« Choisissez un travail que vous aimez et vous n’aurez pas à travailler un seul jour de votre vie. » Derrière cette citation de Confucius, vieille de 2.500 ans, se cache une question plus que jamais d’actualité : sommes-nous heureux dans nos vies professionnelles ? Telle est, en filigrane, la question posée par le Job Happiness Index, la dernière étude menée par Indeed, un moteur de recherche d’emplois, qui a analysé le degré de satisfaction professionnelle de la population active de 35 pays à travers le monde.
Premier enseignement, l’étude va à l’encontre d’autres classements sur le bonheur dans le monde, comme celui des Nations unis, qui tendent toujours à démontrer que les individus sont globalement plus heureux dans les pays riches. Ici, l’étude montre que le simple fait d’avoir un emploi dans un pays qui enregistre des taux de chômage élevés ou connaît une période de récession est considéré comme une source de satisfaction professionnelle. C’est notamment le cas de la Colombie, l’Espagne, le Venezuela, la Russie et le Brésil, qui figurent dans le top 10 des pays où les salariés se déclarent les plus heureux au travail.
Bon équilibre entre vie privée et vie professionnelle. Fini le temps où le salaire mensuel était le critère inéluctable. L’étude d’Indeed met en lumière un point important, représentatif de l’évolution des mentalités à l’égard du monde du travail. La place laissée à la vie privée est désormais le premier indicateur d’une vie professionnelle satisfaisante. Cet intérêt pour un meilleur équilibre vie privée / vie professionnelle n’est pas l’apanage de quelques pays, mais bel et bien une tendance mondiale, ce critère se plaçant en tête des raisons contribuant au bonheur des actifs à travers le monde. Suivent ensuite, le management, la culture de l’entreprise, la sécurité de l’emploi et les possibilités d’évolution et en cinquième position, la rémunération et les avantages financiers.
Le bas du classement renforce l’idée que la richesse du pays n’est vraiment plus un critère garantissant le bonheur au travail. Parmi les 10 pays enregistrant les plus faibles résultats en termes de satisfaction professionnelle figurent cinq des plus importantes économies mondiales : le Japon, l’Allemagne, la France, l’Inde et la Chine. L’un des facteurs communs aux deux pays où la population active se déclare la moins bien lotie est la moyenne d’âge élevée qui flirte avec les 45 ans au Japon et atteint les 46 ans en Allemagne. Quant à la France, elle se se situe au 4ème rang des 10 pays où la population est la moins heureuse au travail.
Différences culturelles. « L’aspect culturel est également un facteur à prendre en compte » souligne Tara Sinclair, économiste en chef chez Indeed. Certaines populations sont moins démonstratives et peinent donc à déclarer spontanément un degré élevé de satisfaction. » Dans le cas du Japon, le fait que les actifs prennent en moyenne 9 jours de congés par an et que 22% d’entre eux travaillent plus de 49 heures par semaine explique, en partie, la raison pour laquelle le Japon ferme la marche du classement. Cette différence culturelle se ressent également lorsque sont étudiés les postes qui sont le plus associés au bonheur au travail. Ainsi, au Royaume-Uni, c’est lorsque l’on est directeur que l’on s’estime le plus heureux. Au contraire, en France, ce sont les stagiaires qui semblent les plus heureux au travail.
Erick Haehnsen
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