Depuis 18 mois, ces deux groupes français de tailles comparables développent une collaboration technique exemplaire. Notamment dans les futurs projets de voiture autonome et connectée.
Que se passe-t-il lorsqu’un groupe de l’aéronautique, de la Défense et de la sécurité rencontre un équipementier automobile ? Un très grand nombre de collaborations sur des projets de recherche aussi passionnants que stratégiques ! Comment ces deux géants en sont-ils arrivés là ? Et quels en sont les fruits ? « Nos deux sociétés fondent leur croissance sur une différenciation par la technologie depuis longtemps. Les deux groupes investissent plus de 10% de leur chiffre d’affaires dans la recherche et l’innovation. Et nous opérons sur des marchés différents. Pour aller plus loin, il fallait soit tout faire en interne, soit recruter soit faire de l’Open innovation », confie Jean-Paul Herteman, PDG de Saffran (CA 2014 : 15,4 milliards d’euros ; effectifs : 69.000 salariés). « Il va y avoir beaucoup de produits de Valeo chez Safran et beaucoup de produits de Safran chez Valeo. Nos équipes doivent sentir qu’elles ont une mission : aider celle de Safran », lance Jacques Aschenbroich, DG de Valeo (CA 2014 : 12,7 milliards d’euros ; effectifs : 78.500 salariés). « Le partenariat a été hyper simple : le contrat tient sur une seule page ! », reprend Jean-Paul Herteman.
Voitures robotisées dès 2016. Parmi les travaux conjoints citons Morpho Argus de Safran (technologie temps réel de détection de visages et d’identification de personnes dans des flux vidéo). Safran l’a adapté à des applications automobiles spécifiées par Valeo. En utilisant cette technologie, l’équipementier automobile fait coup double en développant »Driver Monitoring ». Un système qui porte d’une part sur une caméra d’habitacle pour la détection de la vigilance du conducteur. Et d’autre part sur un système d’identification du conducteur. Concernant la détection de la vigilance du conducteur, Valeo vient avec son »Intuitive Cockpit », un simulateur de conduite réelle, intuitive et sûre qu’utilisent les chercheurs de Valeo travaillant sur la conduite automatisée. Un thème d’importance puisque tous les grands constructeurs automobiles s’apprêtent à commercialiser des voitures dotées de fonctionnalités de conduite robotisée d’ici 2020. A cet égard, Carlos Ghosn, PDG de l’alliance Renault-Nissan et responsable du programme »Voiture autonome et connectée » de la Nouvelle France industrielle (NFI), a annoncé jeudi 3 avril à Tokyo que Nissan serait le premier constructeur au monde à lancer au Japon des voitures offrant des fonctionnalités de conduite robotisée en 2016.
Plus précisément, la caméra d’habitacle »Driver Monitoring » sait à la fois reconnaître le conducteur et vérifier son niveau d’attention. Objectif : s’assurer que le conducteur a bien les yeux sur la route lorsqu’il est en mode »conduite manuelle ». La caméra, intégrée à la planche de bord et tournée vers le conducteur, est reliée à un calculateur embarqué qui détermine en temps réel les images caractéristiques des paupières, la position des pupilles, des yeux, les mouvements de la tête. En combinant ces données avec les indications de suivi de trajectoire du véhicule, un logiciel détermine le niveau de vigilance et de distraction et fournit une alerte au conducteur. Un autre logiciel détermine la direction du regard du conducteur, ce qui permet l’activation sans contact d’interfaces ou de menus contextuels.
Côté identification, le même équipement reconstitue un modèle tri-dimensionnel du visage du conducteur et le compare à la liste des conducteurs autorisés. Ces logiciels prennent en compte les variabilités d’apparence physiques des conducteurs, la présence de lunettes, de casquette, ou d’écharpe, et fonctionnent de jour et de nuit. Le système »Driver Monitoring » offre donc un niveau de sécurité plus élevé que les systèmes d’accès par clé ou par badge.
InBlue : première clé compatible smartphone et smartwatch. L’utilisation de smartphones connaît une augmentation fulgurante. En 2013, 900 millions de smartphones ont été vendus dans le monde (source Gartner). Le nombre de montres connectées devraient atteindre 37 millions en 2015 d’après le cabinet NextMarket Insights. Dans ce contexte, Valeo étend les capacités de ses systèmes d’accès mains-libres pour intégrer les nouveaux usages et comportements liés à l’internet des objets tels que les smartphones, les smartwatches. A cet égard, l’équipementier automobile recourt à une technologie de Safran qui sécurise les transactions bancaires. Ce qui donne un système de smartphone et ou de montre connectée pour verrouiller, déverrouiller sa voiture. Une fois dans la voiture, le smartphone du conducteur est détecté et lui permet de démarrer. A partir de son smartphone, le système InBlue permet également l’auto-partage, le parking à distance et l’accès aux données du véhicule telles que la pression des pneus, le niveau de carburant, ou la localisation de son véhicule. Lancement prévu : 2016.
Capteur de vision tous temps pour la sécurité, la Défense et l’automobile. Par ailleurs, Safran (Sagem) et Valeo coopèrent également au projet public français Aware (All Weather All Roads Enhanced vision) de la NFI dans lequel on retrouve aussi Ulis, filiale de Sofradir, les pôles de compétitivité Mov’eo, ViaMéca et Astech ainsi que le CEA (Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives), les centres recherche Ifsttar (Institut français des sciences et technologies des transports, de l’aménagement et des réseaux) et Cerema (Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement). Ce projet technologique vise à développer un capteur de vision »tous temps » pour des applications aéronautiques, automobiles et de défense. Safran a également intégré pour ses applications de défense des caméras et des algorithmes de détection développés par Valeo. Les deux sociétés partagent le besoin de restitution 3D des environnements et de détection des piétons ou des cyclistes.
Ces recherches concernent l’automatisation des véhicules pour la sécurité civile , notamment le véhicule de surveillance MOCS (Mobile Observation & Command System) pour la sécurité civile. Lequel peut être déployé pour l’observation et l’enregistrement des scènes d’intervention, d’événements ou de sites sensibles. MOCS permet de gérer les réseaux de capteurs déportés (caméras de surveillance, drones ou robots) ainsi que le suivi des équipes d’intervention en temps réel. Le véhicule dispose en propre d’une capacité d’observation panoramique (Lukeos) et d’une vision longue portée haute performance (MPS), en infrarouge ou en visible.
Erick Haehnsen
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