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Aujourd'hui et demain

Sûreté et sécurité

Le marché français de la sécurité reprend des couleurs

Selon l'Atlas de la Sécurité qui sera publié dans quelques jours par notre confrère En Toute Sécurité, le marché français de la sécurité affiche une progression de 2,1 % en 2014.

Depuis plus de 20 ans, notre confère En Toute Sécurité publie l’Atlas de la Sécurité. « Nous avons interrogé plus de 1.600 entreprises françaises ou entreprises étrangères ayant des filiales en France. présentes en France. C’est un travail qui a été réalisé à quatre personnes pendant 6 mois, confie Patrick Haas, directeur des rédactions d’En Toute Sécurité et de l’Atlas de la Sécurité. Le marché de la sécurité privée progresse toujours plus vite que le PIB de la France et cette tendance s’est encore vérifiée en 2014. » En effet, le chiffre d’affaires global du secteur a connu une croissance de 2,1 % – soit, en volume, 24,4 milliards d’euros – contre +0,4 % pour l’économie du pays. Une performance légèrement meilleure qu’en 2013 (+1,8 %) mais qui se situe en retrait par rapport à 2012 (+2,8 %) et 2011 (+4 %). Rappelons néanmoins que les métiers de la sécurité – pris dans un périmètre d’activité très large de 23 secteurs – progressaient à un rythme nettement plus soutenu au début des années 2000, avec une hausse moyenne supérieure à 8 %. « Sur une période de 20 ans, le marché de la sécurité a toujours été 3 ou 4 fois plus rapide que le reste de l’économie, reprend Partick Haas. Seule l’année 2009 a connu une décroissance de 1%. Nous sommes donc sorti d’un plancher ! »
Mais tout n’est pas rose. En premier lieu, la croissance est inégale. En effet, la sécurité/sûreté affiche un chiffre d’affaires cumulé de 19,1 milliards d’euros en 2014 et une progression de 3,2 %. Quant à la sécurité incendie, elle pèse beaucoup moins à 2,9 milliards d’euros et montre une stagnation. Enfin, la protection de l’homme au travail (2,4 milliards d’euros) augmente légèrement de 1,7 %. Ensuite, la rentabilité des entreprises de sécurité s’est dégradée en 2014 : 64% d’entre elles ont affiché des bénéfices contre 73% en 2013 et 68% l’année précédente, selon l’étude d’En Toute Sécurité. Ce résultat morose démontre que la concurrence reste rude et contribue à peser sur les marges des sociétés, tandis que la longue succession d’années de croissance molle a malmené les finances de nombreux acteurs. Cette tendance affecte la quasi-totalité des secteurs d’activité, tant la sécurité électronique et physique que la surveillance humaine.

12,4% pour la télésurveillance résidentielle. Concernant la plus grande famille du secteur, la sécurité/sûreté (19,1 milliards d’euros en 2014), elle regroupe les activités de sécurité électronique (alarme, contrôle d’accès, vidéosurveillance, télésurveillance), de surveillance humaine, de sécurité intérieure de l’État, des équipements blindés, de cybersécurité, de serrurerie, de transport de fonds, etc. Selon les segments, les évolutions diffèrent fortement. Ainsi la télésurveillance résidentielle a-t-elle ainsi progressé de 12,2 % en 2014, la cybersécurité de 4,8%, le contrôle d’accès de 3,2 % et les drones de surveillance de… 92 %. En revanche, la télésurveillance professionnelle a stagné à +0,1 % et le transport de fonds à +0,4 %, le gardiennage est en hausse de 1% seulement et les équipements blindés de 1,2 %. « Les performances 2014 se sont nettement améliorées par rapport à l’année précédente puisque seulement quatre secteurs sont en décroissance (formation en sécurité, intervention sur alarme, protection rapprochée et serrurerie) contre huit un an auparavant », poursuit Patrick Haas.

Sécurité électronique : +5,5%. Pour sa part, la sécurité électronique (alarme, contrôle d’accès, vidéosurveillance, télésurveillance, etc.) progresse plus rapidement que les autres secteurs de la sécurité à +5,5 % en moyenne depuis dix ans contre moins de 3 % pour l’ensemble de la profession. En 2015, elle représentera 52 % du CA de la profession (contre 26 % en 1995), avec la perspective d’atteindre 62 % en 2025. De même, les sociétés de ce segment de marché dégagent en général une marge nette plus confortable (de 2 à 5 %) que celles opérant dans la surveillance humaine ou l’intervention sur alarme (1 % environ). Les secteurs de la sécurité électronique sont en général très morcelés. La part de marché détenue par les cinq plus grosses entreprises est en effet très faible : 24 % dans la vidéosurveillance, 32 % dans l’alarme, 34 % dans le contrôle d’accès, alors qu’elle est de 99 % dans le transport de fonds, de 84 % dans la sûreté aéroportuaire, de 66 % pour la serrurerie, etc. La télésurveillance, qui est un secteur dont la maturité est plus avancée, est davantage concentrée entre les mains de quelques gros opérateurs.

Drones de surveillance : le décollage. Plus petit secteur de la sécurité privée avec un CA inférieur à 20 millions d’euros, les drones de surveillance, de sécurité civile et d’inspection d’ouvrages n’en constituent pas moins un domaine essentiel. Tout d’abord par leur croissance qui tournera autour de 50 % en moyenne dans les prochaines années. Ce domaine devrait donc largement dépasser les 200 millions d’euros d’ici 2020, ce qui devient un CA significatif. Par les enjeux technologiques, ensuite. Il semble évident que les drones vont jouer un rôle complémentaire des caméras vidéo au sol, des agents de sécurité et des robots terrestres. Grâce à leurs innovations permanentes, ils vont provoquer une mutation de la demande. « Néanmoins, tous les protagonistes ne décrocheront pas le gros lot, car nombre d’entre eux sont en perte chronique, d’une taille trop petite et incapables de lutter contre les leaders émergents », commente Patrick Haas. Les perspectives alléchantes attirent en effet de nouveaux candidats alors que les regroupements semblent inéluctables. Certaines sociétés de surveillance humaine ou de sécurité électronique ont bien compris l’enjeu que représentent les drones et se positionnent déjà sur ce marché prometteur. On comprend l’appétit aiguisé des entreprises : les drones de surveillance seront le premier segment applicatif des drones civils professionnels à l’horizon 2020.

Reprise en douceur pour 2015 et 2016. La sécurité privée devra répondre à une demande en forte évolution, notamment en raison des menaces terroristes qui prennent de l’ampleur. Les dépenses de sécurité vont être plus massives dans les infrastructures de transport notamment ferroviaires, les sites classés Seveso ou les sites militaires qui ont fait l’objet d’attaques récentes. Sans oublier la cybersécurité qui focalise l’attention des donneurs d’ordre. De plus, la croissance du PIB de la France va connaître une légère accélération, ce qui stimulera automatiquement les investissements en sécurité. La croissance de la profession pourrait frôler les 3 % en 2015 et se situer autour de 4 % l’année prochaine, selon les prévisions d’En Toute Sécurité. Les secteurs les plus dynamiques seront les drones de surveillance, la cybersécurité, la vidéosurveillance, la télésurveillance résidentielle et le contrôle d’accès.

Erick Haehnsen

* Pour toute information sur les données du marché issues de l’Atlas 2015 d’En Toute Sécurité, consultez www.security-info.com ou contactez Patrick Haas, directeur, au 01 40 16 04 03

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