Bon an mal an, on compte en France près de 150.000 transports de matières dangereuses par an sur son territoire. En majorité, il s’agit de produits pétroliers. Malgré toutes les précautions qui sont prises, on déplore, cependant, près de 200 accidents par an dans le pays. « Lorsque survient un accident qui met en cause un camion transportant des matières dangereuses, les pompiers ou les gestionnaires d’autoroute ont besoin de savoir immédiatement quelle est la matière dangereuse en question, explique Cesar Gracia, ingénieur chef de projet chez Novacom, une PME d’une soixantaine de salariés, basée à Toulouse. Bien sûr, le conducteur est censé être en possession de tous les documents de transport relatifs aux matières dangereuses qui lui ont été confiées. Mais si la cabine brûle ou si l’attelage (tracteur + citerne) explose, ces documents papiers vont disparaître ou ne seront plus accessibles. Ce qui va freiner les forces de secours qui auront davantage de difficultés à comprendre la situation et à intervenir à bon escient. » Le risque, par exemple, c’est d’utiliser de l’eau pour éteindre un incendie dû à des hydrocarbures.
Rendre disponible l’information pertinente. Mais les choses vont changer d’ici 2017 ou 2019 car la législation européenne sur le transport des matières dangereuses est en cours d’évolution. Chargeurs, logisticiens et transporteurs pourraient alors être amenés à dématérialiser leurs documents de transport dans le but de les centraliser au sein de plates-formes télématiques. Accessibles uniquement sur habilitation et autorisation, ces sites Web dans le cloud feront office de tiers de confiance non seulement auprès des différents acteurs de la chaîne de valeurs du transport de matières dangereuses mais aussi auprès des pouvoirs publics et des services d’urgence. Objectif : en cas d’accident, les sapeurs-pompiers pourront accéder aux informations pertinentes 24h/24 et prendre les meilleures décisions pour en circonvenir l’impact sur la santé publique et l’environnement.
Consortiums européens. Plusieurs consortiums européens travaillent sur la faisabilité de ces plates-formes. C’est notamment le cas en France avec le projet GeoTransMD, porté Novacom, initialement spécialisée dans le développement de systèmes télématiques et de services de géolocalisation. La PME toulousaine a réuni dans ce projet 5 autres PME (FDC M3Systems, Geoloc Systems, E.RE.CA et MD Service), l’université de Grenoble ainsi que des organismes publics comme le laboratoire des systèmes numériques intelligents du CEA (Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives), le CEA-List et le Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (Cerema). Grâce à ces partenariats, la plate-forme télématique proposera des services à valeur ajoutée optionnels comme la géolocalisation des véhicules, le suivi et la traçabilité de la marchandise, des services d’alertes sur les seuils de chargement et les limitations liées aux itinéraires empruntés, etc.
Financement de 5,8 millions d’euros. Démarré en juin 2013 pour une durée de 3 ans, GeoTransMD a également été labellisé par trois pôles de compétitivité : System@tic (développement de logiciels), Aerospace Valley et Lyon Urban Truck&Bus (LUTB). Le montant estimé de GeoTransMD s’élève à 5,8 millions d’euros qui ont été financés à hauteur de 1,9 million d’euros dans le cadre du FUI 15 (Fonds unifié interministériel) par Oseo ainsi que par des institutions financières régionales du Grand Lyon, le Conseil régional d’Aquitaine et celui de Rhône-Alpes. « Concernant le déroulé du planning, nous venons de passer la phase d’études et d’interfaçage, précise Cesar Gracia. A présent, nous attaquons le développement de la plate-forme côté serveur. Les premières démonstrations en grandeur réelle devraient se dérouler à partir de septembre 2015. »
Erick Haehnsen
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