L’innovation digitale se met au service des problématiques de la santé et sécurité au travail ! En témoigne le leader européen de la Data intelligence MoveWwork, qui s’est associé au spécialiste américain des systèmes de navigation Garmin, afin de développer un outil de mesure de l’activité physiologique de certains salariés. Leur cible : les employés qui opèrent dans le secteur des multi-services. Le but étant de superviser leur activité sur le terrain, de mesurer l’intensité de leur activité physiologique afin de réduire la pénibilité.
Travailleurs en milieu isolé
Agents d’entretien, hôtesses, agents de sécurité qui font des rondes de nuit, infirmiers, brancardiers, contrôleurs qualité, intérimaires… toutes ces personnes ont pour point commun de travailler de manière isolée, en dehors des locaux de leur entreprise. Ces employés, qui travaillent à des horaires difficiles, sont là pour assurer les services essentiels au fonctionnement de notre société, à savoir nettoyer les rues, les locaux, assurer la sécurité d’un bâtiment, apporter les soins aux malades, entretenir les bâtiments publics… Et pourtant on ne les voit pour ainsi dire jamais. Et pour cause, ils travaillent en dehors des heures de pointe et même souvent la nuit. « Prenons l’exemple des brancardiers. Ils sont chargés d’amener un patient d’un bloc hospitalier à un autre. Ces personnes travaillent en rotation et doivent changer de service chaque semaine. Or la pénibilité de ces tournées ne dépend pas seulement de la durée de travail. Elle varie aussi selon les services et la difficulté du trajet à effectuer », développe Luc Bonnin, directeur des programmes R&D, et directeur associé chez MoveWork.
Mesurer l’activité physique
Du coup, le groupe européen a décidé de mesurer la pénibilité de ces tournées par des facteurs qui pourraient témoigner de l’intensité de l’effort physique du salarié. D’où son partenariat avec Garmin, lequel s’est rendu célèbre non seulement pour ses systèmes de GPS mais aussi pour ses bracelets intelligents à destination des sportifs. Ici, le concept, baptisé Dataflow, est le même que pour les grands sportifs : « Les salariés acceptant de participer à l’expérimentation reçoivent un bracelet intelligent qui va définir leur indice Met (Metabolic Equivalence Task). Doté de capteurs intelligents, d’algorithmes et d’accéléromètres, ce bracelet va mesurer le rythme cardiaque, le nombre de pas et la distance parcourue dans la journée et recouper ces informations avec l’âge, la taille et le niveau d’activité sportive de la personne afin de définir cet indice, poursuit Luc Bonnin. En France, nous possédons très peu d’informations et de chiffres sur la condition physiologique des salariés sur le terrain. Cette collaboration avec Garmin nous apporte des données objectives que nous allons confronter à nos données d’activité… »
Anticiper les risques
Une fois ces données mesurées, c’est au tour du spécialiste de la Data Intelligence de prendre le relais : « Nous allons collecter quotidiennement des informations sur les employés (moral, santé, horaires, congés ) mais aussi sur les conditions météorologiques selon une vingtaine de critères ou encore au sujet de l’intensité de l’activité d’un site, détaille Luc Bonnin. Ensuite, et à partir de nos technologies de Business intelligence et de Data Mining, nous allons mixer ces données hétérogènes qui n’ont pas à priori de rapport entre elles afin de donner du sens, trouver des liens de corrélation afin de déceler les risques d’absentéisme, de retard, d’accidentologie voire même de burn-out. » Autrement dit, ces données pourront anticiper les risques sur un salarié capable de craquer dans les six mois à venir alors qu’il ne montrait pas de signes visibles de mal-être. Et plus généralement aideront le manager à mieux connaître et gérer ses équipes. Par exemple en adaptant les horaires de travail selon la pénibilité des tâches et les conditions physiques de chacun. Le programme devrait commencer en février prochain et être appliqué sur une centaine de personnes sur plusieurs localités en France et en Espagne. A l’avenir, la solution devrait être mise en oeuvre en interne chez plusieurs grands groupes dont MoveWork n’a pas précisé les noms. Espérons que les grands comptes y verront une manière de créer un cercle vertueux. Et surtout pas une façon de se défaire des salariés les plus faibles.
Ségolène Kahn
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