Impactée par la crise du Covid-19, la sécurité privée relève la tête

L’Insee vient de dévoiler une étude qui analyse en détail les conséquences de la crise sanitaire sur le secteur de la sécurité privée. Avec notamment une baisse de l’activité de 3,1% entre 2020 et 2021.

Alors que la crise du Covid-19 a profondément affecté l’économie, l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) vient de dévoiler une vaste étude sur le marché de la sécurité privée. L’institut de sondage y dévoile que ce secteur, modérément impacté par la crise, a subi une baisse de son chiffre d’affaires mais que le taux de marge demeure faible. 

Une croissance dynamique en 2019

L’enquête démarre sur un état des lieux précis du secteur de la sécurité privée, juste avant la crise. En 2019, la sécurité privée qui compte 5 700 entreprises bénéficie d’une activité dynamique (+ 3,6 % en moyenne annuelle entre 2010 et 2019) avec un chiffre d’affaires s’élevant à 7 milliards d’euros, soit 5,7 % de celui de l’ensemble des activités de soutien hors location. Sachant que les activités de sécurité privée représentent 73,1 % du chiffre d’affaires du secteur de la sécurité, loin devant les systèmes de sécurité (26,2 %) et les enquêtes (0,7 %). 

Des activités axées sur le gardiennage

Plus précisément, les activités des entreprises de sécurité privée correspondent principalement à du gardiennage d’immeubles d’habitation et de locaux professionnels (42 % du chiffre d’affaires), du contrôle et de la surveillance dans le cadre de l’activité d’établissements commerciaux (22 %), des transports de fonds et valeurs (9 %), du contrôle des entrées et sorties lors d’événements sportifs, de spectacles ou d’autres manifestations ou dans le cadre de l’activité d’entreprises non commerciales (9 %). 

Un repli de 3,1%

« En 2020 et début 2021, du fait de la crise sanitaire liée à la Covid-19, le chiffre d’affaires du secteur de la sécurité se replie mais moins que celui de l’ensemble des activités de soutien (– 3,1 % contre – 11,9 % en 2020) » observe l’Insee. Au premier semestre de 2021, elle reste en baisse par rapport à 2019 (– 4,9 %), un repli qui est toutefois plus faible que dans l’ensemble des activités de soutien (– 8,5 %) mais qui s’oppose à une hausse (+ 9,3 %) dans la propreté. 

Fermeture des commerces

Il faut dire que depuis mars 2020, l’activité de la sécurité privée a subi les conséquences de la crise parmi lesquelles les auteurs de l’étude citent la fermeture des commerces non-essentiels durant les trois confinements, le report des  événements culturels et sportifs ainsi que la réduction du trafic aérien. « L’intensification du recours aux paiements par carte bancaire a probablement pénalisé l’activité des transporteurs de fonds. Le recul a toutefois été atténué par l’intensification des contrôles dans les commerces alimentaires, les hôpitaux et les centres de vaccination » précise l’étude.

Une baisse d’activité pour 46 % des entreprises

Parmi les répercussions directes, pendant le premier confinement, 46 % des sociétés de dix salariés ou plus du secteur connaissent une baisse de leur activité de plus de 10 %, soit moins que dans la propreté (65 %) et l’ensemble des activités de soutien (66 %). À l’opposé, pendant cette période, 16 % des sociétés du secteur ont vu leur activité augmenter (contre 4 % dans la propreté et 5 % dans l’ensemble des activités de soutien). Pour accuser le coup, 10 % des sociétés de dix salariés ont eu recours au chômage partiel, 41 % au délai de paiement des échéances sociales et 30 % au prêt garanti par l’État.

Un redressement mi 2020

Au second semestre de 2020, l’activité se redresse de 3,9 % par rapport au premier semestre. « Elle demeure toutefois inférieure à son niveau de 2019 du fait principalement du deuxième confinement et du maintien de la fermeture des lieux culturels et de restrictions dans l’événementiel en fin d’année », précisent les auteurs. Malgré tout, durant le troisième confinement au premier semestre de 2021, l’activité diminue à nouveau de 3,7 % par rapport au second semestre de 2020. « Elle bénéficie toutefois du redémarrage progressif des foires et salons et des établissements culturels à partir du 19 mai 2021 », indique l’Insee.

Les grandes entreprises réalisent plus de la moitié du chiffre d’affaires

Quoi qu’il en soit, plus de la moitié du chiffre d’affaires (54 %) est réalisée par les grandes entreprises et les ETI. Les microentreprises ne réalisent que 13 % du chiffre d’affaires du secteur alors qu’elles représentent 78 % de ses entreprises. 

Un secteur majoritairement masculin

En 2019, sur les 134 000 personnes en équivalent temps plein qui travaillent dans la sécurité privée, on compte peu de dirigeants salariés, de cadres et de professions intermédiaires (5,0 % contre 15,6 % dans l’ensemble des activités de soutien). Les agents de sécurité représentent 84,3 % des salariés. « Du fait principalement de la faible part des cadres et des professions intermédiaires », le salaire horaire brut moyen reste faible, à savoir 13,6 euros. Enfin, les salariés du secteur sont majoritairement des hommes (87 %).

Ségolène Kahn