Le constat de la branche risques professionnels de l’assurance maladie est sans appel : la lombalgie* est la maladie de notre siècle et, de fait, elle coûte très cher. A savoir la somme colossale de près d’un milliard d’euros par an. Pas étonnant puisqu’un accident sur cinq se solde par une lombalgie. De même, si l’on peut se targuer du fait que les accidents du travail sont au plus bas depuis 70 ans avec un indice de 33,9 pour 1.000 salariés en 2015, il n’en demeure pas moins que le problème des lombalgies est loin d’être résolu. Au contraire, cette pathologie, qui représente 19,1% des accidents du travail, observe une hausse de 13% depuis dix ans. Donc, en dépit de la baisse de la sinistralité, le taux de lombalgies augmente. Qui plus est, son coût seul correspondrait à celui de l’ensemble des autres troubles musculosquelettiques (TMS). Ces derniers constituent 87% des maladies professionnelles. C’est le problème majeur des travailleurs français, c’est dire ! Du côté de l’Assurance maladie – risques professionnels, la consternation semble régner : « C’est un problème de santé publique qu’on n’arrive pas à toucher ni réduire » , déplore Marine Jeantet, directrice des risques professionnels, lors de la conférence de presse donnée à l’occasion de la publication de ce nouveau rapport.
167.000 accidents du travail par an
Cette pathologie, extrêmement pénible pour celui qui l’endure, entraîne des crises douloureuses qui donnent lieu à des arrêts courts (moins de deux semaines) mais récurrents. Du coup, non seulement elle coûte très cher mais elle concerne aussi un très grand nombre de personnes de manière répétitive. A savoir 167.000 accidents du travail par an occasionnés par une lombalgie. Si ces arrêts affectent principalement les secteurs des soins à la personne et de la logistique, 50% d’entre eux ont pour origine la « manutention manuelle » et les chutes pour 10%. Les lombalgies correspondent également à 15% des accidents du trajet ainsi qu’à 7% des maladies professionnelles reconnues. Dans ce cas, la lombalgie est considérée comme un syndrome récurrent, une pathologie donc bien plus difficile à traiter.
Le secteur des services à la personne sous haute vigilance
Quoi qu’il en soit, un constat demeure. Ce mal, loin de s’enrayer, est susceptible de devenir de plus en plus préoccupant. En effet, mis à part la sphère professionnelle, c’est un Français sur deux qui serait touché par les lombalgies. Dans un contexte de vieillissement général de notre population, le phénomène a de quoi en inquiéter plus d’un. A commencer par la branche risques professionnels qui face à ce constat, souhaite « sensibiliser le secteur des services à la personne », surtout en ce qui concerne les maisons de retraite. D’autant que ce secteur, à rebours de la tendance générale, connaît une augmentation de 3,4% par an des accidents du travail. Lesquels, s’avèrent être trois fois plus nombreux que dans les autres secteurs (92,7 pour 1000 salariés).
Ségolène Kahn
* Les lombalgies selon l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) ont, par définition, une symptomatologie douloureuse siégeant au niveau du bas du dos. Ses expressions sont variées : lourdeur, raideur, douleur franche, lumbago, irritation ou compression des racines…
Commentez