Sur les 1.000 personnes qui apprennent chaque jour qu’elles ont un cancer, 400 travaillent. Peuvent-elles continuer à exercer leur activité ? Quelles sont les répercussions économiques au niveau de l’entreprise et de l’Etat ? Telles sont les questions sur lesquelles se penche le 3ème baromètre du cabinet Asterès pour l’association Cancer@work. Laquelle considère que le fait de maintenir son activité constitue une motivation déterminante sur le chemin de la guérison mais aussi un facteur d’amélioration des compétences.
Le fort impact du cancer en entreprise
Le cancer, cette épée de Damoclès qui s’abat à l’aveuglette, est une réalité qui touche directement les entreprises françaises et leurs employés. Ainsi 41% des sondés déclarent-ils connaître au moins un salarié touché par cette maladie, contre 58% dans les grands groupes. Plus triste encore, 23% des interrogés ont connu un cas de cancer dans leur équipe. D’autant que l’arrivée de la maladie multiplie par trois la probabilité de perdre son emploi. Et elle réduit de 30% les chances d’en retrouver un. Par la force des choses, cette maladie provoque des conséquences désastreuses sur la carrière des collaborateurs touchés. L’étude, qui a été réalisée auprès de 1.006 actifs dont 142 ayant eu un cancer, montre que la moitié seulement des sondés estiment que leur entreprise offre les mêmes possibilités de carrière que pour un collègue malade. En ce qui concerne ceux qui ont été touchés par le cancer, plus d’un quart d’entre eux a le sentiment de ne pas avoir réussi à retrouver véritablement sa place au sein de l’entreprise. Quant à l’impact sur l’organisation et la répartition du travail, rien de rassurant non plus : dans 53% des cas, la personne atteinte d’un cancer n’a pas été remplacée. Ce qui augmente la charge de travail pour les collaborateurs.
Les enjeux financiers
Et pourtant selon l’association, les entreprises auraient tout à gagner à permettre au salarié de se traiter tout en conservant son emploi. Au-delà de l’aspect moral, les aménagements de poste et d’horaires pourraient limiter les coûts liés à l’arrêt de travail. Ainsi, alors que les coûts s’élèvent à 9.000 euros pour un arrêt de 120 jour, la facture pourrait baisser : si l’employé travaille, même de façon partielle, l’entreprise pourrait en moyenne économiser jusqu’à 5.000 euros par salarié et par an. Mais, pour l’association, la tendance qui demeure la plus importante et dont elle est intimement persuadée, s’illustre dans le fait que la poursuite de l’activité durant le traitement permet une forme de résilience et est même un élément important sur le chemin de la guérison : 79% des personnes qui ont survécu et guéri ont ressenti des effets positifs sur leur vie professionnelle. Elles estiment à 51% avoir développé une plus grande prise de recul, une meilleure définition des priorités (41%) mais aussi avoir gagné en bienveillance, humanité et empathie (30%).
Pour aller plus loin encore, 17% constatent avoir opéré un dépassement de soi. Enfin, au niveau de la relation entre les différents membres de l’équipe, 88% d’entre eux pensent que cela a renforcé les liens dans l’équipe et le sens de l’engagement.« Au fil de ces trois années, je me suis forgée la conviction que, de la même manière que la maladie peut rendre une personne plus forte, elle peut rendre une entreprise plus performante », conclut Anne-Sophie Tuszynski, la fondatrice de Cancer@Work qui a également survécu à son cancer.
Ségolène Kahn
Commentez