A vos agendas ! Du 17 au 21 juin prochain, aura lieu la 16e semaine pour la Qualité de Vie au Travail (QVT). Partout en France, se tiendront des événements numériques et interactifs, ainsi que des rencontres organisées par l’Anact et le réseau Aract (Associations régionales pour l’amélioration conditions de travail). Cette édition aura pour thème la performance au travail. Elle abordera différentes questions pour mieux comprendre comment évaluer ses performances, par exemple : « Quel dialogue social pour conjuguer amélioration des conditions de travail et efficacité des organisations ? », ou « L’intelligence artificielle peut-elle améliorer la performance sociale de l’entreprise ? ». Par ailleurs, il sera aussi question du rôle que doit endosser le manager pour générer de l’engagement individuel et collectif.
Premier rapport d’étape cinq ans après l’ANI-QVT
Cette année, la semaine de la QVT sera aussi l’occasion de faire le point sur les cinq années qui se sont écoulées depuis l’adoption en 2013 de l’Accord National Interprofessionnel (ANI) sur la QVT et l’égalité professionnelle (EP). Un rapport publié cette année par l’Anact fait, d’ailleurs, le point à ce sujet. Baptisé « Un cap à tenir », celui-ci montre comment les pratiques des entreprises ont évolué en se fondant sur l’étude de 100 accords d’entreprises portant sur l’EP et la QVT. Il s’agit d’un échantillon aléatoire extrait de la base Légifrance, qui recense 20 000 accords collectifs dont 1 500 portent sur l’EP, 600 accords sur l’EP et la QVT et 26 sur la prévention des risques. L’étude de l’Anact a été menée sur la période allant d’août 2017 à août 2018.
Du progrès en matière sociétale
Ce rapport met en avant les avancées réalisées aux niveau sociétal, avec de nouvelles pratiques sur l’égalité professionnelle, la diversité, le handicap et sur l’articulation des temps. « Il apparaît que les accords et pratiques font beaucoup de place aux attentes des salariés liés à la conciliation des temps de travail en mettant en place du temps partiel, du travail en tiers lieux ou à distance, notamment grâce aux outils numériques », rapporte dans une vidéo publiée sur Internet Julien Pelletier, responsable de la QVT à l’Anact. Co-auteur du rapport, il constate un réel progrès avec de nouveaux droits et de nouvelles manières de travailler pour les salariés.
Des résultats incertains pour la prévention des RPS
En revanche, en matière de santé au travail et en particulier de la prévention des risques psychosociaux (RPS) en particulier, les résultats sont plus mitigés. Les accords QVT mentionnent peu la santé au travail et, lorsqu’ils le font, ils prennent rarement en compte les questions de charge, de contenu et d’organisation du travail. Il apparaît que les entreprises ramènent la question de la QVT à une vague notion de bien-être ou de périphérie. Le manager se voit confier des responsabilités pour traiter les questions sur les RPS ou en réduire les effets de santé au travail sans toujours lui donner le moyen de revoir la prescription ou l’organisation du travail. « Cela affaiblit à nos yeux les effets sur la santé que visait l’ANI-QVT », estime le responsable de la QVT à l’Anact.
Les fréquents changements d’organisation, un risque pour la santé
Un autre champ d’étude concerne les effets des transformations sur la santé des salariés, sachant que le rythme de changement est très intense dans les entreprises. Un salarié sur deux a vécu dans les 12 derniers mois une réorganisation, un changement de poste ou de métier imposé. Ces changements très fréquents ont des effets sur la santé, l’absentéisme et la qualité de l’engagement, comme le montrent les études. Or, la vision de l’ANI visait à mieux articuler la transformation de l’entreprise, les évolutions technologiques et la qualité de l’engagement. Sur ce plan, les résultats s’avèrent mitigés.
Ouvrir à d’autres acteurs les processus de QVT
« Les entreprises et organisations hésitent ou tâtonnent sur les modalités d’articulation entre l’engagement des salariés et l’organisation », constate Julien Pelletier. Les modalités de transformation restent encore trop descendantes, trop peu participatives. Les salariés sont peu impliqués dans la conception des transformations et dans leur ajustement en temps réel. Voilà pourquoi l’Anact invite les entreprises à réfléchir aux acteurs qui vont être impliqués dans le processus de la QVT. Il ne faut plus se limiter aux représentants des salariés, aux préventeurs et aux DRH, mais impliquer aussi des concepteurs dans l’organisation et des managers dans les phases amont de la concertation de la négociation, afin de nourrir la qualité du dialogue social. De même, l’Anact conseille d’articuler les effets recherchés sur l’efficience et les effets possibles sur la santé et l’évolution des métiers. « En d’autres termes, comme les salariés vivent une accélération des transformations, nous suggérons d’ancrer la QVT dans les projets de transformation, avec l’idée que les projets d’aujourd’hui sont la qualité de vie de votre travail de demain. »
Eliane Kan
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