Au risque de déplaire aux amateurs de science-fiction, par »camion transparent », le géant coréen Samsung n’entendait évidemment pas »camion aux parois de verre ». L’idée étant plutôt de mettre l’innovation au service de la sécurité routière avec une semi-remorque équipée d’un prototype de retransmission vidéo. Ce Safety Truck ou littéralement ‘camion de sécurité » est doté, à l’avant, d’une caméra vidéo et, à l’arrière, d’un mur d’écrans chargé de retransmettre la vision de ce que le camion masque : un virage, les véhicules qui le précèdent, ceux qui viennent d’en face… Objectif : sécuriser les dépassements sur les chaussées à double sens en montrant, avant de doubler, si la voie est libre. Avec en prime un « mode nuit » qui permet au système d’être fonctionnel après le coucher du soleil.
Pour Samsung, le principal défi résidait dans la conception d’écrans suffisamment lumineux pour qu’ils puissent être visibles même en plein soleil. Il s’agissait aussi d’élaborer une transmission sans fil avec la caméra frontale située 15 mètres plus à l’avant, sans le moindre risque d’interférence ou de coupure inopportune. Mais le projet a pu voir le jour en Argentine, grâce à la collaboration avec l’agence de publictié Leo Burnett basée à Buenos Aires. Il faut savoir que dans un pays comme l’Argentine, les routes à sens unique sont très répandues. De même, les camions semi-remorque sont massivement utilisés pour le transport de marchandises. D’où les nombreux les accidents de la route qui sont dus à un dépassement sans visibilité. Ainsi l’ISEV (Instituto de Seguridad y Educación Vial) recense-t-il 100.000 blessés par an et 270 accidents graves par jour. De quoi faire figurer l’Argentine au deuxième rang après le Mexique parmi les pays les plus dangereux de toute l’Amérique pour les accidents de la route.
Bien qu’il soit fonctionnel et roule déjà sur certaines routes argentines, plusieurs étapes sont encore nécessaires avant de réussir à commercialiser le camion de sécurité de Samsung qui, pour l’heure, n’en est qu’au stade du prototype. En effet, l’équipement est pour l’instant trop onéreux. De plus, il propose peu de chance d’obtenir un retour sur investissement pour les transporteurs… En outre, il s’agira d’effectuer des tests pour obtenir les homologations en règle pays par pays. Quoi qu’il en soit, ce sont les résultats des tests sur les camions circulant en Argentine qui détermineront si, demain, le projet portera ses fruits. Et si nous verrons un jour des »camions transparents » sur les routes françaises et européennes…
Ségolène Kahn
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