L'Institut national de recherche et sécurité (INRS) veut renforcer le prévention du risque chimique avec son logiciel Seirich qui embarque différentes fonctionnalités pour s'adresser aussi bien aux dirigeants des entreprises qu'à ses spécialistes.
Le panorama des logiciels d’évaluation des risques s’enrichit cette année avec la venue de Seirich (Système d’évaluation et d’information sur les risques chimiques en milieu professionnel). Appelé à remplacer certains outils existants, ce logiciel est disponible gratuitement sur Internet. Particularité, il a été développé pendant trois ans par l’Institut national de recherche et sécurité (INRS) en partenariat avec la Direction générale du travail (DGT), des organismes publics de santé et des fédérations professionnelles. A savoir, la CnamTS et l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail. Mais aussi le Conseil national des professionnels de l’automobile, le Syndicat national des industries des peintures, enduits et vernis, l’Union des industries de la métallurgie et l’Union des industries chimiques.
« Notre objectif vise à aider les entreprises à s’informer sur les risques chimiques et à repérer les plus dangereux, résume Nicolas Bertrand, ingénieur chimiste de l’INRS. Ce logiciel s’inscrit dans le prolongement des actions déjà menées par l’Inrs. » Dont la méthodologie d’évaluation simplifiée des risques pour la santé, la sécurité et l’environnement – publiée en 2005 – qui a servi de base à de nombreux logiciels du marché. Lesquels se révèlent plus ou moins pertinents à l’usage. « Nous avons constaté que leurs développeurs n’ont pas repris intégralement notre méthodologie, il existe des écarts entre les logiciels, ce qui complique la tâche des salariés qui, au sein d’une même entreprise n’utilisent pas le même outil », indique le chimiste de l’INRS qui pointe le doigt également la méconnaissance des risques chimiques par les employeurs.
Sondage Ifop. Comme en témoigne le sondage Ifop mené en 2012* à la demande de l’INRS auprès de quelques 600 PME et TPE, les petites entreprises ne font pas le lien entre les produits utilisés quotidiennement par l’entreprise et le risque chimique. Or certains d’entre eux comportent des agents classées CMR (Cancérogènes, mutagènes ou repro-toxiques) qui peuvent occasionner des cancers par inhalation, ingestion ou pénétration cutanée. Des risques qui seront mieux identifiés par les utilisateurs du logiciel Seirich dont la réalisation a été confiée à Atos Origin, une société de services en informatique.
Le logiciel comprend 4 étapes. D’abord la phase d’inventaire qui est facilitée par un outil d’analyse d’images. Il suffit de photographier l’étiquette pour que le logiciel reconnaisse les mentions de danger. L’utilisateur peut aussi injecter dans son outil les fiches de sécurité. Les étapes suivantes concernent l’analyse de l’utilisation des produits chimiques, l’évaluation des risques et le plan d’action qui va être entrepris pour limiter le recours aux produits chimiques dangereux ou tout simplement les remplacer. A cet égard, l’utilisateur peut simuler l’utilisation des produits de substitution afin de vérifier leur impact sur le processus concerné.
Aide au repérage. Enfin, Seirich propose 3 niveaux d’expertise sachant qu’il s’adresse à différents publics. A savoir, les chefs d’entreprise, les responsables QHSE, les médecins, les services de santé au travail ainsi que les chimistes, toxicologues et autres spécialistes des risques chimiques. Pour repérer son niveau, il suffit de répondre au quizz disponible sur le site Seirich.com. Ce dernier propose aussi une aide au repérage de produits et substances dangereuses spécifiques à chaque activité. Il suffit à l’employeur d’indiquer son activité (automobile, média, coiffure, etc) pour que le logiciel dresse une liste des agents dangereux concernés. Par exemple, en tapant fabrication de béton prêt à l’emploi, l’employeur saura que cette activité présente des risques liés à la présence de poussières inhalables et alvéolaires.
14.000 downloads. Depuis son lancement en juin dernier, le logiciel a déjà fait l’objet de 14.000 téléchargements depuis Internet. Une fois installé, le logiciel tourne uniquement en mode local. « C’est une précaution que nous prenons afin de garantir aux entreprises la confidentialité de leurs données qui concernent l’inventaire de leurs produits chimiques », précise Nicolas Bertand qui annonce d’ailleurs la sortie imminente de la version 1.1 de Seirich. Laquelle va permettre aux utilisateurs d’une même entreprise de fusionner leurs inventaires afin de constituer un fichier unique qui sera stocké sur un serveur multi-poste. Cette mise à jour va s’accompagner de journées de sensibilisations organisées avec les partenaires qui ont contribué au développement de cet outil d’évaluation appelé à remplacer notamment les logiciels Clarice et Colibrisk.
Eliane Kan
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