Les doutes planent toujours sur le rôle que la Russie a peut-être joué durant les élections présidentielles américaines en 2016. Notamment à cause de la propagande diffusée sur les réseaux sociaux afin d’éroder la confiance des alliances occidentales. Malgré cela, il semblerait que le même modus operandi soit aujourd’hui utilisé par le Kremlin afin de peser sur les élections présidentielles françaises. En témoignent les équipes d’analystes de l’éditeur FireEye iSIGHT qui ont identifié une activité sur les réseaux sociaux, suspectée comme étant soutenue par la Russie afin de supporter les candidats d’extrême droite dans la perspective des élections nationales en France. Fantasme ou réalité ? Le point sur la question.
Une activité clairement hostile à l’Europe
Selon les équipes d’analystes qui ont observé ces comptes, l’opinion est claire : l’Union européenne et l’Organisation du traité Atlantique nord (OTAN) sont la cible numéro un. Quant à la politique de l’immigration qui a été menée, elle est devenue l’un des chevaux de bataille de ces cyber-influenceurs qui diffusent de fausses informations (Fake News) sur des crimes prétendument commis par des immigrants.
Une moindre menace ?
Que l’on se rassure, pour le moment, l’activité mesurée de ces compte dans le cadre des élections européennes (nous pensons aussi à l’Allemagne, entre autres) semble bien moins importante que durant l’élection de Donald Trump. « Bien que nous puissions supposer que ces activités augmentent à l’approche des élections concernées, étant stratégiquement conçues pour générer un maximum d’impact, précise David Grout, directeur technique chez FireEye Sud EMEA, l’étendue avec laquelle ces activités seront déployées avec succès pour ces élections dépend de la qualité des accès, s’ils existent, que des opérateurs d’intrusion seront capables d’obtenir. »
Toutes les attaques n’ont pas encore été prouvées
Une énigme reste : le 13 février 2017, le parti d’Emmanuel Macron annonçait que ses bases de données et ses boîtes de messagerie avaient été ciblées par des attaques non spécifiées. Quelques jours plus tard, le ministre français des affaires étrangères a souscrit à ces allégations, accusant Moscou d’être derrière ces attaques. Ce qui suppose que le même procédé serait en train d’être utilisé que durant les élections américaines, dans le but de capturer et de divulguer des informations sensibles. « Reste que nous ne pouvons vérifier ces affirmations », reconnaît David Grout.
Le rôle de WikiLeaks
A partir du 31 janvier 2017, WikiLeaks s’en est pris aux trois principaux candidats de l’élection présidentielle française (Emmanuel Macron, François Fillon, et Marine Le Pen ) en publiant des documents à partir de ses archives. Quoi qu’il en soit, la relation entre le sulfureux site de lancement d’alertes et le Kremlin continue susciter les interrogations : « Nous avons observé des trolls suspectés d’être pro russes retweetant les annonces de Wikileaks », ajoute le directeur technique.
La part active des médias sociaux
Lorsque l’on regarde du côté des médias sociaux russes, il n’y a pas de doutes sur la volonté d’influencer les élections françaises en faveur de l’extrême droite. « Des comptes de médias sociaux ayant précédemment promu des activités liées à des cybermenaces avant les élections américaines ont également promu des messages anti-Macron, y compris des articles diffamatoires publiés par le média Spoutnik, soutenu par le gouvernement russe », rappelle David Grout. Tandis que d’autres comptes affichent clairement leur soutien à la candidate du Front National. Quant à la recrudescence des Fake News à propos des candidats sur les réseaux sociaux, tout est là pour nous rappeler les ficelles de la propagande lors des élections américaines !
Ségolène Kahn
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