Depuis les attentats du 13 novembre et ceux de Nice et face à la volonté de certains citoyens de prendre une part active à la défense de leur pays, le gouvernement s’était fait un point d’honneur à vouloir consolider les « réserves » de l’armée, de la gendarmerie et de la police. C’est désormais chose faite puisque mercredi dernier, le gouvernement vient d’officialiser le lancement d’une « garde nationale » avec la création d’un site Internet destiné à enregistrer les volontaires et la nomination du général Poncelin de Raucourt au secrétariat général.
Plus de réservistes et plus de budget
Forte d’un effectif de 63.000 personnes, la garde nationale devra augmenter de 35% d’ici 2018 et passer à 85.000 personnes, réparties entre la défense (terre, air, mer) avec 40 000 personnels et autant pour la gendarmerie. Les 5 000 restants seront destinés à renforcer les rangs de la police nationale. En ce qui concerne les réservistes, l’objectif est de passer à 9.250 hommes déployés sur le terrain quotidiennement, contre moins de 3.000 avant l’attentat de Nice et 5.500 depuis. Avec un temps de présence sur le terrain qui devra lui aussi augmenter, passant de vingt-quatre jours actuellement à trente-sept.
Côté budget, une hausse est également à prévoir à hauteur de 311 millions d’euros en 2017, soit 100 millions de plus que ce qui était prévu. Cette allocation traduit la politique du ministère de la défense de rénover et rajeunir notamment sa réserve opérationnelle. Considérée comme le parent déguenillé de l’armée, cette force d’appoint a longtemps été en première ligne lorsqu’il s’agissait de coupes budgétaires.
Le manque de disponibilité
L’une des principales pierres d’achoppement au déploiement des réserves est bien sûr financière. En effet, ce ne sont pas les candidats qui manquent, mais la capacité financière des armées à les rémunérer, les équiper, ou encore les armer ! D’autant que cette campagne de mobilisation des forces « pose la question de la disponibilité du réserviste, et donc de sa relation à son employeur » comme le souligne la fédération nationale des réservistes opérationnels et citoyens de la gendarmerie nationale (ANORGEND) dans son dernier rapport. En effet, quoi de plus problématique qu’un réserviste ne pouvant se libérer de ses obligations professionnelles pour défendre son pays, faute de moyens financiers ou d’accord avec l’employeur ?
Arguments financiers
A cet égard, plusieurs mesures ont été mises en place par le gouvernement. Tout d’abord la possibilité pour les salariés d’avertir leur patron de leur départ en réserve grâce à un préavis plus court, de quinze jours au lieu d’un mois. L’employeur n’ayant droit au refus qu’en cas d’une absence de plus de dix jours. Ajoutons à cela la création d’un crédit d’impôt à destination des employeurs, correspondant au salaire versé durant l’absence du réserviste.
Enfin, afin de faire naître la fibre patriotique chez les jeunes d’au moins 17 ans, le gouvernement a trouvé un argument très convainquant : en échange d’une réserve d’au moins cinquante jours, toutes les personnes de moins de 25 ans qui se seront engagées recevront une aide de 1 000 euros pour le financement de leur permis de conduire. De même contre un engagement de cinq ans, les étudiants de moins de 25 ans recevront une prime mensuelle de 100 euros, en échange de trente-sept jours de réserve annuelle. Avec en plus, la perspective honorifique de se faire épingler plusieurs récompenses à l’uniforme. Cela fait réfléchir… !
Ségolène Kahn
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