Soupçonnées d’être nocives pour la santé, les bornes Wi-Fi sont bannies des crèches et autres garderies pour les tout petits depuis l’adoption de la loi Abeille. La France n’est pas le seul pays européen à opter pour ce principe de précaution. « L’Allemagne et l’Autriche déconseillent l’utilisation du Wi-Fi dans les écoles », rapporte Edouard Lebrun, directeur du programme Li-Fi (le Wi-Fi par la lumière) au sein de Lucibel, une entreprise française. Créée en 2008, cette PME de 200 personnes (environ 30 millions de chiffre d’affaires pour 2015) conçoit, fabrique et commercialise des solutions d’éclairage basées sur la technologie LED. Une quinzaine de ses collaborateurs travaille à la R&D sur de nouveaux concepts. Parmi lesquels on trouve des luminaires capables non seulement d’éclairer les espaces mais aussi de connecter des utilisateurs nomades à Internet, en mode haut débit, sans émettre d’ondes électromagnétiques.
Installés dans le faux plafond du bureau, les luminaires Li-Fi sont reliés à l’infrastructure réseau via un câble Ethernet RJ45 classique. L’échange de données sans fil entre le luminaire et l’utilisateur est réalisé par la lumière pour le flux descendant d’information et par une liaison infrarouge pour le flux remontant. A condition que l’utilisateur branche une clef Li-Fi sur le port USB de son ordinateur pour assurer la connexion. C’est le même principe que les clefs 4G qu’on utilise pour se connecter à Internet. Lucibel a codéveloppé cette solution de Li-Fi avec un bureau d’études. Ce dernier a mis au point un algorithme qui permet à une carte électronique embarquée dans le luminaire, d’encoder les données pour les transformer en signaux optiques. Les données sont ainsi transportées à haut débit (de l’ordre de quelques mégabits par seconde) entre le luminaire et les ordinateurs équipés de la fameuse clé LiFi USB. Pour prouver l’efficacité de sa solution Li-Fi, la PME a passé un accord avec Sogeprom, une filiale de la Société générale. Avec leur clé USB, les utilisateurs peuvent aussi bien surfer sur Internet que lire des vidéos ou tenir des réunions par Skype. En revanche, ils doivent se tenir au maximum à une distance de 4 mètres du luminaire.
Bien sûr, Lucibel n’est pas la première société à se positionner sur cette technologie de connexion sans fil par spectre optique. Il existe notamment des solutions de géolocalisation à l’intérieur de bâtiment comme les musées par exemple. Mais la communication se fait en bas débit et en mode unidirectionnel. A la différence de la solution de Lucibel qui est bidirectionnelle et haut débit. « En théorie, nous pouvons atteindre le gigabit/seconde », indique Edouard Lebrun en évoquant les multiples avantages procurés par le Li-Fi. Outre le fait qu’il n’émet pas d’ondes électromagnétiques, il préserve les utilisateurs contre le risque de piratage de leurs données. Les ondes lumineuses ne traversant pas les murs, il est impossible de pirater le réseau de l’extérieur de la pièce. Un argument qui séduit les entreprises travaillant dans les secteurs sensibles comme la Défense, la recherche ou la finance. « Pour autant, nous n’avons pas pour ambition de remplacer le Wi-Fi mais de le compléter dans les espaces où il n’a pas droit de cité », prévient Edouard Lebrun qui s’attelle actuellement à la miniaturisation des clés USB. Autre amélioration en cours, la possibilité de diminuer l’intensité lumineuse du luminaire sans pour autant perdre en vitesse de connexion.
Dans un premier temps, les clés USB seront fabriquées par Lucibel jusqu’à ce que les fabricants de portables et autres ordinateurs intègrent ce type de composants dans leurs produits. La phase d’industrialisation des luminaires Li-Fi est prévue pour le deuxième semestre 2016 sur le site de production de Lucibel à Barentin, en Seine-Maritime.
Eliane Kan
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