Sur un marché très compétitif, les fournisseurs de systèmes de détection d’intrusion rivalisent d’ingéniosité pour faciliter l’installation de leurs systèmes et étendre leur couverture fonctionnelle. Point fort : leurs partenariats avec des sociétés de télésurveillance.
Selon l’Observatoire de la sécurité des foyers (OSF), 244 700 cambriolages de logements ont été commis France l’année dernière. Soit un cambriolage toutes les deux minutes ! Sur le seul premier trimestre 2022, on compte près de 67 000 cambriolages – en croissance de 23 % par rapport à 2021 ! Bien sûr, le plus grand nombre de cambriolages a lieu en région Île-de-France (19,3 % en hausse de 21 %), suivie d’Auvergne-Rhône-Alpes (15 %, + 14,59 %), d’Occitanie (19,9 %, + 9,52 %) et PACA (10,8 %, + 11 %). « La crise du Covid ainsi que les différents confinements et déconfinements ont engendré des flux de population inédits. Les cambrioleurs en ont fait de même puisque, dès 2021, on constate que certaines régions, jusque-là épargnées, sont désormais concernées par ce risque », mentionne l’OSF. À cet égard, les évolutions départementales sont encore plus nettement marquées. Ainsi, selon Interstats, certains départements se démarquent en 2021 avec des progressions fulgurantes. Citons la Corrèze (+ 49 %), jusqu’ici épargnée, et le Cantal (+ 33 %). « Près de 75 % des cambriolages ont lieu dans la semaine et à 86 % durant la journée. Avec une prédilection pour les mois de juillet et août ainsi que novembre et décembre. Dans 67 % des cas les occupants du logement sont absents », reprend l’OSF. D’où l’intérêt des systèmes de détection d’intrusion et d’alarme. Ajax, Agshome, Annke, Artifeel, Atlantic, Bosch, Daewoo, Delta Dore, Ectech, Elro, Kerui, Netatmo, PGST, SCS Sentinel, Scutum, Somfy, Tecpeak, Tiiwee, Yale, Yiseele… un grand nombre de fournisseurs proposent des solutions allant de quelques centaines d’euros (pour les logements) à quelques milliers d’euros.
Combiner détection d’intrusion, vidéosurveillance et IA
Encore faut-il choisir un système à la fois efficace et capable d’éviter les fausses alertes. En témoigne Scutum, spécialiste nantais de la sûreté et de la sécurité. « Nos équipes de R&D basées à Nantes ont conçu la gamme MyScutum qui combine alarme et vidéosurveillance de premier niveau au sein d’une même solution afin de répondre aux besoins de sûreté et de sécurité des particuliers et des PME », explique Cédric Williamson, directeur de l’unité business résidentielle chez Scutum qui a lancé cette année le package All in One by MyScutum. Ainsi, détecteurs, caméras, dispositifs d’alerte et smart monitoring… pas moins de quatorze produits sont-ils pilotés à distance par la même centrale. Ce n’est pas tout : l’entreprise nantaise s’appuie sur des technologies d’intelligence artificielle qui fournissent l’analyse d’image, la détection de mouvements et la caractérisation des intrusions. De quoi éviter les fausses alertes. De même, l’offre répond aux nouveaux usages mobiles. Ainsi permet-elle de visualiser en temps réel les photos et vidéos à partir d’un smartphone via l’appli MyScutum. Concernant les entreprises, dont les besoins de sécurité sont plus élevés, Scutum propose une offre premium allant de l’installation jusqu’à l’intervention sur intrusion en passant par la maintenance.
Facilité de mise en service
La protection des bâtiments et des sites isolés comme les locaux de stockage ou les bâtiments de chantiers promet de se démocratiser. D’une part avec Biosite Systems (Assa Abloy) qui dispose d’une centrale incendie pour installations éphémères, comme les chantiers de construction et l’événementiel. « Il a suffi d’une seule journée pour équiper le chantier des 26 étages de la tour Aurore à Paris-La Défense, indique Mike Walmsley, directeur commercial pour l’Europe de Biosite Systems. Par ailleurs, une alarme provenant du système de vidéosurveillance peut utiliser la sirène de notre alarme incendie. » D’autre part, citons la solution détection intrusion d’Artifeel. Cette startup française commercialise depuis cette année un boîtier tout-en-un. Connecté à une application et fonctionnant durant deux ans avec des piles longue durée, le Check’In du nom de ce dispositif innovant, se distingue par sa facilité de mise en service rapide.
