Le sentiment d’insécurité qui anime les Français a rarement été aussi élevé. En témoigne le dernier baromètre Fiducial-Odoxa. Seuls 17 % des citoyens estiment le gouvernement à la hauteur pour assurer leur sécurité.
Covid-19, décapitation de Samuel Paty, passage à tabac du jeune Youriy… la multiplication des faits divers sur fond de crise sanitaire inquiète les Français. Pour le dernier baromètre Fiducial-Odoxa, il s’agit même d’une véritable crise de confiance des Français à l’égard du gouvernement pour assurer leur sécurité. D’après l’étude, seuls 17 % jugent la place Beauvau encore apte à les protéger.
58% des Français en proie au sentiment d’insécurité
Premier constat, le sentiment d’insécurité atteint un niveau supérieur : selon le baromètre Fiducial qui a interrogé un millier de Français sur internet, il concerne 58% des sondés. Sans pour autant en blâmer les policiers qui restent majoritairement estimés avec 75 % d’opinions favorables.
Les policiers toujours appréciés
Cependant, l’étude laisse apparaître des «différences selon les âges et les niveaux de revenus» des sondés. Par exemple, parmi ceux qui apprécient le plus les policiers, figurent 87 % des plus de 65 ans et 80 % des revenus supérieurs à 3 500 euros. A l’inverse, les enquêteurs estiment que «plus les Français sont jeunes et modestes, moins l’image des policiers est positive ».
Un manque de moyens et de formation
Du coup, pour les sondés d’Odoxa, ce ne sont pas les policiers qu’il faut blâmer. Mais plutôt leur manque de moyens pour accomplir leurs missions (78 %), associé à un manque de formation (72 %). Pour aller plus loin, l’enquête montre que 52 % s’estiment même suffisamment « contrôlés et encadrés » par l’Inspection générale de la police nationale. C’est-à-dire l’IGPN, la «police des polices».
Le « Beauvau de la sécurité », une proposition appréciée
Il faut savoir que ces thèmes font partie des grands enjeux du « Beauvau de la sécurité ». Une réunion pour aplanir les relations entre policiers, gendarmes, élus et citoyens. En ce qui concerne ce rendez-vous de la sécurité, il est plutôt bien perçu par les sondés. Lesquels y voient un moyen utile (61%).
La faute à la justice ?
En revanche, « Les syndicats de policiers pointent une inefficacité du système judiciaire en matière de délinquance ». Une position à laquelle adhèrent également massivement les Français : 83 % d’entre eux jugent que « les condamnations ne sont pas suffisamment sévères ». Ou qu’elles « ne sont pas bien appliquées » (83%). En conséquence, 88 % des Français estiment la réponse pénale insuffisante pour éviter la récidive.
Plus de sécurité privée
Pour y remédier, 81 % des Français souhaitent que la sécurité privée vienne davantage en renfort des forces de police. Pointant du doigt « des lacunes dans le continuum souhaité par le gouvernement », ils considèrent à 63 % que privé et public « coopèrent assez peu ». Pour aller plus loin, 62 % se voient devenir les acteurs de la sécurité du pays en tant que citoyens.
Vers plus de contrôles sanitaires
Dans cette logique, six Français sur dix pensent qu’il faut « inciter les Français à signaler les délits, même lorsqu’ils n’en sont pas victimes ». Un point de vue motivé par l’urgence sanitaire liée à la Covid-19 et aux règles imposées. Ainsi, 31 % de nos compatriotes indiquent avoir été contrôlés dans le cadre du confinement ou du couvre-feu, la majorité (59 %) en réclame plus. Pour rappel, depuis décembre, les forces de l’ordre ont procédé à 1,8 million de contrôles et 166 596 procès-verbaux.
Ségolène Kahn
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