Pour limiter la pénibilité des travailleurs opérant dans l’industrie, l’agriculture, ou les services, les fabricants développent de nouvelles solutions à la fois plus ergonomiques et protectrices.
Qu’ils travaillent dans l’industrie, le BTP, l’agriculture ou le secteur des services, les porteurs de protection respiratoire n’ont jamais été si bien entendus par les fabricants. Au fil des années, ces utilisateurs confrontés aux environnements poussiéreux ou chargés en particules, fibres, gaz, vapeurs, brouillards, fumées et aérosols toxiques, sont devenus plus exigeants. Ils sont demandeurs de masques, cagoules et autres appareils de protection respiratoire plus simples d’utilisation, ergonomiques, confortables et légers. Des besoins qui favorisent la montée en gamme des solutions à plus forte valeur ajoutée. C’est d’ailleurs ce que constate Franck Perrier, directeur division sécurité de la Personne chez 3M.
A l’instar de ses concurrents, ce dernier prête oreille à ses clients. Ce qui l’a amené à concevoir de nouveaux moteurs plus près du dos et d’en diviser par deux le poids grâce à l’adoption de batterie lithium-ion. Sensible à ce type d’amélioration, le marché de la protection respiratoire progresse en volume et en valeur, soit + 2.5% par an d’après Franck Perrier. Selon ce dernier, « 2 à 3 % des consommateurs de masques jetables passent chaque année à des solutions plus avancées ». Qu’il s’agisse de masques munis de cartouches ou de filtres, ou encore de cagoule à ventilation assistée ou d’appareils à adduction d’air. Autant de solutions qui contribuent à limiter l’effort respiratoire du salarié. De quoi réduire la pénibilité des tâches physiques.
Ces demandes ne proviennent plus seulement des salariés de grandes entreprises qui maîtrisent parfaitement l’usage de ces EPI. « Elles émanent aussi des PME tandis que dans les TPE, l’adoption de protection respiratoire progresse » ; souligne Franck Perrier dont l’entreprise propose des appareils de protection respiratoire filtrants et isolants. Parmi ses nouveautés, l’industriel va proposer un nouveau système de ventilée assistée appelé « TR 600 » destiné notamment aux professionnels de l’amiante. « Son moteur s’autocalibre alors que la majorité des anciens moteurs n’ont pas d’autocontrôle du débit ou nécessitent un calibrage préalable afin d‘adapter le flux d’air dans la coiffe », fait valoir Wahib Ouazzani, ingénieur d’affaires techniques et réglementaires de 3M. Autre point fort, l’unité est plus mince et portée près du corps pour plus de confort.
Masque pour le désamiantage. Ce produit intéressera sûrement les entreprises de désamiantage qui sont soumises à une réglementation plus exigeante. Le législateur prévoit en effet que la valeur limite d’exposition professionnelle (VLEP) passe au 1er juillet 2015 de 100 fibres par litre à 10 fibres par litre. Une réglementation à laquelle répond notamment le nouvel appareil Diablo Amiante lancé cette année par le français Lapro Environnement. Ce dernier a noué un partenariat exclusif avec le fabricant DPI sur cet appareil dont il a cofinancé le développement. « Il s’agit d’un système de protection respiratoire à adduction d’air à pression positive garanti à soupape à la demande », indique Pierre Hugounet, directeur du marketing de Lapro Environnement qui distribue des solutions pour les professionnels du désamiantage et du nettoyage. Diablo Amiante multiplie les atouts. D’abord, il apporte un haut niveau de protection grâce à un système de surpression garanti à l’intérieur du masque et à l’envoi immédiat, en cas de rupture d’étanchéité, d’un débit d’air de 300 l/mn. Il est composé notamment d’une soupape à faible résistance à l’inspiration et d’un masque panoramique à large champ.
Nouveaux filtres. A l’instar du secteur du désamiantage, le marché de l’assainissement dans les travaux en espace confiné offre de nouvelles opportunités aux fabricants de protections respiratoires. « La réglementation Catec (Certificat d’aptitude pour les travaux en espace confiné) a changé et nécessite, entre autres EPI, que chaque personne soit équipée d’un appareil respiratoire isolant », rapporte Lohic Sainlez, Product Sales Manager Leader Respiratory chez Honeywell Safety Products (HSP). Ce dernier observe par ailleurs une demande particulièrement soutenue dans le secteur de la construction aéronautique qu’il s’agisse des donneurs d’ordres ou de leurs sous-traitants. « Il s’agit de protéger les salariés contre les poussières émises par les activités de ponçage mais aussi les vapeurs de peinture et de décapage », rapporte le représentant de HSP. Le groupe vient d’ailleurs de lancer une nouvelle gamme de filtres pour demi-masques et masques complets baptisée Serie N. Fabriqués dans de nouveaux matériaux, ils sont plus légers et compacts que leurs prédécesseurs. « Ces filtres préviennent les risques liés à la présence de peintures, acides, hydrocarbures et chlore destinés à la protection contre les gaz et les vapeurs », précise Lohic Sainlez.
