Demain, le vêtement de travail sera connecté et autonome, c’est à dire capable non seulement de communiquer avec une application dans le cloud mais aussi de se recharger en énergie par simple mouvement du corps. Ce concept très innovant est en cours de préparation grâce au programme de recherche Autonex qui figure parmi les projets nationaux des Solutions d’avenir pour l’industrie française. Financé à hauteur de 9 millions d’euros dont la moitié provient de BPIFrance, ce projet rassemble un nombre impressionnant de centres de recherche et d’entreprises*. De quoi couvrir toute la chaîne de valeur nécessaire au développement, à l’industrialisation et au lancement de nouveaux produits textiles intelligents et lavables en machine.
Fibres à effet piezo-electrique pour convertir le mouvement en électricité
Dans leurs tablettes, les membres du projet Autonotex prévoient, entre autres, une nouvelle génération d’équipements de protection individuelle (EPI) destinés aux pompiers. « Ces vêtements intelligents collecteront des informations sur l’état physiologique du soldat du feu avec des détecteurs de stress, de fatigue ou de déshydratation intégrés dans la fibre », nous décrit Patrick Guilleminot, en charge des innovations au sein du groupe industriel textile Mulliez-Flory (63 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2015). Basée près d’Angers (Maine-et-Loire), l’entreprise revendique 7,5 millions de pièces vendues, 10.000 clients actifs et 1,5 million de salariés habillés par ses soins.
Sur ses 750 salariés, elle en compte 270 en France dont une vingtaine sont mobilisés sur l’innovation.
Des fibres pour produire et stocker l’énergie
Quatre projets de recherche sont en cours**. Parmi lesquels, Autonotex dont Mulliez-Flory a le pilotage et qui vise, entre autres, à concevoir des fibres capables de produire et de stocker de l’énergie. Il s’agit en l’occurrence de fibres PVDF (polyfluorure de vinylidene) à effet piézoélectrique. Elaborées par le chimiste Arkema, elles ont pour particularité de convertir l’énergie mécanique en électricité. « Ces fibres devront produire l’électricité nécessaire pour alimenter les capteurs, traiter les données et les communiquer en temps réel via les réseaux bas débit dédiés à l’internet des objets comme le Buetooth Low Energy, Lora ou Sigfox. Tout dépendra de la quantité d’énergie délivrée », indique Patrick Guilleminot. Le projet lancé fin 2015 devrait se terminer dans deux ans. Outre la réalisation d’EPI connectés et autonomes, il est également prévu de développer des draps médicaux de sécurisation pour les personnes atteintes de maladie d’Alzheimer.
Eliane Kan
*Le projet réunit des centres de recherche (CETI, l’ENSAIT, l’IEMN, CANOE, L’Institut Mines Telecom, les Mines de Saint-Etienne et de Paris) et des entreprises (Mulliez‐Flory, Eminence, Nicomatic, Arkema, Percall, TDV industries)
** Outre le projet Autonotex, Mulliez Flory participe à trois autres projets de recherche. A commencer par Mesotex qui consistera à produire des vêtements professionnels capables de retenir les mauvaises odeurs grâce à la présence de mésoparticules dont la taille se situe entre le nano et le micromètre. Lancé pour une durée de 36 mois avec l’Institut français du textile et de l’habillement (IFTH), le projet va se poursuivre pendant encore 18 mois. Citons aussi le projet mené avec le groupe d’ingénierie Altran et qui porte sur un vêtement connecté pour mesurer la pénibilité au travail. La pré-industrialisation et les préséries sont prévues au deuxième trimestre 2017. Enfin, le troisième projet concerne la réalisation d’un système expert qui aidera les salariés à mieux choisir leur vêtement en fonction de leurs mensurations et de leurs habitudes vestimentaires. Ce service sera proposé en 2018 aux clients de Mulliez-Flory.
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