Gérer les risques
Aujourd'hui et demain

Sûreté et sécurité

Ouvry contribue à la protection NRBC des équipes de secours

Créée il y a 15 ans par Ludovic Ouvry, cette PME lyonnaise a été parmi les premières à développer une garde-robe conçue pour protéger les forces armées, représentants de l'ordre, pompiers, Samu et autres intervenants contre les risques nucléaires, radiologiques, biologiques, chimiques (NRBC). Forte de son savoir-faire, elle chasse en meute en espérant réaliser 90% de son activité à l'export d'ici 10 ans.

Le 4 mars dernier, l’empoisonnement de l’ex-agent double russe Sergueï Skripal et de sa fille par un agent neurotoxique, faisait la une des médias internationaux. Vraisemblablement télépilotée par le gouvernement de Vladimir Poutine, l’attaque a été menée au moyen d’une puissante substance concoctée par des scientifiques soviétiques durant les années 1970-1980 : le Novitchok. À l’instar du sarin ou du VX, utilisés respectivement par des terroristes au Japon et par les assassins du demi-frère du dirigeant de la Corée du Nord, il s’agit d’un agent innervant qui s’attaque au système nerveux et, notamment, aux enzymes assurant les communications avec les muscles. Ce qui entraîne des spasmes, suivis d’une paralysie, puis la mort par suffocation ou arrêt cardiaque. 

Des combinaisons NRBC pour les marchés civiles et militaires 
L’attaque au Novitchok rappelle aux Européens qu’ils ne sont pas à l’abri des risques chimiques et qu’il est nécessaire de s’y préparer. Certains pays ont déjà pris la mesure de cette menace. C’est le cas notamment de la France, où les forces armées, gendarmes, pompiers et opérateurs de secours ont à leur disposition des combinaisons NRBC (nucléaire, radiologique, biologique, chimique) fournies par Ouvry, une PME française d’une vingtaine de personnes. « Nous sommes spécialisés dans la conception, le développement et la fabrication de systèmes de protection individuelle et de décontamination NRBC », indique Ludovic Ouvry, ingénieur textile et chimiste de formation. À l’occasion du 15e anniversaire de son entreprise qui compte 20 personnes, ce jeune dirigeant habituellement plutôt discret en a ouvert les portes la semaine dernière. L’occasion d’y découvrir des combinaisons, sous-vêtements, masques, gants et autres produits NRBC. 

Chasser en meute pour exporter
Dédiés aux marchés civils et militaires, ces EPI ne sont pas tous fabriqués en interne. « En revanche, nous en maîtrisons l’ensemble de la Supply Chain », fait valoir le jeune quadragénaire qui comte 450 clients dans le monde et en France. Parmi eux, l’Armée française a intégré ses combinaisons NRBC au programme Félin (Fantassin à équipements et liaisons intégrés). Citons aussi la Direction générale de l’armement (DGA), les forces spéciales de la gendarmerie nationale (GIGN), la police nationale (Raid) et la brigade de recherche et d’invervention (BRI), sans oublier les sapeurs-pompiers de Paris. Ouvry fournit également des combinaisons NRBC à la sécurité civile, au Samu et à des établissements de santé. « Nous avons été les premiers à développer une garde-robe NRBC que nous vendons en France et dans une vingtaine de pays», indique Ludovic Ouvry qui a l’habitude de chasser en meute avec les autres membres du cluster Eden, un groupement de PME de Défense, sécurité et sûreté dont il est vice-président et cofondateur. D’ici 10 ans, il espère réaliser 90% de ses activités à l’export contre 51% aujourd’hui. 

Plus de 40 000 EPI vendus
Depuis 2016, l’entreprise a ainsi vendu en France et à l’étranger quelque 22 000 équipements NRBC Félin, 15 000 équipements pour la sécurité civile et la santé et plus de 4 000 masques NRBC de protection respiratoire. Les derniers nés, baptisés O’C50, sont fabriqués dans son atelier depuis 2016, à la différence des combinaisons NRBC, conçues et développées en interne mais produites par des prestataires français. Conçues pour protéger les utilisateurs contre les risques de liquides, vapeurs et aérosols, ces tenues assurent une durée de protection qui varie selon leurs utilisateurs. Soit 24 heures pour les membres des forces armées et 12 heures pour les pompiers, gendarmes, Samu et autres primo-intervenants. Elles sont à la fois légères, respirantes et filtrantes grâce à des microbilles de carbone activé qui font barrage aux toxines.

Nouveau gant de décontamination 
Parmi ses autres produits innovants, Ouvry mise sur le succès de ses gants Dec’Pol, qui ont pour effet d’absorber par capillarité un large spectre d’agents chimiques et biologiques et de les détruire par photocatalyse. Cet EPI de décontamination d’urgence est conçu pour réduire les risques de contamination croisée en limitant au maximum la propagation du produit toxique vers d’autres personnes. Développé dans le cadre d’un dispositif Rapid (Régime d’appui pour l’innovation Duale) de la Direction générale de l’armement (DGA), il est l’aboutissement de deux ans d’études menées en partenariat avec l’Institut des sciences pharmaceutiques et biologiques de l’université Claude Bernard Lyon 1 et le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) de Grenoble. Il a pour vocation d’être utilisé par l’armée, les forces de l’ordre et les primo-intervenants. « Ce produit intéresse aussi les industries, laboratoires ou infrastructures critiques qui peuvent être confrontées à des contaminations chimiques ou biologiques », ajoute Ludovic Ouvry qui souhaite accroître son activité auprès des clients civils. Lesquels représentent aujourd’hui 30% des 5 à 10 millions d’euros de chiffre d’affaires de la société.

Eliane Kan 

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