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Aujourd'hui et demain

Sûreté et sécurité

IA, Edge et Cloud : l’avenir de la vidéo - partie 2

À l’approche des grands événements sportifs qui auront lieu en France, les acteurs de la sécurité électronique lèvent un coin du voile sur les tendances technologies fortes. À savoir l’intelligence artificielle, l’Egde Computing et le Cloud. Sans oublier la nécessité d’intégrer la cybersécurité des systèmes de sécurité. À côté de la vidéo, l’audio cherche à donner des oreilles aux caméras en misant également sur l’IA.

Coupe du monde de Rugby en 2023, Jeux olympiques et paralympiques  en 2024 (JOP-Paris)… à l’approche des grands événements sportifs qui se dérouleront en France, comment les technologies de la sécurité électronique comptent-elles relever le défi ? Dans ce contexte, l’intelligence artificielle (IA), l’Edge Computing et le Cloud Computing s’installent parmi les tendances de fond. Comment ces technologies vont-elles se déployer ?

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Christophe Meza est responsable commercial en France d’Aritech. © Agence TCA

Cybersécurité : miser sur les bons protocoles

À court et moyen termes, les donneurs d’ordres réclament déjà, dans leurs cahiers des charges, la mise en place de téléservices et d’actions à distance. « Comme les rondes vidéo, la création de badges de contrôle d’accès, notamment sur smartphone, ou les demandes d’autorisation d’accès ponctuelles, la télécommande pour mettre en service ou au contraire hors service des systèmes de sécurité électroniques, ou encore les opérations de maintenance de ces systèmes à distance », précise Christophe Meza, responsable commercial en France d’Aritech. Lors de la conférence du 29 mars dernier « Technologies de sûreté / Quelles évolutions à court, moyen et long termes ? » organisée par l’AN2V, il a invité les acteurs du secteur à intégrer la cybersécurité dans le cadre d’une architecture globale de sécurité. Il les a aussi exhorté à s’appuyer sur des solutions certifiées par l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI) ou le CNPP Cyber, en instaurant une démarche de cybersécurité « by design », et à utiliser des protocoles standards de communication de type 802.1x.

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HIKvision dispose déjà d’une caméra 4G alimentée par panneau solaire.  © HIKvision

Même soucis des standards chez HIKvision qui, outre les caméras, met de l’IA dans les capteurs connectés comme les micro détecteurs thermiques, les capteurs de comptage, les capteurs de chute, les capteurs cardiaques… « Nous misons fortement sur la cybersécurité avec des mots de passe compliqués et les protocoles sécurisés comme SSH File Transfer Protocol (SFTP), Secure Real-time Transport Protocol (SRTP), la version 3 de Simple Network Management Protocol (SNMPv3) ou la version 1.2 de Transport Layer Security (TLS 1.2). À cet égard, nous avons désactivé les protocoles à risque comme Real-Time Streaming Protocol (RTSP) et File Transfer Protocol (FTP) », souligne Laurent Scetbon, responsable d’équipe Grands comptes & projets chez HIKvision France.

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Dans deux ans, l’IA ira de pair avec l’analyse audio. © Bosch Security and Safety Systems

L’IA plus mature et plus prédictive

« Dans les deux années à venir, l’IA sera encore plus prédictive et mature. Davantage de clients seront convaincus de la nécessité d’une IA embarquée dans les équipements de sécurité. Elle deviendra même un critère clé dans les cahiers des clauses techniques particulières (CCTP). Elle ira de pair avec l’analyse audio », prévoit Thomas Wolski, expert avant-vente en solutions vidéo chez Bosch Security and Safety Systems. « L’IA sera mieux acceptée pour des usages qui vont fusionner l’analyse temps réel et l’analyse a posteriori, estime Guillaume Cazenave, cofondateur et PDG de la start-up Two-i, créée en 2017, qui emploie 30 salariés dont une vingtaine d’ingénieurs de recherche et vend ses solutions à des sites sensibles, des Centres de sécurité urbains (CSU) et des entités étatiques. Au-delà de la simple reconnaissance de formes et du tracking associé, les algorithmes d’IA vont de plus en plus caractériser des objets et des personnes. Dans cette perspective, les caméras deviendront le nouveau vecteur de la production de données pour une exploitation collaborative et multisites. »

