Au Club des Directeurs de la Sécurité des Entreprises (CDSE), la question des métiers est aussi centrale que celle de la sécurité en tant que facteur de création de valeur. Ressources humaines, fiches de poste, responsabilités et acceptabilité sociales, filières industrielles, stratégies de partenariat, évaluation de la performance économique des investissements de sécurité… « Tels sont les réflexions, les actions et les indicateurs qui sont au cœur des échanges dans nos Comex, nos Codir, nos comités de direction générale au sein desquels nos directeurs de la sécurité sont de plus en plus appelés à prendre la parole », a rappelé Stéphane Volant, le président du CDSE, lors de la 25e édition de son colloque annuel, le 18 décembre dernier à Paris. Parmi les quelque 700 personnes présentes figuraient notamment cinq ministres, dont Bruno Le Maire, ministre de l’Économie et des Finances, Gérald Darmanin, ministre chargé du Budget et Christophe Castaner, ministre de l’Intérieur. Sujet du colloque : la sécurité au cœur du business.
Un thème bien choisi si l’on en croit l’étude mondiale annuelle de PwC menée auprès des dirigeants d’entreprises « 21st Annual Global CEO Survey ». En effet, l’enquête révèle que la menace terroriste est passée de la 12e place en 2017 à la 2e place en 2018 parmi leurs principales sources d’inquiétude. Les tensions géopolitiques se retrouvent, quant à elles, en 3e position, tandis que les cyber-menaces occupent désormais la 4e place des préoccupations des décideurs. Preuve que la sécurité-sûreté devient une branche clé pour les entreprises. A ce titre, 50% des entreprises interrogées mettent en place un département en charge du pilotage de la sûreté.
La sécurité au cœur du business
« Il n’est sérieusement plus envisageable d’imaginer que nous soyons dans des mondes parallèles, des mondes distincts. […] Et l’État comme les entreprises que vous représentez font face, ensemble, aux mêmes menaces et aux mêmes enjeux », insistait alors Christophe Castaner. Il plaidait d’ailleurs également pour la co-construction d’un continuum de sécurité, véritable priorité du gouvernement, entre les services de police et de gendarmerie, les élus locaux, les polices municipales, les entreprises de sécurité privée, mais aussi en impliquant les citoyens et les entreprises privées.
« C’est un volet capital de la mise en œuvre de la police de sécurité du quotidien que nous construisons au plus près du terrain et pour laquelle nous aurons besoin des uns et des autres. » Cyberattaques, menace terroriste, mouvements sociaux, violences urbaines, risques géopolitiques… Assurer la sécurité globale en entreprise réclame désormais que les métiers des directions sécurité-sûreté d’entreprise (SSE) se structurent et se consolident pour affronter des défis de plus en plus complexes. Résultat, les directions SSE « évoluent vers un positionnement d’anticipation, de prévention, de protection et de création de valeur, en véritable partenaire économique », explique Julien Marcel, secrétaire général du CDSE.
Référentiel des métiers
Ce qui réclame des profils de plus en plus spécialisés, notamment aux postes d’encadrement de la SSE. D’ailleurs, parmi les compétences clés structurant la filière, 71% des membres des directions SSE ont un niveau Master et plus, et 62% ont un double diplôme, selon une étude de la commission Carrière, Emploi, Formation du CDSE, sortie en fin d’année 2018. A cet égard, la structuration de la filière passe également par l’exigence d’une connaissance approfondie de l’entreprise, une expertise métier élevée, de solides expériences opérationnelles et transverses… Dans ces conditions, on ne s’étonnera pas que, dans 74% des cas, la direction SSE soit rattachée à la direction générale ou au secrétariat général de l’entreprise. Cependant, notons que la représentation féminine est très faible, avec 83% des emplois des directions SSE confiés à des hommes.
Pour attirer et fidéliser les futurs directrices et directeurs Sécurité-Sûreté Corporate, la filière doit donc construire des parcours de carrières et accentuer la féminisation de ses métiers. Dans cette optique, l’étude du CDSE a permis de créer un référentiel des métiers de la SSE, répartis en douze fonctions identifiées. A commencer par la gouvernance et le pilotage avec des postes de responsables SSE, directeur-directrice SSE et adjoint(e) SSE. Suivent les postes d’expertise, conseil et déploiement de la stratégie SSE en matière de gestion de crise et continuité d’activité, déplacements professionnels et mobilités internationales, intelligence-sécurité économique, protection de l’information, sécurité des systèmes d’information, sécurité des événements, lutte contre la fraude et protection des actifs matériels. A cela s’ajoutent les postes d’analyse SSE et de responsables sécurité-sûreté d’entités. « Inédit, ce référentiel peut servir à la fois aux directeurs SSE et aux entreprises privées de sécurité. A charge pour ces dernières d’intégrer tout ou partie de ce modèle », précise Julien Marcel.
Odyssée du CDSE Lab
Outre le référentiel des métiers, le CDSE compte apporter sa contribution à l’innovation dans la SSE au travers du CDSE Lab, présidé par Julien Marcel, qui organise en partenariat avec Thales et ESCP Europe Business School « L’Odysée, confiance, nouvelles technologies et sécurité », le 4 juillet prochain au Dernier Etage à Paris. A savoir une expérience d’exposition qui se manifeste sous la forme d’un parcours d’environ 1h40. Objectif : découvrir les projets et technologies (Blockchain, Cloud, intelligence artificielle, Big Data, etc.) d’une quinzaine de startups et entreprises françaises qui ambitionnent d’apporter la confiance dans les relations économiques. « Le sujet n’est pas évident, car la confiance est un état psychologique : on ne décide pas d’avoir confiance. En revanche, on décide de prendre le risque d’avoir confiance. Il n’y a pas de confiance sans risque. La confiance est un état dynamique », souligne Yannick Meiller, professeur à ESCP Europe Business School. Parmi les startups, on peut notamment citer Effency, créée il y a deux ans, qui propose le premier coach digital en intelligence collective. « Nous articulons l’intelligence collective et la confiance en nous basant sur huit traits de caractère qui construisent la bonne collaboration », détaille Frédérique Chabbert, la fondatrice de la startup.
« Avec le parcours de l’Odyssée, les visiteurs vont changer d’univers toutes les huit minutes. La visite se fait par groupes de 10 personnes. De sorte que l’expérience soit encore plus forte pour les participants, précise Julien Marcel. Cette année, nous allons proposer un espace de networking et un Escape Game autour de la cybersécurité, ainsi qu’une salle à remonter dans le temps qui permettra de redécouvrir les meilleurs projets de l’édition 2018 basée sur l’intelligence artificielle. »
Erick Haehnsen
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