Selon l’enquête »Performance des collaborateurs et Environnement de travail », conduite par JLL, un cabinet américain de en conseil immobilier (58.000 salariés, 105 milliards de dollars de de ventes, acquisitions et transactions financières) présent dans 80 pays, les salariés de la Banque-Assurance déclarent travailler sur des sites de taille supérieure à la moyenne (sites de plus de 500 salariés : 63% dans la Banque-Assurance vs. 43% en moyenne).
Remaniements fréquents. Ces sites de grande taille sont généralement synonymes de modes d’aménagements plus flexibles : plus ouverts (45% de salariés disent être aménagés de façon décloisonnée vs. 34% en moyenne), constitués d’Open Spaces de plus grande taille (32 personnes vs. 27) et associés à des remaniements de postes de travail fréquents (42% disent en changer tous les 2-3 ans vs. 30% en moyenne). Or leurs bureaux semblent pourtant ne pas favoriser l’adoption de nouveaux modes de travail. En effet, dans la Banque-Assurance, le nomadisme est une pratique moins courante que dans d’autres secteurs, tant au sein de l’entreprise (55% vs. 68% en moyenne), qu’à l’extérieur – sur d’autres sites de l’entreprise (38% vs. 51%), chez des clients (15% vs. 24%), à leur domicile (43% vs 49%), dans les transports (21% vs 29%).
Deux spécificités sectorielles. Le secteur accuse deux spécificités sectorielles. Tout d’abord, moins de porosité entre les frontières professionnelles et privées : près d’un salarié sur 2 dit ne jamais travailler en dehors de ses horaires ou jours de travail, quand ils ne sont que 1 sur 3 en moyenne en Île-de-France – probablement pour des questions de sécurité, de confidentialité, etc. Vient ensuite un faible poids du travail collaboratif : ce dernier ne représente que 20% du temps de travail hebdomadaire, contre 30% en moyenne dans les autres secteurs, et nourrit donc moins le travail nomade au sein des bureaux.
« Dans ce secteur, les bureaux peinent à porter les nouveaux modes de travail. Ils sont moins appréciés que la moyenne, pêchant à la fois sur le confort basique et sur des aspects plus qualitatifs. Finalement, ils sont perçus comme contribuant moins à la performance », explique Flore Pradère-Saulnier, responsable Recherche Entreprises chez JLL. Ainsi, seuls 58% des salariés de la Banque-Assurance disent apprécier l’aménagement de leurs espaces de travail, contre 68% en moyenne. Face à eux, 29% considèrent qu’ils ne favorisent pas la collaboration et les échanges, contre 20% en moyenne. Et ils sont même 18% à considérer que les moyens et espaces mis à leur disposition ne leur permettent pas de travailler efficacement – vs. 13% en moyenne.
Paradoxe. Dans le détail, les bureaux du secteur décrochent sur les attentes les plus »basiques » des collaborateurs : confort du bureau (75% vs. 83% en moyenne), accès distant aux mails et fichiers (58% vs. 77%), capacité à stocker ses affaires (79% vs. 86%). Mais, contrairement à la logique qui anime les autres secteurs, la mauvaise évaluation des bureaux dressée par les salariés de la Banque-Assurance ne se traduit pas par une aspiration majeure à davantage travailler hors des murs de l’entreprise. « A y regarder de plus près, cet apparent paradoxe est directement lié au mode de management qui prévaut dans le secteur. En moyenne en Île-de-France, on vient au bureau avant tout parce que l’on a besoin de travailler avec ses collègues, ensuite parce que l’on estime que sa présence est souhaitée par le management. Dans le secteur de la Banque-Assurance, c’est l’inverse », précise Flore Pradère-Saulnier.
Résultat, le style de management des entreprises du secteur est clairement perçu comme moins progressiste qu’ailleurs : moins collaboratif (note de 5.1/10 vs. 5.6/10 en moyenne), moins responsabilisant (4.8 vs. 5.4), moins réactif (4.5 vs. 5.0), moins créatif (3.5 vs. 4.2). Les salariés sont alors moins convaincus du fait que leur bureau crée un sentiment de communauté : ils sont 55% vs. 65% en moyenne.
Erick Haehnsen
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