Cartouche AX-P3. En matière de protection respiratoire pour les atmosphères explosives, Scott Safety (une division de Tyco) prend un coup d’avance avec le Proflow 3 EX, un appareil à ventilation assistée équipé de cartouches de type AX-P3 contenant un charbon microporeux. Certifié Atex, une première revendiquée par le fabricant, ce produit dispose d’un débit d’air optimisé. Il a été lancé fin 2014 en direction des salariés travaillant dans des atmosphères chargées de polluants particulièrement difficiles à capturer, compte tenu de leur point d’ébullition inférieur à 65°C et de leur très grande volatilité à l’air. A l’instar de l’acétone (56°C ) ou du méthanol (64,7°C). « Notre appareil intéresse les secteurs du pétrole, gaz, pétrochimie, peintures industrielles et pharmaceutique où les utilisateurs ont l’habitude d’utiliser des masques panoramiques standards, indique Hélène Matheron, directrice commerciale de la division France et Europe du Sud de Scott Safety. Notre EPI autorise le port de cagoule ou de masque ventilé et peut être porté jusqu’à 8 heures mais tout dépend de la concentration de polluant sur le poste de travail. »
Micro-turbine. De son côté, l’australien Paftec Australia innove avec le Cleanspace, l’appareil respiratoire à ventilation assistée le plus léger du marché, selon son fabricant. L’appareil pèse 600 grammes dont 485 gramme pour son moteur compact. Il s’agit d’un moteur rotatif (de type toroïdal) à micro-turbine, breveté et garanti 10 ans contre 3 ans pour la batterie lithium-ion qui offre une autonomie de 4 à 5 heures. Autre particularité, Cleanspace dispose d’un protège nuque rembourré de manière à bien équilibrer le masque en silicone. L’appareil génère un flux d’air allant jusqu’à 200 l/mn avec une seule pièce mobile et délivre une pression positive à l’intérieur du masque, grâce à un capteur de pression intégré qui règle le flux d’air afin d’empêcher la contamination. Certifié TM3 EN12942, Cleanspace a été récompensé aux trophées de l’innovation d’Expoprotection 2014. Il s’adresse aux acteurs de l’industrie, l’agriculture ou les services exposés à des gaz nocifs et à des environnements chargés en particules. Créé par des ingénieurs de l’industrie médicale, Paftec est déjà présent en France où elle a pour clients de grands comptes comme Vinci, Lafarge, SNCF, Arcelor, etc.
Autre exemple d’avancée technologique en matière de ventilation assistée, le Dräger X-Plore 8000 de l’entreprise Dräger associe, pour sa part, manipulation aisée et sécurité renforcée grâce à des systèmes électroniques avancés. L’appareil identifie la pièce faciale raccordée afin de sélectionner automatiquement le débit d’air approprié. Un capteur optique empêche d’ailleurs l’utilisateur d’utiliser l’appareil sans filtre raccordé. En outre, l’électronique indique en permanence le degré de saturation du filtre anti-particules. Autre particularité, l’appareil dispose d’un vibreur en plus des alarmes optiques et sonores qui sont activées en cas de tension d’alimentation faible, de défaut ou de filtre colmaté ou absent. Le système complet dispose de raccord respiratoires sécurisés et d’un code couleur pour tous les éléments interchangeables.
Masque 100% recyclable. Les fabricants de masques jetables n’ont évidemment pas dit leur dernier mot. En témoigne Valmy, une PME de 50 salariés dont 42 en France qui conçoit et fabrique sur l’Hexagone ses propres produits. Pour encourager les salariés à protéger leurs voies respiratoires, Vianney Brillat, le dirigeant a pris l’initiative de créer Cyrano, une nouvelle gamme de masques universels à la fois très respirants et offrant un haut niveau de filtration (FFP3) certifié par l’Apave. A la différence de leurs concurrents, ces masques sont dépourvus de valve expiratoire grâce à de nouveaux matériaux tissés. Ils sont disponibles en deux versions. La première est un masque pliable ne pesant que 5 grammes. La seconde est proposée en sous la forme d’une coquille thermoformée et se démarque de ses concurrents grâce à deux innovations brevetées. « D’abord, c’est le seul masque 100 % recyclable du marché », indique Vianney Brillat. Et, d’autre part, le voile nasal permet d’obtenir une étanchéité parfaite tout au long de la journée de travail sans avoir besoin de resserrer le masque sur le nez comme c’est le cas avec le système de barrette nasale », souligne le dirigeant de l’entreprise qui fait appel en France et à l’étranger à des distributeurs spécialisés en EPI pour commercialiser ses produits vendus 120 euros HT pour 100 pièces pliables et 146 euros les 100 pièces coquille.
Eliane Kan
Appareils filtrants ou isolants ?
Avec les appareils filtrants, l’air ambiant de la pièce est préalablement purifié avant d’être respiré. En fonction du niveau d’exposition, l’employeur choisira le masque jetable, la cagoule à ventilation d’air ou encore le demi-masque ou masque complet associés à des filtres. Ces appareils filtrants sont toutefois à déconseiller lorsque la concentration d’oxygène est inférieure à 19,5% (recommandation 3M), ou quand le contaminant n’est pas filtrable comme par exemple le monoxyde de carbone ou le dioxyde de carbone. Autre cas de figure, lorsque le produit est inodore et que le seuil olfactif est supérieur aux valeurs moyennes. Enfin, quand le polluant est inconnu ou qu’il y a une concentration importante. Dans tous ces cas, il faudra recourir aux appareils isolants. Ici, l’air respiré provient d’une source extérieure afin d’isoler le travailleur de l’atmosphère contaminée. L’arrivée d’air peut provenir de l’air puisé à l’extérieur, d’un réseau d’air comprimé (on appelle cela adduction d’air), ou encore de bouteilles autonomes.
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