Selon une étude en neurosciences du fabricant américain de meubles de bureau Steelcase, nous croulons sous les idées reçues. A commencer par celle-ci : « Travailler plus pour produire plus » est une idée fausse car le cerveau se fatigue. Pour traiter l’amas d’informations qui augmente de façon exponentielle, les collaborateurs ont tendance à consacrer plus d’heures et de concentration continue. Or l’attention soutenue est épuisante pour le cerveau et la fatigue l’encourage à s’échapper. Tenus de rester attentifs plus longtemps pour pouvoir en faire plus, ils épuisent leurs réserves d’énergie. Il est donc physiquement impossible de rester attentif toute la journée en atteignant les niveaux qualitatifs et quantitatifs attendus par l’entreprise, nous apprennent les neurosciences. Selon Radicati Group. Le travail s’intensifie avec chaque jour, 247 milliards d’e-mails envoyés à travers le monde. Dans ce contexte, 48% des Français au travail se sentent submergés et stressés.
Seconde idée reçue : « Faire plusieurs choses en même temps, c’est gagner du temps… » Bien sûr, c’est faux. D’ailleurs, le multitasking augmente de 50% le risque d’erreur. Pourtant, confier aux collaborateurs plusieurs projets simultanés, chacun exigeant des échanges fréquents avec différents intervenants, est une tendance forte ces dernières années. « Il y a bien certaines choses qu’on peut faire simultanément. Mais on ne peut se concentrer que sur un seul problème à la fois. (…). Quand nous autorisons notre esprit à se disperser, nous apprenons en fait à notre cerveau à être plus facilement distrait », constate Beatriz Arantes, chercheur et psychologue à la cellule Recherche et prospective mondiale au Workspaces Futures de Steelcase.
Enfin, troisième idée reçue : « Prendre une pause, c’est ne rien faire ». C’est, au contraire, l’occasion pour le cerveau de se régénérer et de continuer de travailler. Il a été prouvé que la méditation peut augmenter le volume de matière grise, influençant ainsi la conscience de soi, la perception et le fonctionnement cognitif. Elle augmente l’empathie, la mémoire et la créativité, tout en diminuant l’anxiété et les pensées négatives. Les distractions peuvent également être des opportunités pour offrir au cerveau le repos dont il a besoin. Et bien que la rêverie ait une connotation négative dans le monde du travail, d’après les neurosciences, nos cerveaux continuent de travailler quand ils s’évadent. Enfin, le mouvement stimule le cerveau : les zones responsables de l’apprentissage, de la mémoire, et de la réflexion conceptuelle.
L’étude de Steelcase rapporte que, selon l’Université de Californie, la fréquence à laquelle un employé de bureau est interrompu ou distrait toutes les 3 minutes. Quant au temps pour se remettre au travail après une interruption, il est de 23 minutes. Par ailleurs, le nombre moyen de fenêtres ouvertes simultanément sur le bureau de l’ordinateur est en moyenne de 8. Pis, chaque jour, les Britanniques vérifient en moyenne leur smartphone 221 fois ! En France, 39% des salariés déclarent ne pas disposer d’endroit pour se concentrer.
De ces réflexions et analyses, l’industriel américain en tire un concept d’espaces de bureaux pour travailler de façon détendue baptisé »Brody WorkLounge ». Celui-ci offre différents niveaux de séparation (entièrement fermés ou mini-lounge) qui permettent aux usagers de contrôler les stimuli externes : sons, vue extérieure, éclairage et température. Véritable cocon, Le Brody WorkLounge élimine les distractions visuelles et offre un sentiment de contrôle et de sécurité renforçant l’autonomie. Ce concept se décline de multiples façons : micro-espaces refuges avec trois cloisons, sièges et table basse à trois cloisons, alcôves en espace semi-ouvert avec bureau, bureaux-îlots semi-cloisonnés, zones sociales situées à un carrefour ou Workcafé pour favoriser les rencontres imprévues… Sans oublier l’écran intelligent de séparation entre les bureaux qui envoie des signaux pour indiquer si l’espace de travail est disponible. Ou pour afficher la date et la température et pour indiquer qu’il est temps de bouger pour son bien-être.
Erick Haehnsen
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