Utiliser sa montre comme une clé universelle et sécurisée pour accéder à son PC, prendre le volant, pénétrer sur son lieu de travail ou prendre le bus… Autant d’applications que laisse entrevoir la montre connectée iWatch de Biowatch. Unique en son genre, cet accessoire intègre dans le fermoir d’un bracelet de montre (autrement appelé boucle déployante) un dispositif biométrique de reconnaissance du réseau veineux du poignet.
Lecteur biométrique. Il s’agit d’une minuscule caméra infrarouge qui est intégrée à un module comportant, entre autres, des antennes radio (Bluetooth et NFC) et des clés de chiffrement qui servent à crypter les données biométriques de l’utilisateur. Grâce à ce dispositif, l’utilisateur n’a plus à s’authentifier plusieurs fois par jour. « Il lui suffit d’enfiler le bracelet pour s’authentifier une fois pour toute. Dès lors les données transiteront de manière automatique vers les applications. En revanche, dès lors que l’utilisateur retire son bracelet, les données ne seront plus transmises et il devra de nouveau s’authentifier », indique Matthias Vanoni, le co-fondateur et CEO de l’entreprise suisse Biowatch. Le jeune dirigeant sera d’ailleurs présent ce jeudi 30 juin à Paris sur le salon Viva Technology dédié aux innovations.
100 millions d’utilisateurs. Matthias Vanoni a cofondé sa start-up en 2015 avec Joe Rice, l’inventeur de la reconnaissance biométrique par empreinte veineuse. Cette technologie est utilisée par les lecteurs de reconnaissance des veines du doigt par Hitachi et celles de la paume de la main par Fujitsu. Plus de 100 millions de personnes les utilisent quotidiennement. Joe Rice avait envisagé dès 1985 la possibilité d’intégrer dans un fermoir de montre un lecteur biométrique. L’idée a d’emblée séduit Matthias Vanoni. Ce dernier a alors abandonné la thèse de doctorat qu’il menait au sein de l’École polytechnique fédérale de Lausanne afin de se lancer à plein temps dans le projet l’an dernier.
860.000 francs suisses d’aides. Un an plus tard, l’entreprise dispose d’un module prototype qui fait 9 mm d’épaisseur. Soit 2 mm de plus par rapport au projet final. « Nous sommes proches du but », déclare le dirigeant de la start-up qui compte 6 salariés. Sans compter les partenaires. Parmi lesquels l’Idiap Research Institute (anciennement Institut d’intelligence artificielle perceptive), spécialisé notamment en intelligence artificielle et en biométrie, et le Centre suisse d’Electronique et de Microtechnique (CSEM). Tous deux ont reçu respectivement 150.000 et 710.000 francs suisses de la part du gouvernement fédéral afin d’aider Biowatch dans ses recherches.
Partenaires clés. « L’Idiap nous aide à tester et valider nos algorithmes biométriques tandis que le CSEM nous aide à développer le Hardware, notamment le capteur biométrique, les antennes radio et le design de l’architecture du module », indique Matthias Vanoni qui s’appuie aussi sur d’autres partenaires. Dont le français I-Tracing, un intégrateur spécialisé dans la sécurité et la cybersécurité auprès de grands comptes. « Nous aidons Biowatch à mieux connaître les grands comptes et leurs besoins en termes de contrôle d’accès physique et de sécurité informatique », indique Laurent Charvériat, fondateur et DG de I-Tracing.
Tests dès 2017. Cette PME française de 80 salariés est d’ailleurs au capital de Biowatch qui a démarré la commercialisation de kits de tests auprès de constructeurs automobiles français et allemands. « Nous avons démarré également des tests avec le Crédit Agricole pour faire des paiements sans contact », rapporte Matthias Vanoni qui prévoit le démarrage d’une campagne de tests avec des utilisateurs pilotes dès 2017 avant le lancement de la montre Biowatch au moins une année plus tard. « Nous avons prévu de vendre des licences à des fabricants de montres et de bracelets connectés et à des horlogers suisses traditionnels », explique le dirigeant de Biowatch qui s’apprête à boucler un premier tour de table de 1 million d’euros pour financer ses développements avant un second tour de table d’un peu plus de 5 millions d’euros pour lancer son produit sur le marché.
Eliane Kan
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