Avec son plan stratégique quinquennal courant de 2016 à l’horizon 2020, dévoilé jeudi dernier, l’OPPBTP marque sa volonté d’aider les entreprises à répondre aux enjeux actuels et à venir en termes de prévention des risques professionnels et d’amélioration des conditions de travail au sein du secteur du BTP. De fait, l’organisme doit livrer bataille sur plusieurs fronts : d’une part, il doit réduire drastiquement le nombre d’accidents et, de l’autre, il compte veiller à améliorer les conditions de travail ainsi que la pénibilité sur le chantier.
Bilan des cinq dernières années. En guise d’introduction, l’OPPBTP dresse un bilan des cinq dernières années, en ne manquant pas de rappeler les efforts qui ont déjà été déployés avec succès puisque l’indice de fréquence, c’est-à-dire le nombre d’accidents par rapport au effectifs salariés, a baissé de 28,9%, ces dix dernières années.
Un salarié décède tous les 2,6 jours. Reste que, selon les statistiques de la Caisse nationale de l’assurance maladie Risques professionnels, le bâtiment demeure encore aujourd’hui le secteur d’activité présentant le plus haut niveau de risque pour ses employés. En effet, un salarié décède tous les 2,6 jours des suites d’un accident du travail tandis que 5 à 6 décès par an sont recensés au niveau des enfouissements en tranchée. Soit, au total, 50 à 200 décès chaque année… De même, l’OPPBTP comptabilise 100.000 accidents avec arrêt par an. Soit un accident chaque minute !
Sensibiliser les entreprises à la prévention. Cinq programmes prioritaires ont donc été engagés pour l’horizon 2020, à condition de fédérer et sensibiliser les entreprises du BTP à la culture de la prévention, via le document unique d’évaluation des risques (DUER). Lequel donnera lieu à des enquêtes afin de déterminer, selon son taux de réalisation par les entreprises, s’il présente un impact sur le déploiement de la politique de prévention. Dans le cadre de cette opération baptisée « 100% des entreprises BTP ont un DUER à jour », la priorité sera donnée aux entreprises accueillant des apprentis, en particulier des mineurs.
Lutter contre les accidents graves.Quant au second volet du plan, qui est aussi le plus important, il vise à réduire le nombre d’accidents graves et mortels. Pour chacun d’entre eux, s’ils sont déclarés, l’OPPBTP s’engage à contacter l’entreprise concernée afin de comprendre la raison de l’accident et d’envisager comment, à l’avenir, l’éviter. Parmi les risques prioritaires, seront considérés, outre les chutes de hauteur, l’amiante et les risques chimiques. A cela s’ajoute un certain nombre d’actions combinées, telles que l’outil de prévention des risques chimiques e-Lara, les démarches liées à l’amiante (dont Carto et la convention formation) ainsi que le risque routier professionnel. De plus, l’organisme continuera à apporter une aide individualisée à toute entreprise en situation d’urgence, suite à un accident, un arrêt de chantier, une menace de procès-verbal ou d’injonction.
Réduire le facteur pénibilité sur le chantier. Troisième objectif : l’amélioration des conditions de travail. Un enjeu que l’organisme prend à bras le corps. Pour ce faire, de nombreuses études, observations sur les chantiers, retours d’expérience sur le terrain ont été organisées afin de contribuer à mettre en place des solutions innovantes. A cet égard, l’OPPBTP prend pour exemple les étancheurs dont le problème pourrait être réglé aisément : sur les chantiers de rénovation, ils utilisent trop souvent des pelles pour retirer l’étanchéité existante alors qu’un outil coupant est mieux adapté. Par ailleurs, la collaboration avec les fabricants a conduit, par exemple, à diminuer le poids des rouleaux de bitume et à réduire le bruit des chalumeaux. Ensuite, l’organisme propose une aide à l’évaluation des expositions aux risques, à l’instar du compte pénibilité, par le biais d’un logiciel d’évaluation disponible sur le site preventionbtp.fr, également promut par l’OPPBTP. Le but : assister les organisations patronales à définir des situations professionnelles mais aussi aider les entreprises à intégrer la problématique de la prévention dans leur démarche contre la pénibilité.
Offre digitale d’assistance en ligne. Côté informatique, l’organisme n’est pas en reste. Il vient d’opérer la refonte de son site internet avec, en prime, une offre digitale chargée d’accompagner les entreprises. Cette démarche comprend notamment un projet d’agence en ligne avec intervention virtuelle d’un conseiller OPPBTP sur un chantier mais aussi une offre dédiée aux TPE, comprenant des outils d’assistance en ligne et une mise à disposition de formations sur le net. Ainsi que des forums, des documents en ligne accessibles ou encore des photos et des vidéos. De plus, l’organisme mettra l’accent sur le service de e-conseils en faveur de la prévention doté d’un moteur de recherche boosté. Citons également l’accès facilité au ressources documentaires (fiches prévention, solutions amélioration des conditions de travail…).
Pour aller plus loin, l’OPPBTP se lance dans le big data. En valorisant le traitement de ses bases de contacts en entreprises (en partenariat avec l’UCF), les données numériques seront exploitées pour pousser des propositions d’action et d’information en fonction des profils et historiques de visite du site web afin de développer ses stratégies plus ciblées en s’inspirant du e-marketing et de la e-promotion. Bien sûr, les réseaux sociaux font partie de la nouvelle panoplie d’outils numériques de l’organisme de prévention. Enfin, le 5eme volet concernera l’organisation interne de l’OPPBTP afin de rendre sa structure plus agile.
Ségolène Kahn
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