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Pascale Demartini, pédégère de Sensivic. © Agence TCA

Vers une filière d’audioprotection

Autre tendance : l’alerte audio temps réel deviendra un prérequis pour améliorer l’efficacité de tous les systèmes de sécurité. « La détection audio est le premier maillon du temps réel dans la sécurité, pointe Pascale Demartini, pédégère de Sensivic, start-up spécialisée dans l’IA au service de l’audiosécurité créée en 2015, trophée d’or 2016 des Trophées de la sécurité, sélectionnée pour le label Grands événements (dont les JOP-Paris 2024), labellisée French Tech et bénéficiant d’un avis technique officiel de conformité RGPD. Placés dans un environnement qu’ils apprennent à connaître, les algorithmes d’IA embarqués dans nos détecteurs identifient des anormalités comme un bris de vitre, un coup de feu, une effraction par perçage, une émotion transmise par la voix, une agression verbale, des nuisances sonores… de façon anonymisée. » Détecter l’anormalité, transmettre l’alerte, analyser, lever le doute, agir… en donnant des oreilles aux caméras vidéo, l’audiosécurité fait passer la vidéo du stade de l’élucidation à celui de la protection.

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A male network server technician repairs and programmes a computer server in a university.

Transformer les données réelles en données virtuelles d’entraînement

D’ici cinq ans, Pascale Demartini espère développer une filière audio dans le sillage de la filière image. « Il faudra un cadre législatif pour l’audioprotection ainsi qu’une labellisation des systèmes pour en développer les usages. En intégrant la levée de doute sonore à la levée de doute vidéo, nous entrerons dans l’ère de l’agrégation des données pour parvenir à une réelle analyse de la situation », reprend la pédégère de Sensivic. Avec ce décloisonnement de l’IA audio et de l’IA vidéo, il sera ainsi possible de traquer le fuyard qui vient de provoquer un accident de voiture ayant fait trois blessés. Avant d’en arriver là, les éditeurs de solutions d’IA – tant pour le Cloud, les serveurs Edge que pour les caméras ou détecteurs – auront besoin d’entraîner leurs algorithmes d’intelligence artificielle avec des données fiables. Encore faut-il qu’elles soient disponibles. Sur ce terrain, l’éditeur danois Milestone Systems, associé au fabricant californien de cartes graphiques (GPU) Nvidia, veut casser les silos. « Nous allons convertir les données vidéo réelles en données vidéo virtuelles anonymisées pour les mettre à la disposition de développeurs tiers d’applications », annonce Rémy Deutschler, directeur France de Milestone Systems. De quoi réduire considérablement la mise sur le marché de nouvelles applications d’IA.

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La fusion entre l’IA embarquée et l’IA prédictive, un tremplin vers le Metaverse de la sécurité-sûreté.  © Two-i

Magasin d’applications d’IA et Metaverse de la sécurité

À cet égard, HIKvision voit l’avenir des applications d’intelligence artificielle sous la forme d’un magasin d’applications accessible dans le Cloud : « Dans moins de cinq ans, il sera possible de télécharger les algorithmes et de les installer à distance dans les périphériques. Il s’agira aussi bien de nos applications internes que de celles de nos partenaires. Bien sûr, la fiabilité et la sécurité de ces applications seront vérifiées en amont, prédit Laurent Scetbon. L’intérêt, c’est que le périphérique fasse tout : l’analyse et le stockage des images, sa propre alimentation électrique ainsi que la transmission des données pertinentes en 5G. » Pour futuriste qu’elle soit, cette vision commence à prendre corps puisque HIKvision dispose déjà d’une première caméra 4G alimentée par panneau solaire. Reste que les idées d’innovation ne manquent pas. En témoigne Guillaume Cazenave de Two-i : « La fusion entre l’IA embarquée dans les capteurs et l’IA prédictive dans la Cloud va devenir le tremplin vers le Metaverse de la sécurité-sûreté. » Qu’on se le tienne pour dit !

Erick Haehnsen

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