La Commission européenne vient d’annoncer de nouvelles mesures destinées à protéger les salariés sur leur lieu de travail, à l’instar de son plan d’action santé et sécurité au travail dans l’Union européenne. Dans ce cadre, l’instance exécutive européenne projette d’accompagner PME et micro-entreprises dans leurs procédures administratives afin de se conformer au cadre légal. Mais aussi de protéger les salariés contre les cancers d’origine professionnelle. A cet égard, elle a annoncé l’extension du champ d’application de la directive à 7 nouvelles substances chimiques cancérigènes. Les dispositions proposées seraient adoptées dans le cadre d’une modification de la directive du 29 avril 2004 sur les agents cancérigènes et mutagènes, dite « DCM ».
Le benzopyrène dans le collimateur
Parmi ces substances, figurent en première place les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), dont le plus connu étant le benzopyrène, une huile auparavant utilisée dans des moteurs à combustion interne pour lubrifier et refroidir les pièces mobiles du moteur. Le danger résidant dans le fait que cette substance est capable de passer à travers les filtres à particules des véhicules diesel. Viennent ensuite l’épichlorhydrine que l’on utilise dans la fabrication de résines plastiques, le dibromure d’éthylène (EDB) qui servait jusqu’en 2010 en tant qu’additif pour l’essence au plomb. Comptons aussi le dichlorure d’éthylène (EDC), solvant connu pour retirer la peinture et dégraisser les métaux, le méthylènedianiline (MDA), une amine aromatique née de la fusion entre le formaldéhyde et l’aniline en présence d’acide chlorhydrique. Et enfin le trichloroéthylène (TCE), solvant pour le dégraissage des métaux et le lavage à sec des vêtements. Il faut savoir que ce n’est pas la première fois que la Commission intervient pour limiter l’exposition à des substances dangereuses. En 2016, elle avait établi une première liste de 13 agents chimiques cancérigènes dont la silice cristalline alvéolaire (SCA), minéral dur et transparent utilisé dans la construction, et particulièrement nocif pour les voies respiratoires, les composés du chrome (VI), les poussières de bois durs et l’hydrazine.
1.270 vies sauvées
L’organe exécutif européen rappelle que, depuis 2008, le nombre de travailleurs décédés à la suite d’un accident sur leur lieu de travail a fléchi de près d’un quart. Quant au pourcentage de travailleurs de l’UE ayant déclaré au moins un problème de santé causé ou aggravé par le travail, il aurait reculé de presque 10%. Suite à cet élargissement des valeurs limites, la Commission se sent optimiste : elle prévoit que 880 vies seront sauvées grâce à l’encadrement de l’utilisation des huiles, 90.000 cas de cancer ainsi que des économies en dépenses de santé comprises entre 0,3 et 1,6 milliard d’euros d’ici 2069. En ce qui concerne le trichloroéthylène, elle estime que 390 vies seront sauvées avec des économies comprises entre 118 et 430 millions d’euros par an. Souhaitons qu’elle dise vrai, sachant que 160.000 européens meurent chaque année de maladies d’origine professionnelle…
Ségolène Kahn
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