Gérer les risques
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Santé et qualité de vie au travail

Ouvry prépare les EPI NRBC de demain et élargit son offre aux masques de protection respiratoire

Surtout connue pour ses tenues NRBC destinées à la Défense et aux forces du maintien de l'ordre, cette entreprise lyonnaise produit aussi des combinaisons filtrantes dédiées au marché civil. En cours de développement : une combinaison NRBC auto-décontaminante. Par ailleurs, la société vient d'ouvrir sa première unité de production de masques de protection respiratoire.

Le risque d’attentat NRBC (Nucléaire, radiologique, biologique, chimique) pose la question de la protection individuelle des primo-intervenants. Il s’agit, entre autres, des sapeurs pompiers, médecins et infirmiers du Samu qui seront appelés à secourir les victimes. En prévision de tels événements, leurs administrations respectives ont investi dans les combinaisons NRBC filtrantes du français Ouvry. A la différence des solutions NRBC étanches en plastique, ces tenues sont réalisées dans différents textiles qui filtrent les toxiques tout en laissant passer l’air. Ce qui les rend plus confortables. En outre, les intervenants n’ont pas à se relayer pour éviter le risque d’hyperthermie comme c’est le cas habituellement avec les solutions plastiques.

15.000 combinaisons déjà vendues. Conçue pour être portée 12 heures d’affilées, la « Polycombi » est un combinaison qui protège ses utilisateurs contre les liquides, vapeurs et aérosols (solides et liquides) NRBC. Légère et ergonomique, elle résiste aux sprays et éclaboussures, protège des particules radiologiques et biologiques. Autant d’avantages qui ont séduit, entre autres, la Brigade des sapeurs pompiers de Paris, le Samu, la Sécurité civile, la RATP et certains CHU. « Nous avons vendu plus de 15.000 Polycombi au marché civil », indique Ludovic Ouvry, fondateur et dirigeant de l’entreprise éponyme.

Présente sur Milipol, le salon consacré à la sécurité intérieure des Etats qui vient de se tenir à Paris Nord-Villepinte, cette PME lyonnaise conçoit, développe et fabrique ses propres produits dédiés à la protection individuelle et la décontamination. Ouvry ne se positionne pas sur les seuls secteurs de la santé et de la sécurité civile. Elle est surtout connue pour équiper les forces spéciales et celles du maintien de l’ordre, les gestionnaires d’infrastructures critiques et la Défense. Ouvry a notamment produit 20.000 protections NRBC pour le programme Félin de l’Armée de terre. En 2015, la PME a ouvert sa première chaîne de production de masques respiratoires. « Avec ces produits, nous proposons une plus grande ergonomie et un meilleur interfaçage avec nos tenues, ce qui va nous permettre de proposer une solution complète à nos clients », fait valoir Ludovic Oury.

Tenues auto-décontaminantes. Ingénieur textile de formation et spécialisé dans la chimie, le dirigeant de l’entreprise prévoit de réaliser cette année un chiffre d’affaires de 7 millions d’euros contre 3,7 millions d’euros en 2014. La moitié du chiffre d’affaires est réalisée à l’export. L’équipe est constituée d’une quinzaine de personnes dont 5 travaillent au service Recherche et développement. Lequel s’attelle, notamment, à faire aboutir le projet Seldec. Initié en 2010 et financé par l’Agence national de la recherche (ANR), il vise à développer des textiles NRBC auto-décontaminants à la lumière du soleil ou sous illumination artificielle (UVA) en recourant à des matériaux photocatalytiques. Il s’agit en l’occurrence du dioxyde de titane qui a été dopé pour l’occasion.

L’enjeu étant d’avoir des tenues auto-décontaminantes afin d’améliorer la sécurité des intervenants lorsqu’ils se déshabillent ou lorsqu’ils sont en contact avec des médecins, infirmiers ou autres tiers. « Le processus d’auto- décontamination ne prendra qu’une demi-heure environ et le textile pourra supporter une dizaine de lavages », prévoit Ludovic Ouvry. Le projet Seldec a été mené en partenariat avec des chercheurs CNRS appartenant au Laboratoire des matériaux, surfaces et procédés pour la catalyse (LMSPC) de Strasbourg et au Laboratoire de physique et mécanique des textiles (LPMT) de Mulhouse mais aussi avec le Service départemental d’incendie et de secours de l’Essonne (SDIS 91). « Nous en sommes à la phase pré-industrielle », indique Ludovic Ouvry qui a pour objectif de passer au stade industriel d’ici un an ou deux.

Eliane Kan

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