Si l’autoroute reste plus sûre que la route pour les conducteurs, elle demeure extrêmement dangereuse pour les quelques 5.200 agents autoroutiers d’entretien et de sécurité opérant en France. Pour 2015, l’Association professionnelle des sociétés françaises concessionnaires ou exploitantes d’autoroutes ou d’ouvrages routiers (Asfa) déplore 119 accidents* contre 106 en 2014.
Accidentologie en baisse. Contrairement aux années précédentes, aucun mort n’a toutefois été déploré sachant que, depuis 2002, pas moins de 22 personnes travaillant sur le réseau autoroutier ont été tuées. Le site personnel-autoroutes.com édité par Asfa dénombre pour l’an dernier 15 blessés corporels contre 17 en 2014. Cette accidentologie pourrait encore diminuer dans les prochaines années grâce au projet collaboratif Yellow mené depuis 2015 par Aximum, société spécialisée dans le développement et la commercialisation des équipements de sécurité routière. Cette PME de 129 salariés est basée à Nogent-sur-Oise (Oise). Elle appartient au groupe Colas, leader mondial de la construction et l’entretien des infrastructures de transport.
Budget de 2.6 millions d’euros. Son projet s’inscrit dans le cadre du pôle de compétitivité des transports collectifs urbains de personnes et de marchandises (LUTB). Soutenu financièrement par le 19ème appel à projets du Fonds unique interministériel (FUI), ce programme de recherche consiste à créer d’ici fin 2017 un logiciel de détection et d’alertes pour renforcer la sécurité des chantiers d’autoroutes. Ce projet de 2,6 millions d’euros – dont 970.000 euros de fonds publics, est réalisé en collaboration avec Foxstream, spécialiste français de l’analyse et le traitement automatique d’images en temps réel. Le consortium comporte également deux centres de recherche : l’Institut français des sciences et technologies des transports, de l’aménagement et des réseaux (Ifsttar) et le Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (Cerema).
Des caméras pour détecter les risques de collision. Les systèmes en cours de développement se décomposent en deux parties. D’abord, il s’agit de détecter les véhicules entrant dans la zone de chantier ayant un fort risque de percussion. Cette détection est assurée par une caméra thermique embarquée sur les équipements de balise, comme la flèche lumineuse de rabattement par exemple. Les images sont traitées par un logiciel d’analyses conçu par Foxstream. En cas de risque de collision, des alarmes sonores et visuelles avertissent l’usager de la route en approche ainsi que les agents de chantier. Pour tester la fiabilité et l’ergonomie des dispositifs conçus, une campagne d’évaluation sera réalisée sur simulateur de conduite et en conditions réelles. L’intérêt technologique et sociétal de ce projet ne se limite pas à l’Hexagone. Yellow vient d’être doublement récompensé par la Chartered Institution of Highways and Transportation (CICHT), une institution internationale qui s’intéresse notamment à la construction et à l’exploitation des infrastructures et systèmes de transport.
Eliane Kan
* Les accidents surviennent, le plus souvent, lorsque les patrouilleurs autoroutiers mettent en place des balisages de chantier (41% en 2015) et lorsqu’ils interviennent en urgence pour porter secours aux usagers accidentés (30% en 2015). Les débords sur la bande d’arrêt d’urgence, en particulier ceux des poids lourds, sont à l’origine de nombreux heurts de véhicules arrêtés pour des motifs de service. 1 accident du personnel autoroutier sur 3 a lieu sur la bande d’arrêt d’urgence.
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