Particulièrement fragiles face aux autres usagers de la route, les conducteurs de deux roues motorisés sont appelés à renforcer leur protection individuelle afin de limiter les lésions corporelles en cas d’accident. 43 ans après l’obligation du port de casque, entrée en vigueur le 1 juillet 1973, le gouvernement a décidé d’obliger ces usagers à s’équiper de gants de motocyclisme certifiés CE dès le 20 novembre prochain. Faute de quoi, ils seront sanctionnés d’une amende de 68 euros minorée à 45 euros en cas de paiement dans les 15 jours (ce qui est le prix d’une paire de gants certifiés) pour le conducteur et le passager. Ces dispositions ont été prises en vertu du décret 2016-1232 paru le 20 septembre 2016 au Journal officiel. Le texte concerne les usagers de motos, scooters mais aussi tricycles, quadricycles à moteur et cyclomoteurs*.
Résister aux frottements, à l’abrasion, la perforation et la coupure
Il faut dire que le risque est réel pour ces usagers de la route. Selon une enquête TNS Sofres menée en France pour la Sécurité routière, plus de 7 conducteurs de deux-roues motorisés sur 10 déclarent avoir déjà chuté et, parmi eux, plus de 2 sur 5 ont été blessés lors de cet accident. Si les conducteurs ont déjà adopté, en majorité, le port de gants, 12% d’entre eux manquent encore à l’appel. Or, en cas d’accident, les blessures aux mains sont très courantes car le premier réflexe est de les mettre en avant en cas de projection au sol. Environ 20% des victimes à deux-roues motorisé sont atteintes à la main ou au poignet (estimation Registre du Rhône). Alors que, lors d’un accident avec des gants épais, les blessures aux mains sont atténuées ou évitées dans 95% des cas pour les motocyclistes et 87% des cas pour les cyclomotoristes (Source MAIDS – Étude approfondie sur les accidents en motocycles). Un arrêté précise les caractéristiques des gants qui doivent être portés. Pour obtenir la certification CE, ces équipements doivent permettre d’éviter toute lésion. Ils sont conçus pour résister aux frottements, à l’abrasion, la perforation et la coupure.
Plus de 12.000 usagers des deux roues blessés gravement en 2015
Le port de gants ne suffit évidemment pas à protéger le conducteur en cas d’accident grave. En 2015, selon l’Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR), les deux-roues motorisés ont représenté 43% des blessés graves, soit plus de 12.000 personnes, pour seulement 2% du trafic. La gravité de ces blessures pourrait être amoindrie avec le port d’un airbag de sécurité. Il en existe différentes versions qui sont en général reliées par un câble à la moto. Mais une nouvelle génération pointe son nez. Il s’agit d’un gilet airbag qui se présente comme le premier produit autonome dépourvu de câble ou de capteur à poser sur l’engin. Il a été a été conçu et développé par le français In&Motion, une startup créée en octobre 2014 par trois ingénieurs de l’Ecole catholique d’arts et métiers (Ecam).
Gilet airbag complètement autonome
Installée à Annecy (Haute-Savoie), la startup est spécialisée dans la conception et le développement d’airbags autonomes. Elle s’est fait connaître avec le premier gilet connecté pour skieur intégrant un airbag. Ce vêtement de protection mesure les mouvements en temps réel et anticipe les chutes afin de déclencher l’airbag avant l’impact au sol. Distingué par plusieurs prix, dont celui de l’innovation au dernier CES de Las Vegas, il est en vente depuis le mois dernier. Parallèlement, In&Motion s’est attachée à développer une version dédiée aux usagers des deux roues. Conçu en partenariat avec l’équipementier Ixon, ce gilet airbag s’enfile sous n’importe quelle veste. A l’intérieur, plus précisément au niveau de la dorsale (plaque de mousse de protection homologuée) se loge un boîtier électronique constitué de capteurs et d’un algorithme. En cas de détection de chute, il lui suffira de 100 millisecondes pour remplir de gaz l’intérieur du gilet – le dépôt de brevet est en cours. De quoi envelopper l’abdomen, les épaules et le dos du conducteur. « Le gaz est diffusé par une cartouche homologuée qu’il suffira de remplacer après usage », indique Anne-Laure Hoegeli, porte-parole d’In&Motion.
Une campagne d’essais réunira 500 motards
Soucieuse d’améliorer son produit, l’entreprise a décidé de lancer une campagne de tests baptisée AirbagRevolution. « 500 motards ou conducteurs de scooters vont être sélectionnés afin de parcourir dès le printemps prochain un million de kilomètres au total durant 180 jours », indique l’entreprise qui prévoit la commercialisation du produit en 2018. D’ici là, les volontaires qui veulent répondre à cet appel peuvent s’inscrire jusqu’au 16 janvier prochain sur le site d’In&Motion.
Eliane Kan
* Une dérogation est toutefois accordée aux usagers de ces véhicules lorsque ceux-ci sont équipés à la fois de ceinture de sécurité et de portière.
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