même d’ailleurs l’ambition du Plan Cyber-sécurité dont la direction de projet a été confiée à l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (Anssi).
L’objectif étant d’aider les acteurs du secteur à consolider leur présence en France et à gagner des parts de marché à l’étranger grâce notamment à la création du Label France. Dans cette perspective, l’Anssi réunit au côté des entreprises utilisatrices, des fleurons de la cyberdéfense tels que Thales et Airbus Defence & Space ainsi que des PME dont certaines sont déjà très actives à l’étranger. Citons notamment Ercom, Qosmos ou encore OpenTrust qui vient de lancer la première signature électronique sur tablette en mode déconnecté. De quoi sécuriser les transactions même sur un salon professionnel.
Cet exemple montre la capacité des Français à imaginer des solutions pour contrer les attaques des cybercriminels. Dans ce contexte, certaines start-up vont même plus loin en conciliant intelligence artificielle et Big Data. L’enjeu étant de détecter très rapidement des signaux et des comportements incongrus avant que le pillage ou la destruction des données n’aient commencé. Une véritable course contre la montre où les Français ont la capacité d’exceller.
CybelAngel scrute la face cachée du Web. Chaque jour des millions de données sensibles sont interceptées sur Internet par des organisations criminelles, de jeunes pirates ou des concurrents malveillants. D’où l’idée de CybelAngel de délivrer un service sur abonnement qui détecte en temps réel des fuites de données. « A partir d’outils de Big Data, nous avons développé des moteurs d’analyse qui scannent le Dark Web et le Deep Web en temps réel », sourit Erwan Keraudy, un des trois cofondateurs de l’entreprise créée en 2013. Lauréat du concours Mondial de l’Innovation 2030 et primé au Forum International de la Cybersécurité 2014, CybelAngel a déjà des clients au sein du CAC 40 et s’apprête à distribuer son offre par le biais de grands cabinets de consulting.
Ercom met les Smartphones Android sous haute protection. Lire ses mails dans un lieu public avec son téléphone professionnel est généralement proscrit. A moins d’être en possession d’un mobile protégé par Ercom, un équipementier télécom. Cette entreprise de 140 personnes, créée en 1986, a développé une solution de sécurisation des téléphones mobiles sous Android. « Notre micro carte à puce hautement sécurisée et notre technologie de chiffrement protègent les données, mails, SMS et conversations téléphoniques contre toute malveillance, quel que soit le réseau emprunté », indique Charles Daumale, le directeur marketing d’Ercom dont la solution Cryptosmart a reçu l’agrément »Diffusion restreinte », décerné par l’Anssi.
Qosmos décrypte le trafic de données. Avec ses composants qui aident à décrypter en temps réel les informations qui circulent dans les réseaux internet et mobiles, l’éditeur Qosmos contribue à optimiser le trafic de ses clients et à lutter contre la cybercriminalité. « Nous réalisons l’essentiel de nos ventes à l’export auprès d’équipementiers télécom et de fournisseurs de pare-feu », indique Erik Larsson, vice-président marketing de l’entreprise. Créée en 2000, cette ancienne Spin-off du laboratoire informatique de Paris compte une centaine d’employés. Son chiffre d’affaires est passé de 13,8 millions d’euros en 2012 à 18,9 millions l’an dernier. 2014 sera sur la même lancée sachant que Qosmos vient d’être désignée Meilleure entreprise du secteur Software et Services Informatiques au Grand Prix des Entreprises de Croissance.
Akheros détecte les comportements incongrus. « 40% des dégâts financiers dans le monde sont dus à des menaces persistantes avancées alors qu’elles ne constituent que 5% à 10% des attaques », remarque Philippe Baumard, professeur des universités au Cnam et fondateur d’Akheros qui regroupe six chercheurs en cybersécurité. Créée en 2012, cette startup a développé ses propres algorithmes d’intelligence artificielle. « Notre logiciel permet aux machines de s’autosurveiller et de détecter leurs propres comportements incongrus », indique le dirigeant de l’entreprise qui a remporté le concours mondial de l’innovation 2030 en cybersécurité. Grâce aux contrats de R&D signés avec l’industrie aéronautique, Akheros autofinance ses propres recherches qui devraient aboutir en 2016 à des produits grand public et BtoB.
Idecsi protège les boîtes mail. Qu’est ce qui vous garantit que personne n’accède à votre boîte mail ? « La plupart des dirigeants sont incapables de répondre à cette question qui est pourtant cruciale », soulève Daniel Bénabou, directeur général d’Idecsi. Cette startup, créée en 2011, propose une protection innovante des boîtes mail qui repose sur des technologies d’analyses comportementales et de géolocalisation couplées à du traitement de données à grand volumes. Deux ans de R&D ont été nécessaires. Avant de déployer son logiciel tout juste primé aux Assises de la sécurité et des systèmes d’information, Idecsi réalise un audit de tous les points d’entrées à la boite mail. « Grâce à cette sorte de photographie, nous sommes alertés automatiquement en cas d’intrusion », indique Daniel Benabou qui compte une dizaine de salariés et 2 000 abonnements environ.
Wooxo, ange gardiden des PME et TPE. Les PME et les TPE sont la cible privilégiée des cyberattaques. Et pour cause. « La mise en œuvre d’une solution de sécurité informatique s’avère souvent complexe », explique Luc d’Urso, le fondateur de Wooxo qui simplifie la vie de ses clients avec sa box tout en un. Une fois connectée au réseau, sa solution logicielle embarquée sauvegarde, synchronise et partage les fichiers de manière sécurisée grâce à une clé de chiffrement à 256 bits. Pour commercialiser son offre entièrement automatisée, Wooxo fait appel à un réseau de distribution indirecte. Une stratégie payante car son chiffre d’affaires a dépassé les 4 millions d’euros en 2013 « Nous visons les 10.000 clients fin 2015 contre 6 000 actuellement », confie le PDG qui a levé 2,8 millions d’euros en novembre dernier pour devenir un acteur paneuropéen. Ses effectifs passeront d’une trentaine à une cinquantaine de personnes en début d’année.
Eliane Kan
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