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3D Trust veut jouer les tiers de confiance dans l'impression 3D

Promise à un brillant avenir, l'impression 3D permet aux industriels de fabriquer localement des produits à façon. Ce qui leur évite de les transporter par bateau ou par avion d'un bout à l'autre de la terre. En revanche si les données d'impression ne sont pas sécurisées, l'industriel encourt des risques de vol d'information ou de contrefaçon. Des menaces que devrait écarter le logiciel de 3D Trust dont la mise sur le marché est prévue en 2017.

En 2015, le marché de l’impression 3D a dépassé la barre des 5 milliards de dollars, soit une croissance annuelle de près de 26 %, selon le cabinet d’études Wohlers Associates. Tous les secteurs industriels sont intéressés par ce nouveau procédé qui ne se cantonne pas seulement à la fabrication de prototypes. Il vise désormais la production de pièces détaillées et de rechange, notamment dans l’automobile et l’aéronautique. Ainsi l’avionneur Airbus a-t-il imprimé en 3D plus de 1.000 pièces pour son A350, selon Stratasys, le leader de l’impression 3D. Son grand rival Boeing a d’ailleurs déposé en 2015 un brevet sur l’impression 3D de pièces détachées.

100 milliards de dollars de pertes par an dues au vol de propriété intellectuelle

Promis au grand décollage, l’impression 3D suscite néanmoins certaines réserves. A commencer par le risque de piratage de la propriété intellectuelle. « Le cabinet d’analyse américain Gartner estime à 100 milliards de dollars par an à partir de 2018 les pertes annuelles causées en matière de propriété intellectuelle par l’impression 3D », rapporte Alexandre Guérin, un des trois cofondateurs de 3dTrust, une startup de six personnes hébergée au BizLab, l’accélérateur toulousain d’Airbus. L’entreprise a pour vocation de jouer le tiers de confiance en fournissant aux industriels un logiciel qui va sécuriser l’impression 3D vis-à-vis des sous-traitants en charge de fabriquer les pièces à distance. Attendu pour 2017, ce produit innovant disposera de plusieurs fonctionnalités. D’abord, les fichiers transmis seront préalablement cryptés puis distribués aux imprimantes locales pour être fabriqués en 3D. Grâce à ce système, l’industriel aura l’assurance que son sous-traitant ne pourra ni voir les données d’impression, ni les stocker, ni même imprimer le fichier de manière illimitée. Ce qui prévient du vol de données et des contrefaçons. Sa technologie est basée sur du chiffrement mais aussi sur un système d’architecture distribuée utilisant la Blockchain. « Ce qui signifie que toute modification dans l’envoi ou le traitement des données fera l’objet d’un enregistrement », résume Alexandre Guérin.

Un certificat d’origine garantira que l’impression de la pièce est conforme au cahier des charges de l’industriel

Autre point fort, une fois les produits imprimés, la solution générera un certificat d’origine qui garantira que la pièce a été fabriquée conformément au cahier des charges de l’industriel. En effet, il faut savoir que l’impression 3D peut générer de petits décalages susceptibles d’avoir un impact sur la géométrie de la pièce. Pour vérifier que celle-ci n’a pas de tels défauts, 3dTrust a mis au point un procédé qui récupère les données délivrées par les capteurs de l’imprimante. « Ces dernières sont comparées au fichier de référence créé par l’industriel, ce qui permet de vérifier à distance que la pièce a été fabriquée selon les normes de qualité requises », rapporte Alexandre Guérin. Pour l’heure, 3dTrust s’emploie à développer des partenariats avec les fabricants d’imprimantes 3D afin d’offrir une solution logicielle interopérable en 2017 avec un maximum de machines. L’entreprise, qui a réalisé une importante levée de fonds, s’emploie actuellement à étoffer son équipe d’ingénieurs afin d’industrialiser sa solution et d’internationaliser les ventes.

Eliane Kan

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