Une douleur dans la poitrine, une sensation d’oppression… et la personne s’écroule soudainement ! D’après la Fédération française de cardiologie, 50 000 personnes meurent prématurément d’un arrêt cardiaque chaque année en France. Or, si la personne est prise en charge à temps, c’est-à-dire dans les quatre minutes qui suivent le malaise, ses chances de survie augmentent. Pratiquer un massage cardiaque permet de maintenir les fonctions vitales le temps que le SAMU arrive. Un fer-de-lance pour la start-up D’un seul geste, qui sillonne les entreprises afin d’initier les employés à ces gestes qui sauvent. Et les conditions sont étonnantes : outre le mannequin sur lequel ils s’entraînent, les apprenants portent un casque de réalité virtuelle qui les immerge dans le vif de la situation.
Un tiers des arrêts cardiaques survient sur le lieu de travail
Bernard Perico, ancien général de la Brigade des sapeurs-pompiers de Paris, Ludovic Fagot, responsable de la réalité virtuelle chez Dassault Aviation et Emmanuel Bourcet, “entrepreneur social”… au vu de ces profils singuliers, on comprend mieux comment est née l’idée de créer la “start-up sociale” D’un seul geste. Ces trois fondateurs sont partis du constat qu’un tiers des arrêts cardiaques survient sur le lieu de travail de la victime. D’où l’importance d’apprendre aux salariés ces gestes qui sauvent. Au-delà du massage cardiaque, la formation, qui a déjà été testée dans des entreprises telles que la RATP et la Sacem, apprend à utiliser un défibrillateur, à arrêter une hémorragie (en n’utilisant un garrot qu’en dernier recours !). Elle enseigne également à dialoguer calmement avec les secours, en décrivant précisément la situation ou encore à mettre la victime dans la position appropriée, telle que la position latérale de sécurité.
La réalité virtuelle, une méthode d’assimilation efficace
Mais ce qui fait tout l’intérêt de cette formation, dont le lancement commercial est imminent, c’est le principe de réalité virtuelle qui consiste à plonger l’utilisateur dans la scène. « Avec la réalité virtuelle, on accède à la zone des émotions qui crée un ancrage mémoriel plus durable, explique Emmanuel Bourcet, PDG et cofondateur de l’entreprise. La réalité virtuelle trompe le cerveau, elle est donc capable de provoquer des sensations très puissantes comme le vertige, la peur… en termes de mécanismes d’apprentissage c’est très efficace. » Et pour affiner leur technologie immersive, les entrepreneurs proposent à chaque entreprise un univers virtuel créé sur-mesure. « Il s’agit d’adapter le décor à l’environnement de travail du salarié », précise Emmanuel Bourcet. De la plateforme logistique avec ses rayons de marchandise au chantier de construction et ses nombreux échafaudages, en passant par l’open space de l’entreprise high tech… les décors doivent rappeler l’entreprise dans laquelle l’employé évolue. Le but étant de développer une meilleure approbation du contenu d’apprentissage, tout en encourageant l’apprenant à se sentir plus investi. Pour ce faire, les entrepreneurs ont monté une équipe de développement de réalité virtuelle chargée de modéliser leurs décors. « Soit on travaille à partir de vues prises dans l’entreprise, soit on recrée totalement l’univers », indique le cofondateur.
Sauver 20 000 personnes par an
Pour l’entreprise, le service que propose la jeune pousse représente un gain de temps non négligeable comparé aux formations classiques telles que la formation Sauveteurs Secouristes Travail (SST), qui s’étale sur deux jours. Principale raison de ce gain de temps, chaque moniteur s’occupe d’un groupe d’une douzaine de personnes mobilisées durant toute la séquence en attendant leur tour. C’est pourquoi les fondateurs D’un seul geste font passer deux personnes en simultané durant une heure. « A la fin de la semaine, cela fait 70 personnes. » Pour faciliter ce travail, la start-up a engagé dix formateurs et ambitionne de passer le cap de la vingtaine d’ici la fin de l’année.
Rappelons qu’en cas d’attaque cardiaque, les chances de survie s’amenuisent de 10% toutes les minutes. En France, le taux de survie est de 5% tandis qu’il est de 40% en Norvège et de 20% aux États-Unis. Devant un tel gâchis, le gouvernement a inclus un volet dans son plan santé qui vise à former 80% des Français. Emmanuel Bourcet s’enthousiasme : « On pourrait sauver 20 000 personnes chaque année. »
Ségolène Kahn
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