Chaque année, il se vendrait en France 600 000 petits extincteurs auprès des particuliers et professionnels. Ces appareils sont généralement entreposés dans des bâtiments ou embarqués à bord des bus, camions, voitures, bateaux de pêche ou de plaisance. Lorsqu’ils arrivent en fin de vie, ils doivent être considérés comme des déchets diffus spécifiques (DDS). À ce titre, il faut les envoyer dans un centre de dénaturation agréé pour y être dépressurisés puis vidés. Les différents composants, corps métallique, agents extincteurs et plastiques sont alors séparés puis envoyés à des entreprises spécialisées afin d’être valorisés ou détruits conformément à la réglementation de 2012 sur les DDS. Quant à la poudre extinctrice, elle servira soit à la fabrication de nouveaux appareils soit en fertilisant agricole.
Nouvelle filière de recyclage des petits extincteurs
À la différence des extincteurs de plus de 2 kg ou 2 litres pour lesquels il existait déjà une filière de reconditionnement mise en œuvre par les professionnels du secteur de l’incendie pour les ré-éprouver, les recharger et les remettre en circulation, ce dispositif était peu développé pour les petits appareils extincteurs. Du moins jusqu’à l’arrêté du 8 décembre 2016. Lequel définit la procédure d’agrément des éco-organismes et le cahier des charges pour traiter les extincteurs et autres appareils à fonction extinctrice de capacité inférieure ou égale à 2 kilos ou 2 litres*. Un autre arrêté signé le 23 décembre 2016 a accordé son agrément jusqu’en 2020 à l’éco-organisme Récylum. Cette filière organise déjà la collecte et le recyclage des lampes, équipements électriques et électroniques professionnels de l’industrie, bâtiments, etc.
« Après la parution du cahier des charges en décembre 2016, nous avons démarré la collecte des extincteurs en janvier 2017 », nous indique Vanessa Montagne, directrice du service clients et collecte d’ESR/Récylum. Laquelle a signé des partenariats avec des organismes professionnels tels que la Fédération française des métiers de l’incendie (FFMI) et l’Alliance nationale des Intégrateurs de technologies connectées, sécurisées et pilotées (Anitec), née de la fusion entre le syndicat Sécurité, Voix, Données et Images (SVDI) et le Syndicat des intégrateurs et installateurs courant faible (S2ICF.)
Treize entreprises partenaires
Le financement de la collecte est assurée par par les fabricants et importateurs au travers d’une éco-contribution d’1,80 euros versée pour chaque petit appareil extincteur vendu. Les acteurs sont tenus de proposer à leurs clients un point de collecte pour y apporter leurs produits en fin de vie. Treize producteurs représentant plus de 80 % du marché ont d’ailleurs signé un accord collectif avec Récylum afin de lui déléguer leurs obligations. Il s’agit d’Anaf, Andrieu, Chollet, Chubb, CGS, Desautel, Dubernard, Eurofeu, Feu vert, Fichet, Isogard, Mobivia, Renault et Rot. Pour massifier la collecte, Récylum a constitué un réseau de partenaires avec 80 surfaces de bricolage, magasins d’accastillage, garages, centres automobiles, installateurs en charge de la maintenance des extincteurs. « En fin d’année, nous disposerons de 1 000 points de collecte dont 200 chez des professionnels de l’incendie », prévoit la directrice du service clients et collecte de Récylum. Ses différents partenaires accueillent dans leurs locaux des bacs conçus à cet effet. Une fois pleins, les appareils sont entreposés dans des cartons conçus spécifiquement à cet effet pour éviter qu’ils ne s’entrechoquent lors du transport. « L’an dernier, nous avons collecté 98 tonnes soit 35 000 appareils », indique Vanessa Montagne. Récylum espère ainsi porter l’effort de collecte pour cette deuxième année à 145 tonnes soit 50 000 extincteurs en fin de vie.
Eliane Kan
* Il s’agit d’appareils fixes ou portatifs contenant un agent extincteur autre que CO2 et halon et hors aérosols à fonction extinctrice.
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