En effet, il se colle simplement à la porte grâce à un double sticker super collant. Ensuite, nul besoin de paramétrer le système, d’activer un code ou le Wifi car il est autonome. Une fois installé, il va être à l’écoute des ouvertures, qu’elles soient légitimes ou non. Grâce à des algorithmes d’IA et à la présence d’un magnétomètre ainsi que d’un gyromètre, ce boîtier sait dissocier une ouverture légitime d’une tentative d’intrusion par crochetage, introduction de carte rigide, etc. Dès lors, une sirène de 85 dB va retentir ainsi qu’un message automatique pour faire fuir l’intrus. Si cela ne suffit pas, l’appareil va envoyer via une de ses trois cartes SIM une alerte au télésurveilleur qui pourra prendre la main sur le haut-parleur intégré dans le boîtier et conseiller à l’intrus de déguerpir. Autant de fonctionnalités qui conduisent une célèbre banque et un opérateur de transport à s’intéresser à ce système pour respectivement, « protéger des distributeurs de billets de banque ou des locaux isolés », indique Agnès Petit, responsable communication d’Artifeel. Pour commercialiser son produit, la startup a noué un partenariat avec plusieurs distributeurs dont Ima Protect, Itesa et Sautel. Ce dernier est en charge de télésurveiller les locaux du client dans le cadre d’un abonnement de deux ans inclus dans le prix du boîtier.
Prévenir les vols de marchandise
Souvent moins bien protégés qu’une banque, les entrepôts logistiques suscitent la convoitise des bandes organisées. Pour prévenir le vol de marchandises, certaines entreprises font appel à des prestataires spécialisés dans ce domaine. À commencer par Ivoxe, qui s’est taillé une réputation dans la télésurveillance du transport de fret sensible et rejoint depuis cette année le groupe de sécurité Scutum (près de 2 200 collaborateurs). De quoi donner de l’allant à cette PME qui compte une vingtaine de personnes dont dix-huit opérateurs. Chaque année, elle suit de 70 000 à 80 000 véhicules en mission et surveille une bonne centaine d’entrepôts.
Pour protéger ces sites, l’entreprise certifiée APSAD Type P5 a mis en place des procédures particulièrement sécurisées. Lesquelles s’appuient notamment sur des caméras thermiques durcies aux éléments naturels tels que la pluie, les reflets, et qui sont reliées en filaire à un serveur local d’analyse d’images. « Ce système de détection intrusion est plus robuste que les barrières périmétriques qui réclament une maintenance plus importante », estime Patrick Faraut, directeur général d’Ivoxe. Si le serveur local détecte une intrusion, une alerte est dépêchée au centre de télésurveillance afin qu’un opérateur effectue une levée de doute vidéo. Sachant que chaque seconde compte, cette dernière aide l’agent à repérer immédiatement la zone où se situe la détection. « Dès que la présence d’un intrus est avérée, un appel aux forces de l’ordre est effectué dans un délai de 50 sec. 1 minute 30 sec. », explique le directeur général.
Le centre d’Ivoxe est équipé d’un ensemble de logiciels délivrés par Azur Soft, spécialisée dans les solutions de sécurité unifiée. Ce qui permet au télésurveilleur de proposer des prestations de télégardiennage sans présence humaine. Avantage, en cas d’intrusion, il n’y a pas de risque qu’un agent de sécurité soit agressé. « Grâce à des caméras de type jour/nuit ceinturant le site et dont les images sont projetées 24h/24 sur un mur d’image de 4m x 3 m, nous savons repérer et suivre les intrus sur le site concerné, reprend Patrick Faraut. Ce qui nous permet de guider et indiquer l’évolution de la situation aux forces de l’ordre tout au long de leur intervention. »
Eliane Kan et Erick Haehnsen
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