Qui n’a jamais raccompagné le soir chez elle une amie, une personne âgée ou encore une personne vivant dans un quartier sensible ? Qui n’a jamais préféré rentrer avant que la nuit ne tombe ou évité les ruelles sombres ? Ou encore qui n’a jamais entendu parler des très nombreuses et brutales agressions survenant quotidiennement sur le trajet des RER C et D en région parisienne ? En réaction à cela et en se basant sur le principe du co-voiturage, une application, Mon Chaperon, est en train de voir le jour afin de proposer à ses utilisateurs de se faire « chaperonner » ou tout simplement raccompagner durant leurs déplacements et surtout de ne plus craindre de rentrer chez eux après la nuit tombée.
Un climat d’insécurité bien présent
A cet égard, les chiffres que le fondateur de l’application, Fabien Boyaval nous livre, auraient largement de quoi alimenter les débats présidentiels sur l’insécurité. Selon une étude menée par la Fédération nationale des associations d’usagers des transports (FNAUT), la majeure partie des femmes (97%) sont, en général, seules quand elles se font harceler. Qui plus est, 95% des femmes interrogées disent déjà avoir été victimes de harcèlement de la part d’un homme. Dans le métro parisien, ce constat, allant du simple sifflement à l’agression sexuelle dans le pire des cas, ferait même l’unanimité des sondées selon le Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCEfh). Du coup, à partir d’une certaine heure, 54% des femmes préfèrent éviter de se déplacer en transports publics pour éviter les ennuis. Plus alarmant encore, en 2015, environ 1.049 femmes par jour ont été victimes de violences physiques hors-ménages alors qu’en 2014, elles étaient 767, selon l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP). D’ailleurs en 2015, le nombre d’agressions a particulièrement augmenté du côté des femmes : 382.000 Françaises de plus de 14 ans ont été victimes de violences physiques hors-ménage en 2015, contre 280.000 en 2014 !
Agir avant qu’un drame ne survienne encore
C’est suite à un épisode traumatisant vécu par une personne de son entourage rentrant seule chez elle que Fabien Boyaval a décidé de créer son application : « J’ai été très frappé par cette histoire. Je me suis dit que la plupart des gens ont déjà raccompagné une personne avec qui ils avaient passé une soirée jusqu’au parking ou jusqu’à chez elle. Alors pourquoi ne pas donner cette possibilité aux personnes qui se retrouvent seules ?, évoque le fondateur. Il me semble anormal que l’insécurité ressentie conduise les gens à devoir changer leurs modes de vie, limiter leurs sorties, leurs déplacements ou encore leur façon de s’habiller. » D’où l’idée d’un service de co-piétonnage : de fait en général, il suffit d’être deux pour dissuader une personne mal intentionnée.
Faire le chemin avec une personne du voisinage
Côté fonctionnement, le principe est simple : les utilisateurs se divisent en deux groupes, les chaperons et les chaperonnés. En ce qui concerne cette dernière catégorie, il lui suffit d’entrer son adresse de départ et d’arrivée, puis de choisir son compagnon parmi la liste des chaperons. Un choix qui dépend du degré de proximité des utilisateurs entre eux mais aussi en fonction de la réputation du chaperon. A cet égard, et à l’instar des services de co-voiturage ou de VTC, les chaperonnés ont la possibilité de noter leur accompagnateur et de laisser un commentaire. Du côté des accompagnateurs, comptons les Chaperons citoyens, à savoir un simple utilisateur dont le trajet de retour ce soir-là se trouve être le même que la personne demandeuse. L’itinéraire validé, cet accompagnateur peut choisir d’être rétribué de quelques euros ou bien de le faire gracieusement. Une forme d’activité qui pourrait intéresser les personnes souhaitant devenir Chaperon privé et arrondir ainsi leur fin de mois en se mettant à disposition plusieurs soirs par semaine. Dans ce cas-là, le principe de fonctionnement s’apparente à celui d’Uber, la démarche est professionnalisée, les tarifs sont définis à l’avance et payables en ligne.
Ségolène Kahn
Commentez