Face aux grands bouleversements que subit le monde, l’INRS a mené un travail de prospective pour imaginer les nouvelles tendances qui règneront sur le monde du travail, et notamment en matière de prévention, de santé et de sécurité au travail.
Pandémie, guerre en Ukraine et au Moyen-Orient, crise économique… avec les nombreux incidents qui ont bouleversé le monde, de nouveaux enjeux émergent en matière de santé et de sécurité au travail. Pour en définir les contours, l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) s’est livré à un exercice de prospective. Lundi 20 novembre, l’organisme a présenté les résultats des grandes tendances en matière de prévention qui pourraient émerger à l’horizon 2040. Pour réaliser cette enquête, l’INRS a développé une une méthode basée sur le « Design Fiction » qui consiste à imaginer des profils de travailleurs susceptibles de voir le jour.
Un environnement turbulent
« Depuis les années 2000, l’accumulation des crises (économique, sanitaire, écologique, géopolitique) a façonné l’environnement particulièrement turbulent qui caractérise aujourd’hui l’économie et dans lequel les entreprises doivent évoluer », rappelle Suzy Canivenc, chercheuse associée à la chaire Futur de l’industrie et du travail (FIT) de l’École des Mines de Paris-PSL. Outre l’impact financier, ces crises pèsent également sur le rapport au travail des salariés en modifiant leurs aspirations.
Vers un rapport au travail plus individuel
Parmi les mutations organisationnelles en découlent, l’INRS observe un rapport au travail de plus en plus individuel au détriment du collectif. Les travailleurs se désintéressent également des métiers considérés comme non « télétravaillables ». Par ailleurs, le travail indépendant séduit de plus en plus et le numérique gagne en importance dans toutes les dimensions du travail… Face à ces changements, le rapport conseille aux entreprises de redoubler de flexibilité et d’agilité pour définir leurs modalités de pilotage du travail.
Des statuts hybrides
D’ici 2040, l’analyse prospective de l’INRS prévoit l’émergence d’autres tendances clés : hybridation des statuts d’indépendants et de salariés, développement de la pluriactivité, développement de nouveaux modes de management… Autant de d’évolutions qui vont impacter les critères en matière de santé et de sécurité au travail.
Une méthode de design fiction
Pour s’en faire un idée plus précise, l’INRS a imaginé plusieurs profils d’organisations de travail susceptibles d’apparaître d’ici à 2040. Il s’agit par exemple des responsabilités en santé et sécurité au travail (SST) et l’hétérogénéité statutaire des travailleurs, le dialogue social et professionnel et la participation des travailleurs. Ou encore la mobilisation des technologies au service de la SST…
Des travailleurs plus isolés
Malgré certaines opportunités de prévention, le rapport identifie plusieurs tendances désavantageuses : la flexibilisation accrue du travail susceptible d’isoler les travailleurs, le remplacement du management intermédiaire par un management algorithmique. Mais aussi la multiplication des situations de co-activité en raison d’un recours accru à la sous-traitance et au travail temporaire…
Évolution du rôle des préventeurs
Face à ces nouvelles organisations du travail, les acteurs de la prévention vont devoir s’adapter. Il faut dire que leurs pratiques pourraient de plus en plus consister à accompagner les transformations technico-organisationnelles des entreprises. Mais également à mettre en place un dialogue social et professionnel au sein des organisations où ils interviennent.
Ségolène Kahn
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