Comment votre groupe est-il constitué et quelle est l’entité qui a racheté Prodomo ?
VPSitex France est membre du groupe VPS, un groupe européen présent en France, au Royaume-Uni, en Allemagne, aux Pays-Bas, en Italie et en Espagne. Le groupe réalise près de 150 millions d’euros de chiffre d’affaires. En 2014, VPS a été racheté par le fonds d’investissement français PAI Partners. Ce fonds est donc devenu l’unique actionnaire de VPS. Quant à VPSitex, c’est la filiale française de VPS. C’est un acteur majeur de la sécurisation des locaux vacants en France avec une approche qui combine protection physique, protection électronique et protection humaine. Et c’est cette filiale française qui a racheté Prodomo, leader en France de la prévention et de la sécurité des chantiers de construction et échafaudages.
Comment ces deux activités en sont-elles venues à se rapprocher ?
En matière de sécurisation des locaux vacants en France, les prestations de VPSitex sont globales. Elles vont de l’audit préalable jusqu’à l’entretien des locaux. En quelque sorte, nous avons une approche de Facilities Management du vide ! Nos clients sont, entre autres, la SNCF, La Poste, les bailleurs sociaux, certaines entreprises comme DHL, des acteurs de la grande distribution, etc. Nous réalisons un chiffre d’affaires de près de 40 millions d’euros avec 250 collaborateurs dans 14 centres opérationnels. Dans le cadre de nos activités, nous avons été appelés à sécuriser des chantiers de construction. Cette activité représente 2,5 millions d’euros de chiffre d’affaires. Mais ce métier était dominé par un acteur majeur en France, Prodomo, certes sur un marché de niche mais en très forte croissance. Après une année de discussion, nous avons appris à nous connaître et nous apprécier. Nous avons alors pu racheter 100% du capital de cette société qui, présente dans 7 villes de France, emploie 57 personnes pour un chiffre d’affaire de 7 millions d’euros. Au final, VPSitex s’affirme avec près de 300 personnes dans deux métiers : la protection du patrimoine bâti vacant et la protection des chantiers et échafaudages. Concernant ce second métier, notre activité va être intégrée à celle de Prodomo dont nous gardons la marque. Laquelle affiche plus de 20 ans d’existence. De même, Jean-Luc Dorel, président-fondateur de Prodomo, a accepté de continuer à diriger Prodomo et de rejoindre l’équipe de direction de VPSitex.
Quels sont vos principaux concurrents ?
Le principal concurrent, c’est l’inaction, le manque de décision. Nous n’avons pas de statistiques précises mais, d’expérience, je dirais que 80% des locaux vacants ne sont pas protégés par une approche mixte (humaine et électronique). Sur les 20% des locaux protégés, VPSitex occupe 90% de parts de marché. En région, nous sommes les seuls. En Île-de-France, nous avons identifié deux concurrents : Protim et Securindoor, qui réalisent entre 2,5 et 3 millions d’euros de chiffre d’affaires.
Le marché de la protection des chantiers est en pleine effervescence. Comment le qualifieriez-vous ?
Sur 20.000 chantiers en France, moins de 10% sont protégés par des solutions modernes. A tel point qu’en 2014, la Fédération française du bâtiment (FFB) avait lancé une action pour susciter l’émergence d’une offre électronique capable de protéger contre le vol d’éléments de construction et d’engins de chantier – sachant que le vol sur chantier coûte 2 milliards d’euros par an. Sans compter les pénalités de retard qui se rajoutent. Cette situation montre clairement que les anciennes méthodes de gardiennage ne fonctionnent pas. La solution porte davantage sur un mix avec des technologies électroniques et des agents de sécurité disposant d’un bon niveau de formation à ces outils. Car le simple gardiennage est trop cher pour les chantiers de construction. Sur les sites de construction que nous sécurisons, nous constatons une réduction des vols. Surtout, les interventions sont plus rapides. Nous utilisons aussi des moyens d’interphonie pour interagir avec les malfaiteurs et les dissuader de commettre leur forfaiture. En termes d’efficacité, il y a un rapport de 1 à 10 entre ce mix et le simple gardiennage. Je crois plus à la complémentarité qu’au remplacement des hommes. Cette transition numérique est une approche »gagnant-gagnant ».
Comment développez-vous le numérique au sein de vos activités ?
Nous nous sommes spécialisés dans l’installation de systèmes électroniques mobiles et autonomes de détection d’intrusion, d’alarme, d’interphonie et de vidéosurveillance qui communiquent par le réseau GSM. Nous allons jusqu’à des systèmes de taille importante avec un système de tour de vidéosurveillance autonome capable de fonctionner pendant 30 jours d’affilée et de filmer, de jour comme de nuit, jusqu’à 1.000 m de distance. Ces systèmes intéressent les très grands chantiers d’ infrastructures (ferroviaire, gazoducs…). Nous avons actuellement près de 50 tours en proposition chez nos clients.
Généralement, il est assez difficile de développer une vision industrielle de son métier lorsque l’actionnaire est un fonds d’investissement ou un fonds de pension. Comment faites-vous ?
PAI Partners travaille sur des temps longs – de 4 à 6 ans. Son objectif, après plus de 100 ans d’histoire, c’est le développement industriel. Parmi ses réussites, citons le groupe Spie qui s’est largement développé, notamment, grâce à des acquisitions en complément d’activité. PAI Partners nous a accompagné dans l’ingénierie d’acquisition, le financement de rachat d’entreprises et le processus d’intégration. Cet actionnaire n’est ni plus ni moins contraignant que d’autres types d’investisseurs. En revanche, nous bénéficions d’un réel support opérationnel. Tel fut le cas avec Prodomo et, au début de l’année, avec le britannique Camwatch qui fabrique les tours de surveillance. Aujourd’hui, j’étudie 4 ou 5 dossiers. Au niveau européen, le groupe planche sur une douzaine de dossiers. Nous avons une vraie ambition de développement à marche rapide avec une stratégie de croissance externe qui vient en complément de notre croissance organique.
Propos recueillis par Erick Haehnsen
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