Interview du fondateur de Pilion, une startup qui réinvente l’échafaudage avec un modèle en accordéon, ultra sécurisé qui limite les risques de chute, tout en réduisant les coûts de chantier. L’idée a séduit le Groupe Vinci qui accompagne la jeune pousse dans le cadre de son programme Seed et de l’accélérateur Impulse Partners.
A quoi ressemble votre échafaudage en accordéon ?
Notre Pilion, du nom de l’entreprise et de l’échafaudage, se présente comme un millefeuille de 3 mètres de long posé sur le sol et dans lequel sont pré-assemblés les différents étages de la structure. Pour l’installer, il suffit de soulever le dernier étage avec une grue ou tout autre engin de levage afin que les niveaux se déploient comme les soufflets d’un accordéon. Ensuite, il ne reste plus qu’à ancrer l’échafaudage à la façade.
Comment Pilion contribue-t-il à améliorer les conditions de travail et à limiter les risques d’accident ?
D’abord, à la différence des échafaudages traditionnels, il ne sera plus nécessaire d’assembler manuellement les différents composants tels que les planchers, plinthes, garde-corps et rambardes de sécurité. Comme les protections seront pré-installées, cela va limiter les risques de chute. En outre, les opérations de montage seront moins pénibles car les opérateurs n’auront plus à porter manuellement ces éléments métalliques. Par ailleurs, nous avons conçu un système inédit de rallonge intégrée sous le plancher et que l’on déploie depuis l’étage inférieur afin d’aider l’opérateur à se rapprocher à 20 cm de la façade, et donc à toujours respecter la réglementation.
Quelle est la genèse de cette invention ?
J’en ai eu l’idée en voyant une personne déplier sa valise télescopique à Batimat. Travaillant au ministère de la transition écologique à l’époque, je m’étais intéressé à la rénovation thermique des bâtiments et je savais que la pose d’un échafaudage pouvait représenter 5 à 10 % du budget total d’un chantier. Je me suis dit que déplier un échafaudage en façade, comme cette valise, faciliterait l’installation bien plus rapide et diminuerait les coûts de la rénovation thermique. De fait, notre solution devrait diviser ce coût par 5 ou 10 par rapport à un échafaudage conventionnel.
A quel type de bâtiment s’adresse votre solution ?
Nous nous adressons à des bâtiments urbains, en particulier HLM et bureaux, de plus de deux étages avec des hauteurs qui peuvent atteindre 40 mètres.
Comment avez-vous financé vos développements et à quel stade en êtes-vous ?
J’ai financé nos développements sur mes fonds propres. Nous sommes aujourd’hui quatre associés dont trois ingénieurs en BTP. Notre échafaudage est conçu pour supporter 600 kg par mètre carré, soit le niveau le plus exigeant. Il a fait l’objet d’un brevet européen déposé devant l’Inpi. Après deux ans de réflexion et la création de modèles numériques 3D satisfaisants en termes de charge et de résistance au vent, nous arrivons à la phase de prototypage en taille réelle.
A quelle échéance prévoyez-vous de le commercialiser ?
Grâce à des partenaires industriels, nous prévoyons la sortie de l’échafaudage au premier semestre 2024. Il sera disponible à la vente ou à la location.
Propos recueillis par Eliane Kan
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