Suite à la sécheresse et aux vagues de chaleurs caniculaires qui ont touché l’ensemble du pays, l’année 2022 a été marquée par de nombreux feux de forêts dévastateurs comme en Gironde. Le ministère de l’Intérieur fait le bilan de cette saison hors norme.
72 000 hectares, c’est la superficie de la surface brûlée en France en 2022, comprenant forêts, cultures et espaces naturels. Avec 19 711 incendies enregistrés, cela fait de 2022 une année historique non seulement en termes de bilan écologique, mais également en termes de moyens déployés pour maîtriser ces feux et protéger les populations. Plus que le nombre d’hectares brûlés, c’est la simultanéité des feux d’envergure et leur répartition sur l’ensemble du territoire métropolitain qui représentent les points marquants de la saison. En effet, le risque feux de forêt concerne désormais la totalité du territoire métropolitain, et non plus uniquement le pourtour méditerranéen. Comme le Morbihan, le Jura, l’Isère, la Loire-Atlantique ou encore la Sarthe, ce sont au total 90 départements qui ont comptabilisé un événement significatif l’année passée. Ces feux d’une intensité rare constituent un danger pour les personnes, les biens et l’environnement et nécessitent donc l’intervention de moyens importants, à la fois au niveau terrestre et aérien.
Avec 19 711 incendies, 72 000 hectares de bois, cultures et espaces naturels sont partis en fumée dans 90 départements en France en 2022. © ministère de l’Intérieur
1 000 sapeurs-pompiers mobilisés chaque jour
Pour faire face aux feux de forêt sur l’ensemble de la France, jusqu’à 10 000 sapeurs-pompiers étaient mobilisés chaque jour. En complément des 24 colonnes de renfort prévues pour la saison, 20 colonnes supplémentaires ont été engagées, représentant 3 080 sapeurs-pompiers venus de nombreux départements, afin de lutter contre les incendies mais également afin de renforcer les centres d’incendie et de secours, sur des interventions de secours à personne ou encore de feux urbains. Près de 550 sapeurs-sauveteurs issus des formations militaires de la Sécurité civile ont également œuvré quotidiennement au maillage territorial de surveillance en complément des services d’incendie et de secours.
Dix-neuf avions et dix hélicoptères bombardiers d’eau
Du côté aérien, les dix-neuf avions bombardiers d’eau de la Sécurité civile ont réalisé 3 800 heures de vol sur feu. Les douze Canadair et les sept Dash ont effectué 8 600 largages (contre 3 600 en 2021). Le dispositif aérien de la Sécurité civile a été complété par la location de dix hélicoptères bombardiers d’eau lourds (soit 8 de plus par rapport à l’année précédente). Au total, ces dix appareils ont réalisé 5 700 largages. Mobilisés pour des opérations de reconnaissance et de guidage des bombardiers d’eau, les hélicoptères Dragon de la Sécurité civile ont réalisé quant à eux 298 missions feux de forêt pour 356 heures de vol.
Europe : mise à disposition de huit avions bombardiers d’eau
Dès le début de l’été 2022, le gouvernement français a décidé d’activer le Mécanisme de protection civile de l’Union européenne (MPCU) en soutien des forces de secours nationales. Mis en place en 2001, ce mécanisme a pour but de renforcer la coopération des pays-membres et de venir en aide à un pays quand ce dernier est dépassé dans ses capacités de réponse par l’ampleur d’une catastrophe. Grâce à ce dernier, deux Canadair grecs ont été mobilisés ainsi que six avions bombardiers d’eau en provenance d’Italie, de Grèce et de Suède. Sur le terrain, en appui des sapeurs-pompiers et des sapeurs-sauveteurs, 360 personnels allemands, autrichiens, polonais et roumains sont également venus en renfort en Gironde.
Selon le ministre de l’Intérieur, neuf Dash seront en action dès cet été. CC Gérard Joyon
De nouveaux moyens annoncés
« Deux Canadair pourront être positionnés en Gironde, 48 heures avant un risque, estimé par Météo France », pour lutter contre les incendies dans le sud-ouest, a annoncé Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, ce mardi 11 avril lors d’un déplacement sur la base aérienne de Cazaux (33). Il s’agit d’un « renforcement inédit des moyens aériens. Pour la première fois, des moyens aériens de lutte contre les incendies seront pré-positionnés en Gironde. Un hélicoptère bombardier d’eau en juin. Un Dash en juillet, poursuit le locataire de la place Beauvau au micro de franceinfo. L’arrivée du huitième Dash en juin permettra de compléter la flotte de bombardiers d’eau. Un neuvième Dash est en cours de location pour être opérationnel cet été. (…) Quatre avions bombardiers d’eau de type Air Tractor seront loués à partir du 1er juillet. (…) Jusqu’à dix hélicoptères bombardiers d’eau seront loués au cœur de la saison dont deux rejoindront la flotte nationale dès le début du mois de juin et quatre pourront être employés jusqu’à fin septembre. (…) Un deuxième Beech sera équipé d’une boule optronique, permettant une analyse précise et en direct d’un feu pour aider à la décision opérationnelle. »
Des efforts encore insuffisants
« Ce renforcement des moyens était nécessaire mais il ne sera pas suffisant », analysait ce mercredi 12 avril sur franceinfo Sébastien Lahaye, ancien pompier et coordinateur de projets européens autour de la gestion des feux. En effet, ces mesures oublient la sécheresse de cet hiver qui augmente, pour cet été, la menace de feux de grande ampleur. De fait, outre le sud-ouest et le sud-est, les méga feux sont désormais susceptibles de démarrer n’importe où sur le territoire. En prévention, il serait temps d’appliquer enfin une politique efficace de débroussaillement en France.
Erick Haehnsen
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