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Santé et qualité de vie au travail

Laurent Kerangueven (INRS) : « Les exosquelettes peuvent générer de nouvelles contraintes pour l’utilisateur »

Interview de Laurent Kerangueven, expert d’assistance conseil - Prévention des troubles musculosquelettiques (TMS) attaché au pôle Approche Globale des Situations de Travail (AGST) au sein du département Expertise et Conseil Technique (ECT) de l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS).

En matière d’exosquelette, quelles sont les démarches les plus matures ?

Ce sont les démarches qui placent le projet exosquelette au cœur de la prévention des troubles musculosquelettiques (TMS) de l’entreprise. L’exosquelette est alors considéré comme une réponse à un besoin en matière de prévention et non uniquement comme étant une solution innovante. Les entreprises peuvent s’entourer des compétences du service prévention de leur Carsat et de leur service de santé au travail tout en s’appuyant sur les recommandations de l’INRS.

Quelles recommandations faites-vous aux entreprises qui veulent se lancer dans une telle démarche ?

Il est utile de commencer par consulter les documents de l’INRS pour identifier les intérêts et les limites de la solution exosquelette en matière de prévention des TMS. Ensuite, nous recommandons aux entreprises d’analyser au préalable l’activité des salariés concernés et d’envisager l’ensemble des pistes de prévention qu’il serait possible de mettre en œuvre, puis de caractériser finement le besoin d’assistance physique résiduelle. Cette analyse du besoin contribuera à établir un cahier des charges qui servira de support de discussion avec les acteurs du marché. Nous encourageons les entreprises à en solliciter plusieurs fournisseurs afin de choisir la solution qui apportera la réponse la mieux adaptée à leurs besoins.

Qu’en est-il des acteurs du marché ?

Sur le marché cohabitent des concepteurs, des distributeurs et des intégrateurs. Chacun de ces acteurs a des modalités d’accompagnement qui lui sont propres. La plupart proposent à leurs clients une aide à l’identification du besoin d’assistance physique. Les futurs utilisateurs ont aussi la possibilité de tester et d’évaluer les exosquelettes retenus afin de valider leur sélection. Chacun de ses acteurs a des modalités différentes à proposer à l’entreprise en matière d’essais de leur solution.

Comment choisir son exosquelette ?

C’est la caractérisation du besoin d’assistance physique qui est ici fondamentale pour flécher la décision d’acquisition vers un modèle d’exosquelette en particulier. Chaque modèle propose en effet des performances d’assistance physique très spécifique. Nous recommandons, en outre, de tester en situation de travail les modèles d’exosquelettes retenus pour les confronter à la réalité de l’activité. Sachant que les exosquelettes peuvent générer de nouvelles contraintes pour l’utilisateur : une gêne, une nouvelle répartition des sollicitations biomécaniques… Par ailleurs, les exosquelettes peuvent ne pas être adaptés aux spécificités individuelles des salariés. Du coup, ces derniers sont susceptibles de ne pas les utiliser. Il est donc important de discuter avec les fournisseurs et les fabricants pour avoir des dispositifs réglables permettant de les adapter aux caractéristiques physiques des utilisateurs. Il est aussi important de pouvoir débrayer, activer et régler le niveau d’assistance physique selon les besoins des utilisateurs en situation réelle de travail.

L’implication des salariés facilite-t-elle l’adhésion des salariés au projet d’exosquelette ?

L’implication des salariés dans la démarche est l’occasion pour eux de parler des difficultés qu’ils rencontrent au quotidien, de contribuer à analyser l’activité de travail et à participer à la sélection des mesures de prévention. Leur implication dès le début du projet va contribuer à ce que les principaux concernés par l’utilisation de l’exosquelette adhèrent à la démarche qui leur est proposée. Durant la phase de test, l’enjeu est de les impliquer à nouveau afin qu’ils puissent donner leur avis et faire part de leur ressenti mais aussi qu’ils se familiarisent avec le dispositif qui leur est proposé.

Propos recueillis par Eliane Kan

 

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