10,2 milliards d’euros de manque à gagner par an, c’est ce que subit l’industrie pharmaceutique européenne face au marché de la contrefaçon de médicaments. Quant à l’industrie pharmaceutique française, elle subirait des pertes évaluées à 1,02 milliard d’euros par an, soit 3% des ventes des laboratoires pharmaceutiques français. Ces chiffres sans appel ont ont été publiés jeudi 29 septembre par l’Office de l’Union européenne pour la propriété intellectuelle (EUIPO) à l’occasion d’une enquête sur le marché des faux médicaments et leur impact sur l’économie de l’Union européenne.
Impact sur l’emploi : perte de 9.000 emplois par an en France
Selon l’étude, la contrefaçon de médicaments ferait perdre 3.667 emplois chaque année en France, sur les 98.810 salariés de l’industrie pharmaceutique, cela représenterait donc 2,6%. Mais cette industrie n’est pas la seule à être impactée ! En effet, l’organisme affirme que d’autres secteurs subiraient eux aussi les conséquences de la contrefaçon médicamenteuse. Par exemple, l’étude montre que les laboratoires pharmaceutiques sollicitent moins leurs fournisseurs sur l’achat de produits, ce qui ferait donc reculer le marché des fournitures pharmaceutiques : « L’industrie légitime vendant moins de produits qu’elle n’en aurait [écoulés] en l’absence de contrefaçon, elle emploie également moins de travailleurs », poursuit le rapport. En résulterait une perte de 9.212 emplois par an en France.
La France s’en tirerait mieux que ses voisins
Si la France observe un manque à gagner de 1,02 milliard d’euros par an, une somme vertigineuse, elle s’en tirerait en fait mieux que ses voisins à savoir l’Allemagne (1,05 milliards d’euros), l’Espagne (1,19 milliard) et l’Italie qui est particulièrement touchée (1,59 milliard).
La contrefaçon médicamenteuse, un business juteux
Malgré tout, le marché des faux médicaments a encore de beaux jours devant lui. En témoignent ses recettes s’élevant à 75 milliards de dollars (67 milliards d’euros) en 2010 dans le monde entier, soit deux fois plus qu’en 2005, selon l’Institut national de recherche anti-contrefaçon de médicament (Iracm). Et si ce n’était que cela ! En 2014, ce marché illicite s’évaluait à 200 milliards de dollars selon le World Economic Forum. Ainsi ce marché dépasserait-il largement ceux de la drogue et de la prostitution. Quant au pertes mondiales pour l’industrie pharmaceutique, elle varieraient entre 7% et 20% de leur chiffre d’affaire global.
Ségolène Kahn
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