Réunis à Paris et à Nevers (Nièvre) durant deux jours, les ministres du numérique des États membres de l’UE se sont mobilisés ce mercredi pour soutenir l’Ukraine et renforcer la résilience de l’UE en matière de télécommunications et de cybersécurité.
Dans la continuité des discussions initiées avec le vice-premier ministre Mykhailo Fedorov ukrainien le 3 mars dernier, les ministres européens des télécommunications et du numérique – dont Cédric O, secrétaire d’État chargé de la Transition numérique et des Communications électroniques – ont échangé ce mercredi 9 mars sur l’assistance à apporter à l’Ukraine. Il s’agit notamment de permettre aux autorités d’assurer la continuité de leur action, grâce notamment à la fourniture de matériel informatique nécessaire à la poursuite d’un fonctionnement normal du gouvernement ukrainien et de maintenir les télécommunications dans le pays. La présidence française du Conseil de l’Union Européenne assurera la coordination de cet effort entre États-membres, en lien avec la Commission européenne. Ainsi les ministres ont-ils appelé les acteurs privés susceptibles de fournir ces équipements à se mobiliser dans cet objectif. Et ce, en étroite coordination avec leurs gouvernements respectifs. Conformément aux déclarations du 4 mars 2022 de la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, les ministres se sont également engagés à se tenir prêts, si de nouvelles mesures étaient envisagées.
Intensification de la lutte contre la désinformation
La lutte contre la désinformation, qui constitue déjà l’un des objectifs du projet de Digital Services Act, constitue un enjeu particulièrement pressant dans le contexte du conflit en Ukraine. Les plateformes en ligne – et notamment les réseaux sociaux – ont un rôle décisif à jouer en la matière. Les 27 ministres ont ainsi appelé les entreprises du numérique à prendre des mesures volontaires supplémentaires pour lutter contre la désinformation et la manipulation de l’information en ligne, par le biais d’une déclaration politique adoptée à l’unanimité.
Résilience des réseaux de télécommunication et la cybersécurité européenne
Les ministres ont constaté que le secteur des télécommunications était l’un des plus matures en matière de préparation à la menace cyber. Ils ont néanmoins appelé à la mobilisation de l’Organe des régulateurs européens des communications électroniques (BEREC) et de l’agence européenne chargée de la sécurité des réseaux et de l’information (ENISA) pour répertorier l’ensemble des risques pesant sur les réseaux et infrastructures de communications européens et formuler des recommandations pour renforcer leur résilience. L’augmentation récente du niveau de menace cyber, exacerbée par la situation en Ukraine, et des risques d’effets cyber au sein de l’Union européenne ont conduit les ministres à demander à ce que la coopération européenne en matière de cybersécurité soit renforcée et accélérée.
Renforcer les capacités cyber en Europe
Les échanges ont donc permis de réaffirmer l’importance d’adopter et de mettre en œuvre rapidement de la directive Network and Information Security (NIS2), afin d’assurer un niveau élevé et harmonisé de sécurité des réseaux et systèmes d’information essentiels. Les ministres ont également demandé aux autorités cyber nationales de renforcer leur coopération au niveau opérationnel et ont appelé la Commission européenne à concrétiser le Cyber Resilience Act annoncé par Ursula von der Leyen. Ils ont également approuvé la mise en place d’un fonds d’intervention pour les urgences en matière de cybersécurité. Les 27 ministres ont adopté une déclaration politique ambitieuse afin de renforcer les capacités cyber au sein de l’Union européenne détaillant chacune de ces actions.
Capacité de réaction rapide
Bref, la crise en Ukraine oblige l’Europe des 27 « à accélérer la sécurisation cyber et la résilience globale de nos systèmes et de nos réseaux. Il s’agit d’un pilier de notre souveraineté, de notre sécurité et de l’autonomie stratégique de l’Europe », estime Cédric O qui constate une « mobilisation exceptionnelle des États-membres, de la Commission et de nombreux acteurs institutionnels à Nevers prouve que nous sommes déterminés à bâtir cette cybersécurité renforcée au niveau européen. » Les engagements pris aujourd’hui démontrent également la capacité de réaction rapide de l’Union européenne et la solidarité des partenaires européens envers l’Ukraine. « Y compris en matière de numérique et de télécommunications », souligne Cédric O.
Erick Haehnsen
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