Selon le dernier baromètre sur l’absentéisme au travail de la mutuelle Malakoff Humanis, la part de salariés en arrêt de travail a augmenté de 30 % durant le premier semestre 2021.
Quel impact le Covid-19 a-t-il eu sur la santé des salariés français ? D’après l’étude que vient de publier la mutuelle Malakoff Humanis, menée en partenariat avec Harris Interactive, ce virus est la première cause d’arrêt maladie en entreprise. Outre les arrêts directement liés à cette pathologie, le coronavirus a également provoqué des troubles psychologiques tels que la dépression et le burn-out, suscitant un grand nombre d’arrêts de travail. Et c’est sans compter la baisse des interventions chirurgicales du fait de la crise sanitaire. Détails de cette étude au cours de laquelle 10 028 salariés du privé ont été interrogés.
Près de la moitié des arrêts maladie liés au Covid-19
Premier constat, 46% des arrêts maladie ont été provoqués par le Covid-19 entre janvier et mai 2021, avec une explosion des cas en avril (52%). Ces chiffres concernent tant les salariés atteints du coronavirus que les cas contact et ceux restant à la maison s’occuper de leur enfant. Quoi qu’il en soit, la mutuelle estime que le nombre de salariés en arrêt de travail a augmenté de 30 %.
Baisse des interventions chirurgicales
Autre fait notoire, 34 % des arrêts de travail en janvier sont liés à une raison personnelle, comme une opération chirurgicale, une maladie grave ou chronique. Or, ce taux est tombé à 24% en mai, soit une perte de dix points en cinq mois. En cause, l’annulation ou le report des interventions chirurgicales dans les hôpitaux pour faire de la place aux patients victimes du Covid-19.
Un tiers des salariés stressés
Parmi les autres motifs d’arrêt de travail les plus préoccupants, il y a « les accidents ou traumatismes (21 %) et les troubles psychologiques comme les dépressions, le stress ou encore l’épuisement professionnel », indiquent les auteurs de l’étude. En détail, 35 % des salariés interrogés se sentent stressés, « un quart disent être à bout de force et 14% reconnaissent avoir développé des habitudes addictives, avec une consommation de tabac et d’alcool plus fréquente ».
Les femmes plus sensibles
En cause, les sondés citent le manque de reconnaissance, le manque de clarté de leur rôle et de leur mission ou encore un alourdissement de la charge de travail. Et cette dégradation mentale s’avère encore plus importante dans les petites entreprises ou encore vis-à-vis des femmes. Ainsi selon l’étude, près de la moitié des interrogées pensent que la crise a un effet négatif sur leur santé mentale.
Les entreprises de taille moyenne le plus touchées
Parmi les secteurs qui ont subi de plein fouet la crise sanitaire, il faut compter le secteur de l’industrie et les entreprises de taille moyenne où les salariés ont été les plus nombreux à s’arrêter, estime la mutuelle. « Ils ont depuis le début de la crise connu plusieurs phases, ils ont dû communiquer sur la situation, réorganiser le travail, écouter les collaborateurs, prendre en charge les situations de fragilités, maintenir les collectifs de travail, organiser le retour sur site » constate Anne-Sophie Godon, directrice des services chez Malakoff Humanis.
Des managers en souffrance
Cette dernière note également une augmentation du nombre de managers en arrêt de travail. « On voyait les cadres être fatigués de la situation. On en voit les conséquences directes dans les arrêts de travail. Ils nous disent leur intention de recourir à un arrêt maladie, c’est assez significatif. »
Plus de la moitié des managers en détresse psychologique
La fatigue des managers a également été dénoncée dans une autre étude, menée par Opinion Way pour Empreinte Humaine. En décembre 2020, ce cabinet de conseil en ressources humaines s’interrogeait sur l’état psychologique des salariés français. Dans cette étude, 56 % des managers s’avouaient déjà en situation de « détresse psychologique », bien plus que les autres catégories de salariés. En témoignent les 35 % des collaborateurs qui se disaient même préoccupés par l’état moral de leur manager.
Ségolène Kahn
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