Les voies sur berges qui disparaissent sous les eaux boueuses de la Seine, des rues qui se transforment en rivières… La fin du mois de janvier et le début du mois de février ont été marqués par une période d’inondations impressionnantes. Une vingtaine de départements ont ainsi été touchés par les crues. Et ce n’est pas fini ! En prévision d’un nouveau débordement de la Seine, onze départements sont toujours classés en vigilance orange. Tandis que plus de 16.000 communes seraient concernées. Cet état catastrophique plaide pour une meilleure anticipation du risque. C’est du moins ce que recommande le Centre européen de prévention du risque d’inondation (Cepri) qui vient de publier un nouveau guide sur la prévention et l’anticipation des crues. Objectif : donner les outils aux communes afin d’anticiper le plus tôt possible le risque d’inondation.
La coordination des acteurs de la prévention
En France, la prévision des phénomènes susceptibles de générer des inondations repose sur la coordination de plusieurs acteurs à savoir par Météo France, les services de prévisions des crues avec le soutien du Service central d’hydrométéorologie et d’appui à la prévision des inondations (Schapi). En cas d’inondation, ce sont les mairies qui doivent intervenir les premières sur la ligne de front. Avec pour premier devoir de protéger les populations et les biens. Ce qui passe par l’obligation d’alerter, informer et, au pire, d’évacuer la population. Dans certains cas, par exemple, si le préfet n’assure pas cette fonction, la Direction des opérations de secours (Dos) en cas d’accidents provoqués par un risque naturel revient aux maires.
Une mauvaise gestion de la prévention des crues
Pour Marie-France Beaufils, présidente du Cepri et maire de Saint-Pierre-des-Corps (37), les inondations survenues en mai et juin 2016 sur les bassins de la Seine et de la Loire prouvent que de nombreux progrès restent à faire en matière de prévention et de gestion des crises. En cause, la méconnaissance des outils et de leurs limites. « L’absence de vision claire des rôles et responsabilités des acteurs impliqués dans les différentes étapes du processus, allant de la détection d’un phénomène dangereux jusqu’à la mise en alerte des gestionnaires de crise, peut s’avérer fortement pénalisantes au moment de l’inondation. »
Mieux anticiper les phénomènes
D’où l’idée du Cepri de clarifier le cadre de la prévision des crues et des inondations à travers un guide qui relate les différents dispositifs mobilisables pour mieux anticiper ces phénomènes. Plus concrètement, le guide a pour objectif de rappeler aux communes le cadre national de la prévision et de la vigilance météorologique ainsi que de la vigilance des crues en France métropolitaine et outre-mer. Il s’agit également de décrire les derniers outils développés par Météo-France et le Schapi en la matière ou encore d’évoquer différentes expériences conduites au niveau local par des collectivités territoriales dans le domaine de la surveillance des crues et des submersions marines. Dans son programme, le guide propose également des recommandations aux collectivités territoriales et aux communes afin d’exploiter au mieux les outils existants de surveillance des phénomènes hydrométéorologiques et météorologiques, des crues et des inondations.
Un plan communal de sécurité
À plus grande échelle, les communes sont depuis 2004 tenues de réaliser un Plan communal de sauvegarde (PCS) dans le cadre de la loi de modernisation de la sécurité civile. L’objectif étant de développer des outils afin de planifier et organiser la gestion du risque dans les communes. Parmi les démarches à réaliser, les maires qui sont responsables du PCS doivent recenser les risques connus, organiser la diffusion des alertes et des consignes de sécurité ou encore réaliser un Document d’information communale sur les risques majeurs (Dicrim). Tout l’intérêt de ce plan étant de prévoir une série de mesures immédiates de protection des populations et des biens en cas de catastrophe. Dans ce cadre, les maires ont la possibilité de mettre sur pieds une équipe de citoyens bénévoles qui constitueront une réserve communale de sécurité civile. Cette équipe pourra ainsi être appelée à soutenir les services municipaux et de secours.
Ségolène Kahn
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