La division Security de Honeywell a récemment fusionné avec une autre division, Fire Systems, pour former Honeywell Security and Fire (HSF). Pour quelles raisons ?
Jusqu’ici, nous étions organisés par lignes de produits autour de la sécurité et de la protection incendie. Puis nous avons voulu prendre en compte la tendance très forte à la connectivité : la maison intelligente, l’entreprise intelligente et l’opérateur intelligent. Sachant que, par ailleurs notre groupe, fournit aussi bien des équipements de protection individuelle (EPI) que des équipements électroniques mobiles ou des détecteurs de la qualité de l’air pour protéger les opérateurs dans leur environnement de travail… D’un côté, nous avons voulu capitaliser sur nos compétences et, de l’autre, nous avons misé sur la connectivité pour construire notre réorganisation. Il faut aussi dire que la demande des clients s’oriente de plus en plus vers des solutions globales connectées qui offrent de nombreuses interactions entre les systèmes.
En fait, vous êtes en pleine »transition numérique »…
Exactement ! Et c’est en cela que notre réorganisation est cohérente. Depuis longtemps, nous concevons et fabriquons non seulement des systèmes de détection de fumées et d’incendie mais aussi des systèmes de détection d’intrusion, de contrôle d’accès et de vidéosurveillance. Mais tous ces systèmes fonctionnaient en silos. Or, aujourd’hui, les clients veulent utiliser la vidéosurveillance en levée de doute après une alerte du système de détection d’intrusion, de fumées ou de flammes. Si un incident est avéré, ils veulent récupérer les données du contrôle d’accès pour mieux organiser le plan d’évacuation des personnes présentes sur le site… C’est clair, toutes ces interactions nécessitent de briser les silos. Et, justement, c’est désormais possible car nos solutions sont numériques, c’est-à-dire basées sur le logiciel. A cet égard, notre nouvel axe stratégique, à savoir migrer de plus en plus du monde de la fabrication d’équipements matériels vers celui du développement logiciel, est en phase avec ce fameux décloisonnage des grandes fonctions de sécurité et de sûreté. Cela nécessite aussi d’avoir une plate-forme très complète en matière d’intégration et de développement.
Vous inspirez-vous d’IBM qui, en 2005, a décidé de privilégier le logiciel et les services par rapport aux équipements hardware ?
Tout à fait. Cela signifie également que 70% de nos ingénieurs de développement travaillent actuellement dans le logiciel. Résultat, nous savons désormais interconnecter différentes solutions pour les rendre interactives.
Outre la détection (intrusion, fumées, flammes), le contrôle d’accès et la vidéosurveillance, allez-vous interconnecter, à l’instar de Siemens Building Technologies, votre panoplie de services avec la gestion technique du bâtiment ?
Tout d’abord, nous souhaitons fournir à nos clients intégrateurs des plates-formes capables d’intégrer nos solutions ainsi que celles de tierces parties. A côté de cela, nous sommes focalisés sur la maison avec des équipements connectés pour le contrôle de température, la gestion climatique et énergétique. A cet égard, nous avons acquis le groupe Elster, un leader dans les compteurs électriques intelligents qui est positionné sur le résidentiel ainsi que sur le petit tertiaire pour les PME et TPE. Mais au total, nous couvrons les trois principaux segments de marché : le résidentiel, les PME et les grands comptes. Au final, nous nous rapprochons de la gestion globale de la sécurité et des équipements techniques du bâtiment.
Votre groupe a également annoncé l’acquisition récente de Xtralis. Quelle en est la raison ?
Ce groupe est un des leaders mondiaux dans la détection avancée de fumées, de feux et d’intrusions. Normal, c’est cette société d’origine australienne qui a inventé la détection avancée de fumées par aspiration qui se révèle beaucoup plus rapide que les solutions conventionnelles. C’est pourquoi, partout dans le monde, des Data Centers ont installé ses solutions. En sécurité, Xtralis dispose également d’une offre en analyse vidéo qui complète la détection avancée d’intrusion. Ces technologies viennent à présent étoffer notre portefeuille de solutions.
Et qu’en est-il de l’acquisition du français RSI Video Technologies ?
C’est un des leaders dans la vérification vidéo qui représente désormais une tendance globale parmi les avancées. En général, les solutions d’intrusion détectent une personne qui ne devrait pas être présente dans un bâtiment ou sur un site mais, aujourd’hui, les télésurveilleurs ne se contentent plus d’être notifiés. Ils exigent la levée de doute vidéo afin de réduire très significativement les taux de fausse alarme. Ce qui évite d’envoyer les forces de l’ordre pour rien. Pour nous, l’idée, c’est à présent de développer cette solutions au plan global. En parallèle, nous avons une solution hybride en »Do it yourself » (DIY) destinée aux consommateurs grand public qui veulent installer eux-mêmes leur système de surveillance. Dans la foulée, nous nous appuyons sur ce produit pour aider les consommateurs à construire des réseaux sociaux locaux capables de mutualiser l’effort de surveillance grâce aux habitants d’un même quartier. Avec cette offre, nous sommes en train d’élargir notre porte-feuille afin de toucher cette nouvelle clientèle de DIY.
Propos recueillis par Erick Haehnsen
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