Vitesse inadaptée, téléphone au volant, mauvais chargement, défaut d’arrimage… Autant d’exemples de mauvaises pratiques qui sont à l’origine des accidents routiers. Or, comme le rappelle l’Organisme professionnel de prévention du bâtiment et des travaux publics (OPPBTP), les entreprises ont intérêt à se préoccuper des risques routiers* sachant que les déplacements professionnels avec les véhicules de l’entreprise engagent la responsabilité de l’employeur. Lequel peut être condamné potentiellement pour faute inexcusable. Certains secteurs en ont pris la mesure. C’est notamment le cas du BTP où le nombre d’accidents de trajet diminue de 11 % et l’indice de fréquence est passé de 63,6 en 2014 à 61,9 en 2015. A cette même date, 4.727 accidents de trajet avec arrêt de travail ont été dénombrés contre 5.313 en 2014.
En dépit de cette amélioration, le risque routier reste la deuxième cause d’accident du travail grave et mortel derrière la chute de hauteur et la 4ème cause d’arrêt de travail. « C’est aussi la première cause d’accidents graves et mortels dans le BTP si l’on additionne les accidents de mission avec ceux relatifs aux trajet domicile-travail qui constituent les 3/4 des accidents », soulève Christophe Catheline, directeur des opérations à l’OPPBTP, l’organisme professionnel de prévention du bâtiment et des travaux publics qui regroupe 231.867 entreprises dont 177.990 de moins de 10 salariés.
Outil d’évaluation des risques routiers à télécharger
Soucieuse de développer chez les dirigeants et leurs salariés une prise de conscience du risque routier, cette organisation vient de présenter un dispositif complet de prévention. A commencer par un outil d’évaluation des risques à découvrir sur le site preventionbtp.fr. A cela s’ajoute notamment un guide pratique sur la prévention des risques routiers à télécharger gratuitement. Par ailleurs, l’OPPBTP propose des formations qui s’adressent aussi bien à l’encadrement et au chef d’équipe qu’aux compagnons. Parmi lesquelles, Prév’action risque routier (4 heures) conçue pour les opérateurs qui vont passer en revue le sujet sous forme de quizz, photos et films. Enfin, le dispositif mis au point par l’OPPBTP poursuit le partenariat avec le groupe d’assurance mutuelle SMABTP en se focalisant cette année sur l’évaluation des risques routiers professionnels liés au déplacement ainsi qu’à l’organisation du travail et des chantiers qui en découlent.
Des recommandations pour réduire le risque
« L’enjeu est d’aider les entreprises du secteur à prévenir ce risque en organisant mieux leur travail et la gestion des déplacements », explique le directeur des opérations qui émet quelques recommandations. Entre autres, il s’agit de veiller à bien arrimer le matériel au véhicule et s’assurer que la charge du véhicule ne dépasse pas sa capacité. Pour autant, il est important de ne pas avoir une approche purement technique. Un autre volet concerne la prévention humaine. Cela passe par le contrôle de l’aptitude humaine, le respect du code de la route et la mise en place d’un contrôle de la consommation d’alcool et de stupéfiants. « Au-delà de l’aspect matériel et humain, l’entreprise doit travailler sur l’organisation générale des déplacements », insiste Christophe Catheline.
Travailler sur l’organisation des déplacements
« Cette approche revient à bouleverser l’organisation de l’entreprise et de ses chantiers », poursuit cet expert en risques routiers qui recommande aussi de limiter, lorsque c’est possible, les déplacements par une meilleure organisation. Par exemple, en améliorant la préparation des besoins en matériaux et matériels et en privilégiant leur livraison par les fournisseurs, de manière à limiter le nombre de rotations sur les chantiers. « Une autre piste consiste à prévoir des nuits d’hôtel lorsque le site se trouve éloigné du domicile du salarié afin de limiter les temps de trajets et donc le risque de fatigue », recommande le directeur des opérations qui préconise enfin que les équipes soient associées au plan d’actions élaboré par l’entreprise.
Eliane Kan
Le risque routier insuffisamment pris en compte par les acteurs
Plus d’une entreprise de BTP sur deux intègre la dimension routière dans son document unique, d’après une enquête de mesure de la perception des entreprises au sujet du Document Unique d’Evaluation des Risques (DUER). Réalisée en 2016 à la demande de l’OPPBTP, cette étude a été menée par l’institut ViaVoice auprès d’un échantillon représentatif de 1.103 entreprises. Les résultats montrent toutefois que les répondants ne sont que 23% à avoir traité ce risque dans leur plan d’actions et seulement 10 % le citent comme 1er risque à prendre en compte.
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