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Risques industriels et environnementaux

Le crowdfunding pour financer un système d'alerte aux tsunamis en Caraïbe

Parties prenantes à un programme international de l'Unesco pour prévenir les tsunamis dans la Caraïbe, une vingtaine de citoyens passionnés d'informatique ont monté une association et lancé une campagne de financement participatif sur Ulule afin d'aller plus loin. L'enjeu : protéger, pour 100.000 euros levés, jusqu'à 1 million de personnes !

Codeurs, administrateur réseaux et systèmes, radio amateur, pilote de ligne, Data Scientist, dronistes, expert en capteur et systèmes embarqués, expert en interfaces programmable d’intégration d’application, logisticien, communicants, graphistes… Une équipe d’une vingtaine de passionnés de numérique vient de lancer une campagne de financement participatif (crowdfunding) sur le site Ulule afin de mettre au point un système d’alerte aux tsunamis dans la zone Caraïbe.
« Imaginez que vous soyez confrontés à un risque de Tsunami en Caraïbe et que vous ne le sachiez pas. Le numérique peut jouer un rôle prépondérant dans la prévention de ce risque », explique Gaël Musquet, chef de projet à Caribe Wave, un programme international mené par l’organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) et les États de la Caraïbe. En France, la modernisation de l’alerte tarde à venir car le numérique, internet et les réseaux sociaux restent largement sous-exploités alors qu’ils sont essentiels pour préparer, alerter et secourir les millions de personnes concernées. Face à ce constat et au risque encouru pour les habitants des Antilles françaises, l’équipe Geeks contre tsunamis a décidé, depuis 2011, de se mobiliser et de s’impliquer en parallèle de l’exercice Caribe Wave.
« En 2015, nous avons organisé le premier exercice de simulation afin de créer un système d’alerte des populations potentiellement isolées et donc coupées de toute information en cas de catastrophe majeure en utilisant et hackant les réseaux à disposition comme la radio, les hotspots ou les émetteurs résilients, reprend le chef de projet à Caribe Wave. Nous avons ainsi établi un pont radio entre la Désirade et Saint-François en Guadeloupe. Mais, à présent, nous voulons aller plus loin, sans nous substituer aux missions de l’État. » A cet égard, cette équipe de citoyens passionnés par le numérique, conduite par Gaël Musquet, veut mener une campagne de mesures et de simulation d’alerte tsunami dans les Antilles françaises le 17 mars prochain en Guadeloupe sur l’île de Marie-Galante. Geeks contre tsunamis a alors monté l’association Caribe Wave France Antilles afin d’organiser pour cette nouvelle édition une opération de plus grande envergure et de monter en puissance dans la mobilisation de moyens aériens, télécommunications, hébergement de données cartographiques, météorologiques et sismiques en temps réel.
Objectifs : former des hommes et des femmes pour bâtir, reconstruire et exploiter des infrastructures de télécommunications, photographier et cartographier les côtes avant et après ces désastres, mettre en place des réseaux de capteurs citoyens pour anticiper, prévenir de l’imminence de crises majeures et exploiter les réseaux sociaux pour alerter, prévenir et éviter les rumeurs. Quant aux moyens, ils portent sur la reconnaissance photographique aérienne par avion et par drone, le déploiement de stations météo, d’un réseau d’accéléromètres, de faisceaux hertziens, d’une antenne relais 4G ainsi que la réception de signaux ADSB &AIS pour trafic aérien et maritime. Geeks contre tsunamis a reçu le soutien de l’agence publique numérique La fonderie Île-de-France, du projet Open Source de cartographie numérique mondial OpenStreetMap ainsi que des sociétés Amarisoft et Aeromapper.
Bien sûr, ces objectifs seront plus ou moins bien remplis en fonction des fonds levés lors de la campagne de crowdfunfing sur Ulule qui se terminera le 17 mars. Avec 25. 000 euros levés, 10. 000 personnes seraient concernées par l’exercice Caribe Wave 2016. « Nous louerons un avion pour réaliser des prises de vue aériennes de reconnaissance et faire la liaison entre les équipes. Nous aurons une équipe de dronistes d’AeroMapper. Nous avons déjà du matériel radio, des capteurs météorologiques et sismiques déployés à Marie-Galante, précise Gaël Musquet. Avec 40.000 euros, nous aurons les moyens de préparer l’extension de l’exercice avec le collectif Gwadalug en Martinique, Saint-Martin et Saint-Barthélémy sur toute l’année 2016. » De quoi protéger 480.000 personnes supplémentaires. Le troisième pallier, à 70.000 euros, consiste à déployer le dispositif à la Dominique durement touchée par des inondations en 2015 ainsi qu’à Sainte-Lucie au sud de la Martinique, afin de protéger 273.000 personnes supplémentaires. Enfin, pour 100.000 euros, près d’un million de personnes pourraient être protégées. Notamment en installant 5 RuggedPod 4G, à savoir des serveurs étanches qui résistent aux contraintes tropicales (chaleur, humidité, submersion). Ce serait alors la première ferme de serveurs de données caribéenne contre les tsunamis. Rappelons que la France est confrontée au risque de tsunamis non seulement dans ses territoires d’Outremer mais aussi sur ses côtes métropolitaines.

Erick Haehnsen

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