Gérer les risques
Aujourd'hui et demain

Santé et qualité de vie au travail

Sabrina Nikkel (La Rochelle) : « Nos managers vont être formés à la prévention des risques psycho-sociaux »

Interview de l'ingénieure en prévention des risques et responsable, à La Rochelle, du service prévention et sécurité du travail qui comprend trois personnes.

Comment s’organise votre action préventive auprès de vos collaborateurs et de quels outils disposez-vous ?

La ville de La Rochelle compte 2.000 agents qui exercent des métiers très différents allant de l’accueil du public à la réhabilitation de bâtiments, en passant par la petite enfance. Nous avons formé à l’évaluation des risques des personnes volontaires appartenant à chacun des 250 métiers exercés par nos agents. Bon nombre d’entre eux comportent des facteurs de pénibilité comme le port de charges lourdes ou la manutention. Chaque année, nous enregistrons 150 accidents dont 50 à 70% sont liés au port de charges ainsi qu’aux gestes et postures de travail. Les personnes qui en sont victimes peuvent bénéficier d’un reclassement professionnel et de postes aménagés ou allégés. Pour favoriser leur maintien au travail jusqu’à leur départ en retraite, une cellule  »mobilité » dont nous ferons partie va être créée au niveau de la ville. Cela nous permettra aussi de gérer le vieillissement de nos collaborateurs.

Votre service prévention et sécurité s’est récemment mobilisé sur la question de la prévention des risques psychosociaux. Quelle méthode avez-vous adoptée ?

Nous avons envoyé, par trois vagues successives, un questionnaire à chacun de nos 2.000 agents. Le document a été co-construit avec un de nos psychologues du travail. Il porte notamment sur la charge de travail, les relations qu’ils entretiennent avec leurs collègues, les membres de l’encadrement et les élus, leurs perspectives d’évolution, le temps de travail, l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée, etc. Une fois les réponses reçues, elles sont scannées par traitement optique puis traitées sous tableur Excel par un des ingénieurs-statisticiens du centre de gestion de la fonction publique. Des tableaux statistiques sont ensuite réalisés pour chaque question par service. Pour prioriser les services des 3 vagues, nous avons construit un tableau de bord comportant différents indicateurs par service. Parmi lesquels, l’absentéisme, le taux de fréquence des accidents du travail, le nombre de plaintes par rapport aux agressions ou de visites médicales demandées par un agent.


Quelles suites allez-vous donner à cette campagne ? 

Nous proposons à nos agents des entretiens individuels ou collectifs menés par le centre de gestion et le psychologue du travail de notre collectivité. Ce qui va nous permettre d’avoir une analyse qualitative de l’évaluation des RPS avant d’élaborer un plan d’action par service, en fonction des problématiques qui ont été détectées. Par ailleurs, nous allons revoir le parcours et la formation des managers de manière à ce qu’ils soient formés aux RPS. Enfin, nous avons mis en place un protocole de signalement afin de repérer les agents en souffrance au travail. Nous travaillons depuis longtemps sur cette question mais ce qui est récent, c’est de formaliser cette démarche par écrit et de faire en sorte de chacun sache que l’information relative aux RPS est centralisée et qu’elle fait l’objet d’un suivi.


Quels sont les autres dossiers les plus chauds ? 

L’amiante est au cœur de nos préoccupations du fait de la nouvelle réglementation. Nous travaillons sur cette problématique avec les agents soumis potentiellement à ce risque dans le cadre des travaux de réhabilitation qu’ils ont à réaliser. Nous avons défini une procédure qui réclame que le chargé de l’opération de réfection s’assure qu’il n’y a pas d’amiante sur les lieux. Il a pour mission de consulter les DTA (Documents techniques amiante) et en cas de doute, on demandera à un bureau d’études de réaliser un diagnostic avant travaux. Si la présence de l’amiante est avérée, nous demandons à l’agent de réaliser un balisage pour protéger le chantier et de porter les équipements spécifiques demandés par la réglementation.

Propos recueillis par Eliane Kan

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